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Articles taggés avec: del Dingo Fabrice

Configuration du dernier rivage, Michel Houellebecq (2ème recension)

, le Mercredi, 29 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Flammarion

Configuration du dernier rivage, 99 pages, avril 2013, 15 € . Ecrivain(s): Michel Houellebecq Edition: Flammarion

 

Célébré dans le monde entier, Michel Houellebecq passe pour le plus grand auteur français vivant (le plus grand auteur mort étant Bernard-Henri Lévy qui, heureusement, n’écrit pas de poésie).

Configuration du dernier rivage se compose de cinq parties, la plus belle étant certainement la quatrième : « les parages du vide » dans laquelle l’auteur raconte ses amours défuntes et qui contient quelques poèmes magnifiques.

Car – étonnant non ? – Houellebecq fait du Houellebecq. Comme dans La carte et le territoire où les pages superbes voisinaient avec les notices d’appareils électroniques ou les emprunts wikipediesques, il a dissimulé dans ses poèmes quelques belles fleurs au milieu des chardons.

Il est ainsi capable de pondre des alexandrins aboutis, parfois magnifiques mais dans le poème suivant d’infliger un treizain à ses lecteurs perplexes.

Une soirée avec le Doge

, le Mardi, 07 Mai 2013. , dans Nouvelles, La Une CED, Ecriture

 

 

Ce soir-là, mon ami Antoine avait fait une halte dans une quinzaine des meilleurs bars à vin de la ville. Je le qualifie généreusement de « mon ami » mais c’était plutôt un excellent copain qui somnolait sur les bancs de la faculté où je ne manifestais moi-même une propension à l’exubérance que lorsqu’un beau jeune homme passait. J’avais une prédilection pour ceux qui se prénommaient Thomas, cela semblera stupide mais c’est une réalité indéniable : j’ai eu plus d’aventures avec des Thomas qu’avec tous les autres prénoms réunis.

Nous ne nous étions pas vus depuis cinq ou six ans lorsque je l’avais croisé en fin d’après-midi non loin du pont de l’Accademia, à l’intersection de la calle del Pistor et de je ne sais plus quel fondamenta. Nous retrouver ainsi nez à nez dans Venise relevait du hasard le plus incroyable. Même s’il s’agit de l’une des villes qui accueillent le plus grand nombre de touristes, son dédale de rues, de chemins, de canaux et de ponts ne la prédispose pas aux rencontres fortuites. S’y retrouver quand on s’est donné un rendez-vous est parfois une épreuve. Alors sans rencart, cela tient du miracle !

Remonter la Marne, Jean-Paul Kauffmann

, le Lundi, 29 Avril 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Fayard

Remonter la Marne, mars 2013, 265 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Jean-Paul Kauffmann Edition: Fayard

 

Qu’y a-t-il de commun entre la passion du Saint-Emilion, l’arôme du cigare et l’idée baroque de remonter la Marne à pied de son embouchure jusqu’à sa source ? Jean-Paul Kauffmann !

Car cet honnête homme s’est mis en tête de suivre, à pied, la berge sur les quelque 500 kilomètres que compte cette rivière.

Enfin un livre né sous la plume d’un véritable écrivain, qui a du style, le sens de l’observation et qui se fiche pas mal de la mode.

Amie lectrice, ami lecteur, tu ne le sais pas mais la Marne recèle bien des trésors et bien des mystères. L’auteur nous en dévoile quelques uns. Ce n’est pas la Marne qui se jette dans la Seine mais la Seine qui se jette dans la Marne.

La Marne, du latin matrona, c’est la seule rivière de France qui pourrait briguer le titre de fleuve.

La maison de Salvatore

, le Mardi, 09 Avril 2013. , dans Nouvelles, La Une CED, Ecriture

 

A Venise, toutes les maisons sont numérotées. Comme les Vénitiens ambitionnent, à juste titre, de se distinguer du monde entier, la numérotation qu’ils ont adoptée est incompréhensible pour les non-initiés. Et pas seulement pour eux, les autochtones s’y perdent aussi, il paraît que même les facteurs ne s’y retrouvent pas.

Toutes sont numérotées, sauf une qui s’élève dans la Calle del Forno (1).

C’est une petite rue qui doit son nom au four à pain qui s’y trouvait jadis ; elle est située dans le Sestier Dorsoduro, celui qui est au sud de Venise, au-delà du Grand Canal, et qui englobe l’île de la Giudecca. La Calle del Forno débouche sur le Campo San Margherita (2). Quant à l’unique maison vénitienne dont la façade est demeurée vierge de tout numéro, elle est très ancienne, inhabitée et sa décoration intérieure n’a jamais été achevée. Pourquoi ? C’est une vieille histoire qui remonte au 16è siècle.

La cité des anges déchus, John Berendt

, le Vendredi, 15 Mars 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, USA

La cité des anges déchus, trad. (USA) Pierre Brévignon, Ed. L'Archipel, 390 p. 22 € . Ecrivain(s): John Berendt

 

« Attention, chute d’anges ». En exergue à son magnifique ouvrage, John Berendt prévient son lecteur en évoquant cet énigmatique panneau qu’il a vu à côté de l’église Santa Maria della Salute, avant sa restauration. Et justifie le titre de son livre.

Amoureux de la cité des doges où il est venu à plus d’une dizaine de reprises, John Berendt a débarqué à Venise au début du mois de février 1996, trois jours après l’incendie qui a ravagé l’opéra, La Fenice. Il y trouve là le prétexte pour nous faire pénétrer dans les mystères, les fastes, les ruelles et, pour finir, la déchéance de la Sérénissime.

Tandis qu’il suit les méandres de l’enquête consécutive à l’embrasement, il nous emmène au plus profond de la cité mythique et nous invite dans l’intimité de personnages pittoresques. Le poète Mario Stefani (378) qui écrit ses poèmes sur les palissades provisoires en bois et affirme que « si Venise n’avait pas de ponts, l’Europe serait une île ».