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Vivre avec un inconnu, Miettes philosophiques sur les chats, Florence Burgat (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 24 Juin 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Vivre avec un inconnu, Miettes philosophiques sur les chats, Florence Burgat, Rivages Poche, Petite bibliothèque n°866, mai 2016, 87 pages, 5,10 €

 

« […] il fallait que mes yeux fussent pour elle [la chatte Moumoutte chinoise] des yeux, c’est-à-dire des miroirs où sa petite âme cherchait anxieusement à saisir un reflet de la mienne… En vérité, ils sont effroyablement près de nous, quand on y songe, les animaux susceptibles de concevoir de telles choses… »

Pierre Loti, Le Livre de la pitié et de la mort (cité par Florence Burgat)

 

Le lecteur se pose cette question par exemple : que reste-t-il de la « petite âme » de la chatte Moumoutte ? Et la suivante : « Et de ma grande… belle… atroce ou lucide âme, que reste-t-il ? » Au moins ce témoignage de nos existences qui se croisèrent. Voilà le fond de l’affaire : nos destinées, nos personnes se croisent (que le veuillent ou non ceux pour qui il n’est aucune personne dans un animal.) Nos vies aussi : elles filent et disparaissent. Moumoutte laisse un souvenir éphémère, nous en laissons un aussi, et, rarement, une œuvre digne de ce nom…

Carnets d’un fou, XXXIX - Avril 2016, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Samedi, 18 Juin 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

« Le Dieu nommé est un masque de nous-même. À travers l’admiration que nous lui portons, c’est nous-même que nous adorons. Fascinés par notre propre grandeur, notre bonté, notre sagesse, nous ne sommes jamais qu’un Narcisse pourrissant ».

Frédérick Tristan, L’anagramme du vide

 

#. Il pleut. Il pleut. Il pleut. La moelle de mes os moisit. Mon cerveau peut-être aussi. Je ne vaux pas grand-chose – Croyez bien que je ne joue pas les faux modestes ! ̶ , bientôt je ne vaudrai plus rien. C’est bien la preuve qu’Il a une dent contre moi. Qu’Il n’existe pas. S’il existait, pourquoi serait-il méchant à ce point ?

#. Pourquoi aussi cet intérêt constant pour Dieu ? Réponse : Il faut bien en vouloir à quelqu’un. Autant que ce ne soit pas à un humain qui, c’est probable, souffre tout comme moi ?

Le 2/IV/16

Histoire du couple, Jean Claude Bologne, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 08 Juin 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Histoire du couple, Jean Claude Bologne, éd. Perrin, mars 2016, 313 pages, 21 €

 

« Qu’il réponde à un désir de fusion ou d’épanouissement personnel, qu’il se nourrisse des querelles ou du partage des expériences, qu’il rassure par la fidélité ou permette, par une transgression mesurée, de satisfaire des curiosités passagères, le couple a su s’adapter aux contradictions de la vie moderne. Plus que la forme qu’il va prendre, de la multiplication des unions légales à la synthèse du « mariage pour tous », voilà peut-être le signe le plus marquant de sa vitalité », Jean Claude Bologne

 

« Mâle et femelle furent créés à la fois »

Une étude historique bienvenue – l’oubli, une grande ignorance parfois, restant à surmonter dans le domaine de la connaissance du couple –, une étude nourrie d’une impressionnante documentation et d’anecdotes révélatrices, traversant un ample panorama européen (avec des aperçus pertinents concernant d’autres aires de civilisation), le tout rédigé dans une langue d’une élégante et parfaite clarté où l’humour et la drôlerie trouvent leur chemin. Que demander de mieux ? L’idéal est classique : à cette lecture on s’instruira autant que l’on se divertira.

Carnets d’un fou-XXXVIII - Mars 2016, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 20 Mai 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

« Art bourgeois, s’écrie M. Albert Gleizes (1) et il définit la bourgeoisie : “l’expression d’une certaine tendance humaine à jouir bestialement des réalités matérielles” », Benjamin Fondane (2)

 

# La citation d’Albert Gleizes, relayée par Benjamin Fondane, m’enchante. La bestiale jouissance est bien au cœur du bourgeois, et son matérialisme se masque de délicatesses d’habillage : lui-même, son épouse et ses filles apprennent à martyriser les pianos, visitent les expositions de peinture, vont au concert, dirigent des émissions culturelles sur la chaîne Arte, écrivent des livres sur l’art… L’alibi est parfait. Notre classe dirigeante, socialiste ou non, s’encombre encore parfois de ces alibis mystificateurs, mais de moins en moins, car plutôt fainéante et occupée d’argent.

# Moi. J’ai une culture, mais peu d’érudition. Culture ? Montée ici de bric et de broc, là de manière plus méthodique. Érudition ? Je fais ce que je peux. Je manque de patience et ne m’applique à la minutie qu’à de rares moments. M’essaie à la meilleure exactitude cependant, et à l’exercice de la raison.

Le 9/III/16

A propos d'Enfilades, Nouvelles de François Marchand, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 11 Mai 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Enfilades, Nouvelles, François Marchand, éd. du Rocher, avril 2016, 159 pages, 15,90 €

 

« Il faut se méfier des idées. Souvent, on ne s’en aperçoit pas tout de suite, mais elles se révèlent mauvaises à l’usage »

François Marchand

 

Un recueil de six nouvelles – genre plutôt dédaigné par la critique installée –, toutes sous-tendues par une pensée détachée des conformismes de l’opinion, libre donc, s’encombrant peu des dogmes de la pensée correcte et calibrée de notre temps. On ne s’étonnera pas si avec un tel bagage, son auteur, un jeune homme qui n’a pas froid aux yeux, n’est pas celui qu’on célèbrera dans l’unanimité du rire. Il le mériterait mille fois, pourtant.