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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Le secret de l’empereur, Amélie de Bourbon Parme

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 21 Novembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Le secret de l’empereur, août 2015, 320 pages, 20 € . Ecrivain(s): Amélie de Bourbon Parme Edition: Gallimard

 

« Dès le dernier hommage rendu, il prit le bras de son majordome, esquivant les ambassadeurs de Venise et de France, mais aussi les représentants des villes voisines qui voulaient lui faire leurs adieux en personne. Il avait mieux à faire. Inspecter ses horloges pour sa visite quotidienne, voir si elles avaient bien sonné l’heure de sa nouvelle vie ».

Le secret de l’empereur est le roman de la désaffection du pouvoir, de son détachement, du retrait, du renoncement de Charles Quint aux titres et au trône. En quelques mois, d’octobre 1555 à septembre 1558, c’est tout un monde qui va se dissoudre, l’Histoire qui va basculer du Palais des ducs de Brabant à Bruxelles au monastère de Yuste dans l’Estrémadure, du bruit et de la fureur au silence religieux. Renoncement à la gloire, à la guerre et au monde, renoncement aux palais et aux courtisans, aux honneurs et aux trahisons qui se nouent, aux jalousies, pour ne garder que quelques fidèles compagnons et ses horloges – Elles rythmaient des jours plus illustres, la durée d’un pouvoir universel, venu de Dieu. Les horloges et les montres seront sa grande passion et son beau mystère, comme l’art subtil de la narration est celui d’Amélie de Bourbon Parme.

Deux livres de Ernest Pignon-Ernest et André Velter

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 13 Novembre 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

Pour l’amour de l’amour, Figures de l’extase, Ernest Pignon-Ernest, André Velter, Gallimard, octobre 2015, 176 pages, 35 €

Dans la lumière déchirante de la mer, Pasolini assassiné, Ernest Pignon-Ernest, André Velter, Karin Espinosa, Actes Sud, novembre 2015, 80 pages, 25 €

 

« Elles étincellent à force d’être livides. / Elles sont au monde pour se libérer du monde. Elles souffrent d’une famine qui creuse plus que la faim. / Elles s’inventent un ciel infernal qui a un goût d’azur calciné ».

Casanova l’aventure, Alain Jaubert

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 07 Novembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Casanova l’aventure, septembre 2015, 304 pages, 20,50 € . Ecrivain(s): Alain Jaubert Edition: Gallimard

 

« Il écrit sa vie en la vivant. Son écriture, c’est sa parade quotidienne, l’entrecroisement de toutes les combinaisons, la musique des histoires. Un art de vivre polyphonique ».

« Ma vie est ma matière, ma matière est ma vie ».

Si l’histoire de Casanova est un roman, celle de ses Mémoires, baptisées l’Histoire de sa vie, le sont tout autant. Jusque dans les années soixante du siècle dernier, on ignorait que ce manuscrit en français n’attendait qu’à revivre. Histoire de ma vie se trouvait en la possession des descendants de Friedrich Arnold Brockhaus, un éditeur qui avait aussi en son temps publié Le Monde comme volonté et comme représentation d’Arthur Schopenhauer. Il a donc changé de main et de pays, et il est désormais l’heureuse propriété de la Bibliothèque Nationale de France. Des mécènes anonymes et visionnaires, comme ceux qui ont un jour aidé le vénitien, ont fait ce qu’il convient toujours de faire, pour que le manuscrit retrouve une place de choix en belle compagnie. Histoire de ma vie est désormais placé sous la protection de la BNF, où il retrouve Voltaire, et c’est heureux. Avant cette découverte exceptionnelle, les lecteurs français de l’aventurier philosophe devaient se contenter d’une douteuse traduction de l’édition allemande, d’une adaptation tout aussi trompeuse, mais désormais ce qui a été vécu, pensé et écrit par Giacomo peut être lu en français, sa langue d’adoption, la langue de l’aventure (1).

Mémoires d’outre-mer, Michaël Ferrier

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 30 Octobre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Mémoires d’outre-mer, août 2015, 352 pages, 21 € . Ecrivain(s): Michaël Ferrier Edition: Gallimard

 

« Ces gens étaient des aventuriers, des Outre-mer. Ils venaient de loin, de l’Inde, ou de l’Afrique, d’Europe ou bien de Chine, ils venaient de bien plus loin encore sur l’éperon de leur désir ; ils arrivaient de toujours, ils s’en allaient partout ».

En mémoire de Jean-Pierre B. qui n’aura pas eu le temps de le lire.

Les grands romans sont des cyclones. Ils s’annoncent par des frémissements, de légers bruissements, quelques vibrations, et par contamination romanesque, ces courants d’air chaud prennent force et vigueur, ils se lèvent comme une vague, déferlent et multiplient éclairs et éclats, et deviennent le mouvement même du roman. Mémoires d’outre-mer est un cyclone littéraire, un art du souffle, l’histoire d’un homme du vent, d’un homme volant, libre, qui survole une île et une époque, et qui se joue des trahisons de l’Histoire.

Le Goût du divin, Franck Aria

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 22 Octobre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Edilivre

Le Goût du divin, juin 2015, 118 pages, 13 € . Ecrivain(s): Franck Aria Edition: Edilivre

 

« Que vienne la grande Musique, celle dont on s’éprenne, la belle, la vraie, celle de Bach à Coltrane, de Mozart, de Stravinski, de Vivaldi à Miles, cette merveille qui chaque jour promet du jouir en combattant les peines, offre du libre à penser, éveille à la pensée et au recueillement de l’être. Un chef d’œuvre ne s’épuise jamais ».

Le Goût du divin est le livre de ce désir, désir de musique, du divin, désir d’amour, mais aussi et c’est fort heureux désir de croiser la plume, comme l’on croise le fer avec la Réforme, le Diable et ceux qui s’en réclament. Le Goût du divin chemine aux côtés d’écrivains vivants, qu’ils n’aient plus ouvertement donné signe de vie ne change rien à l’affaire, ils sont là, et bien là : Voltaire, De Maistre, Faulkner, mais aussi Dante, Pascal, tour à tour saisis par le divin et son art, qui n’est pas étranger à leur style – ce nectar de la pensée. Franck Aria est aussi un lecteur attentif de Philippe Sollers – La guerre du goût –, des scissionnistes de Ligne de Risque* et de Stéphane Zagdanski qui l’accueille parfois dans sa librairie**. Il sera donc question du religieux, du divin, de sa musique, de sa joie, et de ses divines occupations, c’est l’un des enjeux du Goût du divin, qui s’emploie également à retourner Luther, comme l’on retourne une mauvaise carte.