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Articles taggés avec: Chauché Philippe

La Revue Littéraire N°65 et L’Infini, N°137

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 11 Janvier 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Revues

La Revue Littéraire N°65, novembre/décembre 2016, Léo Scheer, 10 € L’Infini, N°137, Automne 2016, Gallimard, 20,50 €

 

« 11 heures. Entrée du Phedra (Minoan Lines) : Racine sur l’eau, en direct de Grèce. Juste derrière, la navette bleu et blanc Princess of Dubrovnik », Philippe Sollers, Automne.

« Sans écrire, je ne suis plus qu’un arbre dont le feuillage se déchire dans le vent de la nuit », Richard Millet, Journal (1991-1992).

Deux revues, deux revues littéraires que tout semble opposer, de la rive gauche à la rive droite de la Seine, dirigées par deux écrivains, Philippe Sollers et Richard Millet. Deux passions partagées pour la langue, deux regards sur le monde, qui souvent s’opposent, mais deux certitudes affichées, et hautement défendues : le style. Deux éditeurs : Gallimard et Léo Scheer. Des positions, des colères, des ruses, des stratégies, des écrivains en leur sein qui parfois s’ignorent mais avant toute chose défendent un style, une manière – la matière du roman –, et un œil, deux yeux perçants, pour voir et donc entendre une certaine musique littéraire, un art du récit, un saisissement du temps et des Temps, et au bout du compte, une éclairante alchimie littéraire.

Parmi les cendres, Manuel Arroyo-Stephens

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 03 Janvier 2017. , dans La Une Livres, Quai Voltaire (La Table Ronde), Les Livres, Critiques, Espagne, Roman

Parmi les cendres, novembre 2016, trad. espagnol Serge Mestre, 288 pages, 21 € . Ecrivain(s): Manuel Arroyo-Stephens Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

« C’est dans sa petite boutique de la ruelle de Preciados que j’avais commencé à acheter des éditions originales des poètes de la génération de 27, et des livres publiés avant la guerre civile ».

Parmi les cendres est le roman de l’Espagne, l’Espagne marquée à jamais par la guerre et la dictature. Un roman des livres – un art secret de la résistance –, des toreros, les trois Rafael, El Gallo, Ortega et de Paula, des écrivains, José Bergamín, Rafael Alberti, mais aussi Antonio Machado, Miguel de Cervantès, des libraires clandestins, des collectionneurs, des livres rares, des villes, Madrid, Saint-Sébastien, Séville, des rues et des hommes qui durant la dictature faisaient passer les livres, de mains en mains, de villes en villes, comme des chargements d’or clandestins venus du Nouveau Monde, des travailleurs de la nuit, comme l’on dit en basque des contrebandiers. Parmi les cendres est un roman familial, roman d’une trace laissée dans la cendre des disparus par une main invisible et clandestine. Parmi les cendres est aussi un roman de la mémoire, des mémoires qui surgissent, comme des fleurs d’été qui poussent sur les cendres des oubliés, le roman élégant du souvenir vivace de celles et ceux qui ont traversé le regard de l’auteur.

L’étrange questionnaire, Eric Poindron

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 14 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Albums, Les Livres, Critiques

L’étrange questionnaire… ou le livre qu’il vous faudra en partie écrire. Ou dessiner, éd. les Venterniers, novembre 2016, 108 pages, 14 € . Ecrivain(s): Eric Poindron

 

 

« 27 – Quels sont les trois écrivains les plus étranges que vous avez lus, et quel est l’écrivain le plus étrange que vous connaissiez ; et pourquoi ?

N.B. Le masque est un loup pour l’homme. Et même – et surtout ! – pour l’écrivain ».

« 25 – Vous vous endormez et passez « de l’autre côté du miroir » que se passe-t-il et que s’y passe-t-il ?

N.B. Toutefois attention, souvenez-vous des mots de Lewis Carroll “Ne soyez pas si pressée de croire tout ce qu’on vous raconte… Si vous vous efforcez de tout croire… vous deviendrez incapable de croire les vérités les plus simples” ».

Contre-attaque, Philippe Sollers, Franck Nouchi et Complots, Philippe Sollers

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 08 Décembre 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

« Manet, Cézanne, étaient des bourgeois ? Et alors ? Ces aventuriers étaient tous singuliers. Tant qu’on n’aura pas rétabli des hiérarchies, non pas sociales, mais intellectuelles et artistiques pour évaluer ce pays qu’on appelle la France, on nagera dans la bouillie. C’est d’ailleurs ce qui nous arrive » (Contre-attaque).

« Monsieur Proust a raison, il a ses raisons, il a toujours raison, c’est un appareil de haute précision à qui rien n’échappe. Céleste dit l’essentiel : “Il s’est mis hors du temps pour le retrouver” » (Complots, L’ange de Proust)

Philippe Sollers attaque sur tous les fronts. En lecteur de L’Art de la Guerre et de Clausewitz, il s’adapte, positionne sa cavalerie et son infanterie, ne craint point la retraite, sait contourner l’ennemi, trouver une brèche dans sa défense, profiter de la nuit sans lune pour finalement attaquer, et quelle attaque ! Une attaque en deux temps, et plusieurs mouvements. Il y a Contre-attaque, un livre d’entretiens avec Franck Nouchi, livre d’échanges de mots et de balles, comme l’auteur de Femmes s’y emploie souvent dans la revue Ligne de Risque avec François Meyronnis et Yannick Haenel, le bordelais monte au filet.

People Bazaar, Souvenirs d’un infiltré dans le beau monde 1950-2000, Jean-Pierre de Lucovich

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 22 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Séguier

People Bazaar, Souvenirs d’un infiltré dans le beau monde 1950-2000, octobre 2016, 592 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre de Lucovich Edition: Séguier

« Juin 1955. Je suis au coin de la rue Saint-Benoît et du boulevard Saint-Germain. J’attends. Quoi ? Tout et rien. Que va-t-il se passer ce soir ? Comment dîner ? Pourrai-je entrer au Club Saint-Germain où doit passer Art Blakey et ses Jazz Messengers ? » (Avoir vingt-ans à Saint-Germain-des-Prés).

Je me souviens de Pierre de Lucovich, toutes celles et ceux qu’il a croisés, rencontrés, interviewés, aimés, en plus de cinquante ans, pourraient-ils peut-être répondre à cette invitation, à ce réjouissant exercice littéraire. En attendant de lire leurs réponses, l’infiltré offre dans cet opus ses souvenirs, souvenirs gracieux et élégants de nuits blanches et noires de Paris et New-York, les nuits d’un « raisin aigre »*, accordées aux musiques de Miles Davis, de Bud Powell ou de Thelonious Monk. En cinquante ans, Pierre de Lucovich aura plus pour moins approché – le journalisme ressemble parfois à la chasse au lion à l’arc – Orson Welles, drapé dans sa cape noire, Paul Gégauff, brillant, provocateur, mais aussi Maurice Ronet, docteur en lucidité, ou encore Françoise Sagan, l’amie, Dalio, l’humour juif à fleur de peau, l’autodérision dans le sang, mais aussi quelques princesses, des ministres, des peintres, des chanteurs, des couturiers, tant et tant d’autres. L’élégant infiltré écrit pour Paris Match, Vogues Homme, Paris Presse, Lui, L’Express, L’Evènement du Jeudi, Harper’s Bazaar.