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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Œuvres complètes I, Roberto Bolaño (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 30 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, L'Olivier (Seuil), Roman

Œuvres complètes I, février 2020, trad. espagnol (Chili) Robert Amutio, Jean-Marie Saint-Lu, 1227 pages, 29 € (25 € jusqu’au 31 août 2020) . Ecrivain(s): Roberto Bolaño Edition: L'Olivier (Seuil)

 

« Celui qui cligne des frontières s’appelle Destin

mais moi je l’appelle Petite fille Folle.

Celle qui court très vite sur les lignes de ma main

s’appelle Destruction

mais je l’appelle Petite fille Silencieuse

Avui i sempre,

Amics ».

 

Les Editions de l’Olivier se lancent dans une étourdissante aventure éditoriale : publier l’ensemble des poèmes, des courtes histoires et des romans de Roberto Bolaño, qui doit s’achever en 2022.

Jamais la même vague, Frédéric Schiffter (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 23 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Flammarion

Jamais la même vague, janvier 2020, 268 pages, 19 € . Ecrivain(s): Frédéric Schiffter Edition: Flammarion

 

« La jubilation de surfer vient de la maîtrise durant quelques instants de la verticalité du corps sur une horizontalité ondoyante, écumante, rapide. Le surf est un rodéo debout. Il faut s’accrocher à l’air jusqu’à épuisement de la monture ».

Jamais la même vague est un roman ondoyant, écumant et vif, sorte de rodéo littéraire que livre Frédéric Schiffter avec ses personnages et les aventures romanesques et follement réelles, qui les saisissent, les renversent, les électrisent, et les tétanisent. Jamais la même vague est le roman de deux destinées qui vont se rencontrer, Alice et Boris, l’une va embrasser la vie d’un beau surfeur américain qu’aucune vague n’effraie, l’autre défendre un jeune délinquant néonazi impliqué dans la mort d’un jeune antifa lors d’une bagarre de rue entre deux bandes rivales de jeunes gens énervés, que tout oppose sauf, les poings et les insultes.

"Old M. Flood, Un récit", Joseph Mitchell et "Arrêtez de me casser les oreilles", Un recueil des récits, Joseph Mitchell - Editions du Sous-Sol (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 15 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, USA, Editions du Sous-Sol

Edition: Editions du Sous-Sol

Old M. Flood, Un récit, Joseph Mitchell, Editions du sous-sol, février 2020, trad. Lazare Bitoun, 127 pages, 16 €

« Dès qu’il arrive dans Fulton Street, le spectacle de ce pandémonium le revigore. Il rejette les épaules en arrière, renifle l’air salé et se frotte les mains. La puanteur de ces commerces de poisson n’a rien de désagréable. “Je vais vous révéler un secret très précieux, m’a-t-il dit un jour. L’odeur du marché aux poissons de Fulton Street vous guérira d’un rhume en vingt minutes. Aucun de ceux qui travaillent dans le marché n’attrape jamais de rhume. Ils ne savent tout simplement pas ce que c’est” » (Old M. Flood).

Joseph Mitchell n’est pas un chroniqueur comme un autre, il a une manière unique de saisir et de se saisir de situations, de dessiner des portraits d’hommes et de femmes croisés, dans la rue, les restaurants, les bars, les marchés (aux poissons), et de les transformer en personnages de roman par l’art du style. Joseph Mitchell saisit sur le vif ce qu’il voit, et le transforme en épopée urbaine foisonnante, entre 1944 et 1946. Old M. Flood possède cette puissance évocatrice, cette haute valeur littéraire qui rend ce récit étourdissant.

Kyoto song, Colette Fellous (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 09 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Voyages, Gallimard

Kyoto song, février 2020, 192 pages, 20 € . Ecrivain(s): Colette Fellous Edition: Gallimard

 

« Je dis tour à tour Kyoto, Japon, Kyoto song, mais ce n’est jamais le mot juste, je sais seulement que cet endroit du monde est pour moi à la fois le pays réel et le pays mental, qu’il est très fragile et qu’il pourrait d’une seconde à l’autre disparaître, comme tant d’autres choses ».

Kyoto song est le récit inspiré d’un voyage à Kyoto de l’écrivain et de sa petite fille Lisa, âgée de dix ans, curieuse, joyeuse, et attentive : « j’ai envie d’être encore une enfant pour voir le Japon ». Un voyage odorant comme des fleurs des cerisiers, vibrant au rythme des haïkus de Bashô : « Dans le chant de la cigale, rien ne dit qu’elle est près de sa fin ». Un voyage placé sous très haute protection littéraire, Paul Claudel, Roland Barthes, Sōseki ; et cinématographique, Yasujirô Ozu : « (C’est que) tous ses films n’en forment qu’un, ils sont le grand roman qu’il n’a pas écrit, mais filmé ». La voix unique de Colette Fellous vibre à chaque page de Kyoto song, comme elle vibrait lorsqu’elle proposait ses Carnets nomades sur France Culture.

Journaux, Kafka (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 02 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Langue allemande

Journaux, Kafka, Editions Nous, janvier 2020, première traduction intégrale par Robert Kahn, 840 pages, 35 € . Ecrivain(s): Franz Kafka

 

« Ma consolation est – et je vais me coucher avec elle – que je n’ai pas écrit depuis si longtemps, que donc ce fait de l’écriture ne peut pas entrer en compte pour évaluer ma situation actuelle, mais que cela devrait quand même, avec un peu de force virile, pouvoir s’arranger au moins provisoirement » (2 octobre 1911, Premier cahier).

Pour la première fois un éditeur audacieux propose la traduction intégrale des 12 cahiers qui constituent ces Journaux, écrits par Franz Kafka de 1910 à 1922. Un gros livre de plus de 800 pages, achevé d’imprimer le 17 décembre 2019, jour de la mort de Günther Anders (le 17 décembre 1992 à Vienne, auteur notamment de Kafka pour et contre, Circé, 1990), sur les presses de l’imprimerie Smilkov en Bulgarie. L’écrivain tient un journal, pour lui-même (comme pour ses autres écrits, il avait demandé à Max Brod de les détruire), journal de ce qu’il vit, ressent, rêve, voit – « Forte ondée. Mets-toi en face de la pluie, laisse les rayons d’acier te pénétrer, glisse-toi dans l’eau qui veut t’emporter, mais reste quand même, attends ainsi debout le soleil qui surgit soudainement et sans fin » –, de ce qu’il imagine.