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Articles taggés avec: Chauché Philippe

L’officier de fortune, Xavier Houssin (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Juin 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

L’officier de fortune, Xavier Houssin, février 2020, 141 pages, 15 € Edition: Grasset

« J’ai toujours cru au destin. Pour elle, j’ai été le premier. Et elle m’a dit, bien après, que j’étais resté le seul. Je ne lui avais rien caché de ma vie en France. De mon triste mariage. De mes drôles d’enfants. Avec elle, le présent devenait un temps précieux, inestimable ».

L’officier de fortune est le roman du destin d’un militaire engagé sur tous les fronts de l’ancien Empire français. Il est au Maroc, au Tonquin, en Indochine et en Algérie, on le suit, au cœur de ses missions et de son engagement dans la France Libre, il ne perdra pas de temps à soutenir le Général. C’est une guerre totale où il se donne sans compter. Il ne compte d’ailleurs jamais, il agit, c’est un homme de l’action permanente, au verbe vif et aux décisions sans appel.

Tout va très vite dans ce roman aux phrases vives et brèves, au style racé. Ce roman est celui d’un destin français, d’un destin de mari, de père et d’amoureux. L’officier raconte sa vie qui défile comme les images d’un travelling que filme une caméra embarquée dans une voiture qui roule à vive allure. L’officier de fortune fait corps avec son histoire, avec l’Histoire, avec ses combats, ses principes, ses certitudes, la perte d’une très jeune fille, mais aussi le silence de ses enfants, ses fidélités, ses infidélités guerrières, et sa passion absolue, inestimable : Jeanne, aimée, perdue de vue, puis retrouvée, quand les armes se sont tues.

Pour Genevoix, Michel Bernard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 18 Juin 2020. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Essais

Pour Genevoix, octobre 2019, 217 pages, 7,30 € . Ecrivain(s): Michel Bernard Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

« Au milieu de la forêt meusienne où disparaissait un écrivain français (le lieutenant Henri-Alban Fournier, dit Alain-Fournier) un autre naissait. Maurice Genevoix était sans superstition, mais il croyait à une sorte d’équilibre supérieur des choses du monde. La guerre y faisait un trou aveugle, puis l’univers se reformait, comme la surface de la mer ».

Nous lisons Pour Genevoix, et nous entendons Pour la langue et la mémoire, nous entendons également, Pour un certain style français, une manière d’être dans l’action, dans la terre et sur la terre, témoin de voix et de corps qui chutent. Il n’est pas surprenant que ce soit l’écrivain de Jeanne Le Bon Cœur et Le Bon Sens – Michel Bernard qui s’y soit engagé. Engagé à défendre avec style, un écrivain un peu oublié, comme le sont parfois ces autres amis de la République : Henri Bosco, Marguerite Audoux, Anatole France – Il fallait lui dire Monsieur France, comme on aurait pu dire Monsieur Espagne en s’adressant à Cervantès – Sacha Guitry –, Louis Pergaud, Alain-Fournier, Colette, Louis Hémon, Henri Pourrat, Marcel Pagnol, André Dhôtel – Ils disaient le sentiment du monde.

L’homme des grands départs, Thibault Biscarrat (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 10 Juin 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Les Vanneaux

L’homme des grands départs, juin 2020, 39 pages, 16 € . Ecrivain(s): Thibault Biscarrat  Edition: Les Vanneaux

 

« Il avance par fragments, séquences et fulgurances, psalmodiant un chant d’amour ou de désastre, c’est selon » (Patricia Boyer de Latour).

« Mon visage a la forme d’une pierre. Poussière mon corps, poussière ce que je dis.

La parole scinde le masque et l’offrande ».

L’homme des grands départs se lit et s’entend en écho au Livre de Mémoire, deux livres kabbalistiques, qui littéralement transmettent les visions de l’écrivain. Qui sait voir, sait écrire, et qui sait écrire, se doit de savoir voir. C’est le Zohar qui ouvrait Le Livre de Mémoire, comme le rappel d’une parole immortelle, ici, c’est l’Exode, dont le poète est un lecteur privilégiévous serez pour moi privilégié parmi tous les peuples, car toute la terre est à moi (1). Thibault Biscarrat est un voyant : Elle est retrouvée. Quoi ? – L’Eternité (2), et sa poésie, qui ne ressemble à aucune autre, suit pas à pas ce chemin d’Eternité, donc de liberté.

Cow-Boy, Jean-Michel Espitallier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 05 Juin 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Inculte

Cow-Boy, Jean-Michel Espitallier, janvier 2020, 132 pages, 15,90 € Edition: Inculte

 

« Il y a trop à regarder, à apprendre, à explorer, il y a trop à faire, ici. Il y a trop à vivre. Avec tout ça, pas une minute à soi pour rêvasser. De toute façon, les hommes qui s’occupent des vaches sont rarement de la catégorie des rêveurs, sauf dans les livres où il est question d’hommes qui s’occupent des vaches ».

Cow-Boy est le roman de ce regard, de cet apprentissage, de l’exploration du Nouveau Monde par Eugène, le grand-père de l’écrivain, parti aux Amériques avec son frère Louis, au début des années 1900. Des Alpes à la Californie, Eugène le Cow-Boy devient le héros du roman de son petit-fils. Jean-Michel Espitallier savait peu de choses d’Eugène, de son voyage, de son arrivée là-bas, de son travail avec les vaches, de sa vie, et de son retour tout aussi énigmatique. De tout cela, il a fait un roman éblouissant, qui donne vie à ce grand-père des ranches et des plaines.

Ils écrivent ... chez Gallimard (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 04 Juin 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

Tout est déjà dans les livres, François-Henri Désérable, Gallimard, Tracts de Crise N°7, mars 2020, 8 pages

Lumière continue, Marc Pautrel, Gallimard, Le Chemin N°10, avril 2020, 9 pages

Naufrage, Michaël Ferrier, Gallimard, Tracts de Crise N°59, avril 2020, 10 pages

En l’an 1349, Guillaume de Machaut, Tracts de Crise N°58, Gallimard, avril 2020, trad. ancien français, Jacqueline Cerquiglini-Toulet, 14 pages

La Mort cette abstraction, Catherine Cusset, Gallimard, Tracts de Crise N°61, avril 2020

 

« Ces voix doivent se faire entendre en tous lieux, comme ce fut le cas des grands « tracts de la NRF » qui parurent dans les années 1930, signés par André Gide, Jules Romains, Thomas Mann ou Jean Giono – lequel rappelait en son temps : « Nous vivons les mots quand ils sont justes » (Antoine Gallimard).