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Articles taggés avec: Ceriset Parme

Exister de vivre suivi de Bribes du dehors, Stéphane Juranics (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 26 Novembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Exister de vivre suivi de bribes du dehors, Stéphane Juranics, La Rumeur libre éditions, septembre 2025, 288 pages, 19 euros

 

Poète de la profondeur et ami du silence, doté d’un grand sens de l’observation, Stéphane Juranics, dans « Exister de vivre », affirme que « le seul sens de la vie est de chercher le sens de la vie ». Animé de cette quête, il se montre attentif à la beauté où qu’elle se trouve, là où elle se laisse cueillir. Nul besoin d’aller à l’autre bout du monde pour s’émerveiller du quotidien… Il suffit d’ouvrir son âme comme les volets d’une chambre, se laisser griser par « la houle des rideaux », par la rosée sur le corps de l’aimée, « humant l’éveil de la ville », par le « vertigineux miracle » d’un ciel étoilé.

Inlassablement, le poète « écoute ce qui ne s’entend pas », prenant ainsi « conscience de la vie jusqu'à ses moindres cellules », mais aussi, et c’est plus douloureux,  « jusqu'à ses moindres germinations de mort ».

Cette découverte s’accompagne parfois d’un sentiment de « terrifiante solitude », celle des « arbres que le vent rend seuls à jamais », mais elle est source d’inspiration, car « quelque chose nous appelle au-dehors et ne se pense qu'en nous ».

« Et maintenant ? », Bruno Mabille (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Vendredi, 21 Novembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

« Et maintenant ? », Bruno Mabille, juin 2025, 260 pages, 22 euros Ed. Jacques-Marie Laffont

 

Il arrive qu’un deuil, une séparation, le départ d’un parent, et la conjonction de plusieurs événements, bouleversent les repères et remettent en cause l’équilibre interne d’un être, qui avait mis des années à s’installer.

C’est ce qui se produit pour le narrateur de ce roman, dont l’auteur, Bruno Mabille, précise d’emblée qu’il ne s’agit pas de lui, même si « ça aurait pu … », sous-entendant peut-être qu’il partage avec le personnage principal quelques traits de personnalité. On relève en effet dès les premières pages une passion commune pour la poésie et une analogue quête de sens.

Un sentiment de profonde désorientation pousse le héros du récit à embarquer pour Dakar, à bord du « Pourquoi pas ? », à se laisser guider là où l’existence voudra bien le mener.

Dégaine, Manon Godet (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 27 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Editions du Cygne

Dégaine, Manon Godet, Editions du Cygne, mai 2024, 158 pages, 16 € Edition: Editions du Cygne

 

« Dégaine », voilà un titre qui interpelle, jaillit du langage comme une arme tranchante prête à décimer les rages pourrissantes, à chasser la nuit.

L’auteure écrit pour ne pas « finir dans un trou de mémoire », « ne pas devenir ce trou », pour construire, exorciser ce qui la hante, évincer la peur du noir. Elle sait relater avec force et pudeur la douleur des femmes blessées, en donnant vie à des personnages féminins, qui selon ses propres mots, « sont comme moi ».

Et puis il y a la résilience, rendue possible par « la métamorphose vers le “je” », les instants où l’on fait « hurler la vie », où on l’irrigue, où l’on se distancie d’un passé trop dur :

« Ça n’a pas à être réel si je ne le veux pas », dit la narratrice, offrant un écho en miroir aux mots de Boris Vian : « Cette histoire est vraie puisque que je l’ai inventée ».

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 12 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, L'Harmattan

Aurores, Résonance avec ma rivière, Françoise Sérandour, L’Harmattan, juin 2024, 86 pages, 12 € Edition: L'Harmattan

 

Hommage à la beauté du monde, baume sur la souffrance des vivants, voilà ce qui transparaît dès les premières pages de ce recueil, à travers « la coulée de lumière » des mots dans leur « trame bleue ».

« Les ailes de l’aigrette blanche / si faites de pigments naturels / reflètent naturellement la lumière / par la magie du Ciel ».

Cette vision esthétique, contemplative de la nature est, semble-t-il, un refuge, une échappatoire à la douleur indicible de la perte des êtres chers.

L’auteure compare la « Parole poétique, abandonnée aux dieux, mais révélée hors du silence », à la Parole d’Eurydice retrouvée qu’Orphée tente de remonter des Enfers grâce au pouvoir de son chant.

Dans le cas de la poète, il semblerait qu’il s’agisse, non de remonter une femme des Enfers, mais de ressusciter le souvenir d’un être cher, en l’occurrence sa mère, avec, comme « madeleine de Proust », le parfum des violettes de l’enfance.

Écarlates, Jennifer Lavallé (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 04 Juillet 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Écarlates, Jennifer Lavallé, Pierre Turcotte éditeur, mars 2024, 67 pages, 13,70 €

 

Ce recueil, qui aborde le thème difficile de l’interruption volontaire de grossesse, s’ouvre avec une immersion dans une « eau sombre éternelle » qui inonde les « couloirs vides de la souffrance ». Cet élément aquatique, qui fait écho au liquide amniotique, est gardien d’un secret : un « enfant éphémère », « oiseau chétif », fut rendu « au bleu des étoiles ». L’auteure écrit pour les « écarlates », ces femmes qui ont vécu une telle épreuve et qui choisissent d’écrire au petit être qui n’est jamais venu, « pour éliminer la peine dans les mots ».

« Je t’aime plus que je ne pourrai jamais aimer, toi qui n’auras jamais ni nom ni chagrin ». Cette décision d’avorter n’est jamais prise à la légère et elle s’accompagne d’une grande souffrance teintée de culpabilité :

« J’ai fait une croix sur toi/ tu avais l’âge de l’aurore ».