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Articles taggés avec: Ceriset Parme

Trafic, Galien Sarde (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 05 Avril 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Trafic, Galien Sarde, Editions Fables Fertiles, avril 2023, 146 pages, 17 €

 

La littérature n’est-elle pas le fil invisible qui relie par-delà les siècles les hommes et les femmes, leurs vies, leurs passions, leurs œuvres et les personnages qui les animent ? N’est-elle pas célébration de l’intemporel, de ce qui demeure au fil des générations ? N’est-elle pas l’écritoire géant de nos quêtes existentielles ? Trafic, le merveilleux livre de Galien Sarde, incarne un peu de tout cela.

Dès les premières pages, on se laisse emporter dans le tourbillon d’une fresque vivante en perpétuel mouvement, à l’image des tumultes de l’existence. Aux « accidents de trafic » (embouteillages, accidents graves, visions cauchemardesques comme ce « visage bandé respirant en réanimation »), succèdent des jeux de lumière qui contribuent à créer une ambiance poétique, onirique et envoûtante. Ainsi, Galien Sarde dépose-t-il ses mots tel un peintre par touches flamboyantes de couleurs, dans un « déluge de lumières ». Il « peint » l’air brûlant de l’appartement où vit le héros, « les rayons de soleil » qui le « flambent », le « criblent » de « lignes étincelantes ». Il recrée des ambiances, immortalise la « féerie solaire » qui règne à proximité du Mississippi, « en se mêlant à l’eau du fleuve », les « teintes charnelles, rose, rouge et or ».

Baisers soufflés, Patrick Devaux (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 02 Février 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Baisers soufflés, Patrick Devaux, Pierre Turcotte éditeur, Coll. Magma Poésie, novembre 2022, 54 pages, 13,70 €

 

Dès les premières pages de ce recueil publié dans la Collection Magma Poésie, le lecteur se laisse bercer par la poésie aérienne de Patrick Devaux. Le poète ouvre sa « main de doutes » et souffle des mots qui, portés par le vent, s’envolent vers l’horizon comme autant de baisers-oiseaux. « Veilleur d’étoiles », il se tient à l’écoute des cris émis par les souvenirs, il les « devine » sur la plage du temps, comme un promeneur attentif aux coquillages, qui avance en prenant garde de ne pas les écraser. Il sait « l’écho » dont les phrases peuvent être gardiennes. Il sait qu’on ne pourra jamais tout dire « du vent qui traverserait la mouvante chevelure du temps ». Mais il dédie des mots ailés à la « passagère de l’oubli », celle que le train de la vie a emportée.

Ces « baisers soufflés » sont émis par des lèvres qui tremblent, et ces instants fragiles ressemblent à une « pause éternelle ». Au fil des métaphores, on savoure l’essence vibrante de la mémoire ressuscitée, douce mais teintée de gravité, car, comme le dit le poète, « la poésie vit parfois de terribles moments ». Mais la « beauté » n’est jamais loin, et celle d’une gare « dépend /des /souvenirs/ oubliés/ sur/ le quai / et/ d’un baiser/ soufflé/ dans / une main ».

Monstrueuse féérie, Laurent Pépin (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 05 Janvier 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Contes

Monstrueuse féérie, Laurent Pépin, Éditions Fables Fertiles, novembre 2022, 120 pages, 16,20 €

 

« Monstrueuse féérie », voilà un titre qui ne peut laisser indifférent, tant l’oxymore dont il est porteur est déjà une excellente description de la vie humaine dans tous les contrastes qui la caractérisent. Ainsi, les « questions sans réponse » d’un petit garçon peuvent-elles ouvrir dans son esprit des « fenêtres » qui, bien plus tard, lorsqu’il sera devenu adulte, laisseront entrer des « monstres ». Comment ne pas être hanté en effet par le souvenir d’un père qui n’était présent « qu’à regret », dont le seul passe-temps était « de vider les animaux pour les empailler », d’une mère qui « par son absence » devenait « omniprésente », restant constamment alitée, occupée à la « prolifération, la duplication à l’infini des créatures remplissant son ventre, jaillissant de son corps à tout moment »…

Comment créer du sens dans un environnement mortifère où la vie est enfermée dans un « bocal d’éther », où les parents veulent tuer les enfants « pour qu’ils ne puissent pas témoigner de leur naufrage » ?

Sang de nos racines, Francis Gonnet (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 16 Novembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Editions du Cygne

Sang de nos racines, Francis Gonnet, Editions du Cygne, septembre 2022, 56 pages, 10 € Edition: Editions du Cygne

 

La poésie de Francis Gonnet offre au lecteur une approche contemplative de la nature et de la vie. Dans ce recueil, très joliment préfacé par Anne-Marielle Wilverth, le regard du poète se pose sur la neige et sa pensée rejoint les racines souterraines du réel, « les profondeurs de l’arbre » qui « touchent les lointains horizons ».

Ces racines mêlées font lien « au-delà de nous », fusionnent « en un seul fleuve », « en une seule flamme ». Elles sont un puissant ciment de soutien aux fondations de l’être et aux éléments naturels, elles sont ce qui s’accroche, ce qui empêche l’édifice de s’écrouler. Ainsi, « à flanc de montagne, aux parois limées de neige, s’accrochent les racines noueuses du jour / seules les racines résistent au glissement ».

Francis Gonnet en est convaincu, le mur tient « par les racines du soleil » et au cours de son ascension des mots, lui-même « s’adosse au vent, porté par ses racines ». Il apprécie les « neiges sans fin », le silence qui prend racine lui aussi et qui l’accompagne dans sa contemplation, là « où bat le vent », jusqu’à enfanter de nouvelles racines… Et ainsi de suite dans une série d’embranchements fractals.

Il faut peu de mots, Martine Rouhart (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mardi, 25 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Editions du Cygne

Il faut peu de mots, Martine Rouhart, Éditions Du Cygne, août 2022, 52 pages, 10 € . Ecrivain(s): Martine Rouhart Edition: Editions du Cygne

 

Dans ce très beau recueil, Martine Rouhart partage son amour des mots, ces mots qui l’accompagnent dès les premières lueurs du jour, ce « peu de mots » qu’elle réveille pour « combler l’heure vide d’avant l’aube ». Dans un style sobre et épuré, au fil des mots, elle trace un chemin de « solitude heureuse jusqu’à la mer », comme si la mer était le lieu ultime de l’épanouissement de l’être après avoir traversé, grâce à la poésie, ces « mondes endormis », enfouis au fond de l’inconscient. Les mots sont en quelque sorte des clés qui ouvrent les portes du mystère.

Et c’est « de toute son âme » que l’auteure « chante » sa façon si belle et si particulière « d’être au monde », son rapport esthétique à l’éphémère : « en marchant / j’écris des mots /sur les nuages / tant mieux / si leur trace s’efface / avec le vent ». Cette conception de l’existence n’est pas sans rappeler l’âme de la poésie asiatique de Wang Wei, pour le goût de la concision, pour le rapport à la nature et au temps. Martine Rouhart livre avec générosité et humilité des « fragments » d’elle-même, de cette poète qu’elle est devenue, de cette part d’elle qui lui « échappe » aussi.