Un été andalou, Eva Garcia (par Parme Ceriset)
Un été andalou, Eva Garcia, MVO Editions, mars 2022, 350 pages, 19 €
Le roman d’Eva Garcia est un livre solaire. Ses mots empruntent au soleil la joie des terres andalouses, la chaleur humaine et la lumière qui y règnent, mais également la brûlure, celle du deuil et de la séparation. Roman d’ancrage, plume ancrée, « encrée » aussi, dans la mer espagnole, à Malaga, dans la mère enfin, celle dont le souvenir ardent demeure comme un inaltérable joyau scintillant dans le cœur de la poète.
Dès les premières pages, on perçoit l’importance de la nature qui structure la pensée et les êtres : « mon frère, vaste comme un grand arbre » (…) « mes feuilles se détachent, le vent va m’emporter » (…).
« Je ne suis plus qu’un battement d’ailes d’oiseau sur un arbre immobile. Le ciel est sec dans ma gorge ».
Le style est fluide, authentique, l’écriture est celle d’une esthète et véhicule de belles métaphores :
« Le soleil se transforme (…) Une orange dans l’azur, une pulpe jaunie par le jour qui avance ».
« La voiture démarre et roule dans l’azur. Je m’enroule avec elle, mon âme autour des roues, la mer autour des roues ».
Mais en dépit de ces descriptions magnifiques, on perçoit une grande souffrance en toile de fond, celle du deuil, de l’absence si douloureuse de la mère tant aimée :
« Si seulement elle pouvait apparaître là, à la lisière du monde, comme un mirage secret qu’on garderait toutes les deux ».
Et toute la difficulté va être, pour la narratrice, de réussir à trouver un nouveau sens à sa vie, elle dont la place était « à côté » de sa « douce maman », et dont le rôle était de veiller sur elle.
Parfois, envahie par le chagrin, elle se sent comme « un trou béant qui marche dans la nature », mais peu à peu, épaulée par des proches et portée par son amour inconditionnel de la vie, l’auteure voit s’ouvrir devant elle un nouveau chemin : celui de l’Art et de la résilience.
« J’écris, j’écris, j’écris… Il faut très vite, telle une urgence, déposer tous ces mots sur le papier avant qu’ils ne me quittent ».
« Chaque souvenir est devenu une œuvre d’art, car elle-même pour moi, était une œuvre d’art ».
Ce livre est un magnifique message de vie, d’amour, de courage, et d’espoir. Il ne tait rien des étapes du deuil d’une mère, de l’intensité de la douleur liée à la perte, de « l’arrogance de l’air qui vient sur ma/la blessure ». Il ne tait rien non plus de la cicatrice indélébile que laisse une rupture amoureuse, surtout lorsque celle-ci survient après des années de vie commune avec l’homme aimé. Mais il est également une ode à la gaieté, à la clarté généreuse qui irradie de l’Andalousie ainsi que des êtres qui la peuplent.
On ne peut que sortir bouleversé et empli de gratitude après la lecture d’un ouvrage aussi profond et émouvant, rayonnant d’ombre et de lumière à l’image des multiples facettes d’une existence.
Parme Ceriset
Éva Garcia est née à Barcelone. Infirmière de formation et titulaire d’un Master en Littérature Espagnole, elle est membre de la Société des Poètes Français. Un été andalou est son premier roman poétique publié chez MVO Éditions.
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A propos du rédacteur
Parme Ceriset
Parme Ceriset est poète, auteure de plusieurs recueils de poésie dont « Boire la lumière à la source » (éditions du Cygne), « Femme d’eau et d’étoiles » (éditions Bleu d’encre, prix Marceline Desbordes-Valmore 2021 de la Société des Poètes Français). Elle a publié chez L’Harmattan un roman autobiographique, « Le Serment de l’espoir ».