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Théâtre

La Tragédie de l’Âne suivi de Les Farces Philosophiques, Catherine Gil Alcala

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 17 Juin 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La Tragédie de l’Âne suivi de Les Farces Philosophiques, éd. La Maison brûlée, 2016, 180 pages, 16 € . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Les hommes et les bêtes

Il faudrait sans aucun doute revenir sur la figure de l’âne, qui traverse l’histoire des hommes et celle des histoires qu’ils inventent. Empreintes mythologiques des métamorphoses : le roi Midas puni et ridiculisé, Lucius transformé malgré lui en âne ou bien sortilèges de nos contes de fées qui font d’une belle princesse une souillon revêtue d’une peau de l’animal. De tout cela se souvient Catherine Gil Alcala dans sa pièce de théâtre La Tragédie de l’Âne. Son texte traverse à la fois le monde des bêtes et celui des hommes ; ses personnages sont : roi aux oreilles d’âne décollées, reine des oiseaux, femme de l’épervier, aigle, épervier, corbeau, alouette, serpent mais aussi servantes, gardes, devin, vieille femme ou amant et homme hors jeu et enfant meurtrier. Et tous sont sur le devant de la scène tragique intemporelle, née de la Grèce. A la différence d’autres textes (ceux du théâtre/poésie), Catherine Gil Alcala retrouve une forme dramatique « classique » fondée sur trois actes découpés en scènes. C’est le destin, le fatum qui tisse les lignes de forces. Dès la scène 1 de l’acte 1, la reine des oiseaux que le roi a répudiée annonce la catastrophe à venir (p.12).

Neverland, David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 06 Mai 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espaces 34

Neverland, 2017, 55 pages, 13 € . Ecrivain(s): David Léon Edition: Espaces 34

 

« Have you seen my childhood… »

Le personnage de la psychosociologue dans la dernière pièce de David Léon, Neverland, dit de Mikaël (avatar de Michael Jackson) qu’il est une « figure mythique absolument ». Celui qui fut appelé « The king of the pop » est sans conteste une figure de légende, une star de Walk Fame, un incroyable artiste interplanétaire, un homme-enfant, un fils maltraité, un noir devenu blanc, un homme mis en accusation pour pédophilie, un défunt par overdose médicamenteuse. Le maître du ranch de Neverland, royaume de l’éternelle enfance, celle des zoos et des parcs d’attraction, pays de Peter Pan.

Michael Jackson de porcelaine pour Jeff Koons ou être difforme entre le vert et le gris pour Paul McCarthy. David Léon lui, l’écrit, le fragmente, dans le souffle d’une langue presque continue, à travers les voix de ceux qui l’approchent mais ne parviennent jamais à le saisir tout entier : le père noir, Joshua ; ses divers sosies enfants et adultes ; Jimmy, ami ou amant, et celle qui prétend expliquer scientifiquement qui il est. Mikaël quant à lui prend la parole mais dans la douleur, sa douleur.

James Joyce fuit…, Catherine Gil Alcala

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 10 Avril 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

James Joyce fuit… Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose, suivi de Les Bavardages sur la Muraille de Chine, éd. La Maison Brûlée, 2015, Théâtre/Poésie (avec des illustrations de l’auteure) . Ecrivain(s): Catherine Gil Alcala

 

Curieuses écritures, hors norme, que celles de Catherine Gil Alcala. Ou Écriture. Réécriture du Texte du Monde comme il va, quand sa barque prend l’eau. Une plume dramaturgique transfigurée par la poésie. Une danse poétique dans une mise en scène – mise en pièces – dramaturgique.

Lorsqu’un homme sait tout à coup quelque chose – Quoi ? – Quelque chose qu’il ne devrait pas savoir – Que se passe-t-il ? Qu’advient-il de son espace, de sa durée intérieure ? – Une désintégration psychique, la perte d’identité, une implosion,

« explose cristal dans la tête télépathe lourde du chaos des précognitions ».

Laissant place à l’hallucination attaquant jusqu’aux façades de la ville où Il / Lui / Horde Lui erre,

« Commotions d’émois, se cogne aux femmes glacées derrière des vitres intransparentes, s’agrippe à l’espace vide, s’appuie sur des façades s’effondrant en un fracas de rire, faciès de mascarades des villes de cinéma sous les bombes ! »

Monsieur Armand dit Garrincha suivi de Sixième solo, Serge Valletti

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 31 Mars 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Monsieur Armand dit Garrincha suivi de Sixième solo, L’Atalante, coll. La Chamaille, 2001, 126 pages . Ecrivain(s): Serge Valletti

 

« Droit au but »

J’aime Marseille ; Marseille la très vivante, la ville à part, qui en littérature, au cinéma, au théâtre, en chansons, suscite clichés nombreux à l’adresse des « estrangers » et peut-être, pour elle-même, le fondement d’une identité névrosée. De ce point de vue, Marcel Pagnol a édifié toute une mythologie, puissante parce que relayée par divers genres littéraires et leurs adaptations cinématographiques. Plus près de nous, Izzo et ses polars a repris cette vision méditerranéenne en lui greffant de nouveaux éléments politiques et sociaux.

La faconde, les expressions pittoresques, le « milieu », la French Connection, les prostituées de l’opéra et le foot constituent quelques points forts de ces écritures marseillaises, d’auteurs marseillais. Valletti se fait, pour ce texte, représentant parfait de cette veine.

L’abeille, Hideki Noda

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 22 Mars 2017. , dans Théâtre, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Japon, Espaces 34

L’abeille, 2016, trad. japonais Corinne Atlan, 64 pages, 13 € . Ecrivain(s): Hideki Noda Edition: Espaces 34

 

La vengeance de monsieur Ido

En France, nous ignorons tout ou presque du théâtre japonais contemporain : nous en restons, par goût sans doute de l’exotisme, à l’héritage du Nô et du Kabuki alors même que nous nous passionnons pour les mangas ou le cinéma nippon actuels. Sans doute serait-il nécessaire de traduire à plus large échelle des pièces récentes que des compagnies monteraient pour qu’enfin le théâtre japonais contemporain rencontre un public nombreux. Hideki Noda est un des très rares auteurs à être présent sur nos plateaux mais encore de façon modeste au regard de la vingtaine de textes qu’il a écrits.

L’abeille est inspirée d’une nouvelle de Yasutaka Tsutsui, romancier de SF, acteur connu dans son pays. La pièce date de 2006 et a été traduite en 2013.