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La Une CED

Griffes 15 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 10 Décembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Le Club des enfants perdus, Rebecca Lighieri, éd. POL, août 2024, 528 pages, 22 €

D’après une revue fort sérieuse « Le roman de la Génération Z qui fait enrager les réacs ». Passons sur l’expression « faire enrager », gentille niaiserie. Rager, ça, ça aurait eu du punch. Et sur de quelle génération sont les réacs. En fait un roman SUR la génération Z, puisque Lighieri, née en 1966, est une Génération X.

Trois monologues se suivent. Tout d’abord Papa (un X tardif, artiste, infect, ego boursouflé, caricature d’un aveuglement (de genre ? De classe ? De génération ?). Vient ensuite La Fille : ego boursouflé, clamant haut et fort (mais secrètement) sa différence difficilement visible dans une personnalité reproductible à perte de vue. Et on finira par Papa, inchangé.

PLOUF (par Sandrine-Jeanne Ferron)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 10 Décembre 2024. , dans La Une CED, Ecriture

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Des histoires ! des histoires ! raconte-moi une histoire alors voilà, imaginons que tu es un plongeur et que tu as assez d’argent pour vivre à Miami Beach. Tu es sur un bateau, avec combinaison, bouteilles, tuyaux et un petit groupe de gens que tu ne connais pas la plupart du temps mais dont tu dépends. Toi, ton truc, ce sont les épaves. Tu as passé tes paliers et tu vas plonger régulièrement à Key Largo parce qu’elles sont là-bas, parce que ce n’est pas très loin de Miami Beach. Le reste du temps, tu fais des longueurs en apnée dans ta piscine semi-olympique. Régulièrement, ça signifie une fois par mois. Key Largo, tu y restes quatre nuits, toujours le même motel en face du club de plongée et du restaurant qui porte le nom d’un poisson. Ici, le poisson est rare, on te le vend et c’est du bébé requin que tu ingères. Le menu du petit-déjeuner est américain, le déjeuner est mexicain, le soir tu es trop crevé et tu as l’estomac dans les mâchoires. À Key Largo, il y a des gueules et des histoires.

Marigold et Rose, Un récit, Louise Glück (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Décembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Marigold et Rose, Un récit, Louise Glück, Gallimard, novembre 2024, trad. anglais (États-Unis), Marie Olivier, 76 pages, 12 €

 

Partage

J’ai bu à petites gorgées le récit de Louise Glück que publient les éditions Gallimard, et je me suis enivré de cette histoire d’enfance où l’écrivaine américaine distille l’ironie, laquelle ouvre des portes vers le monde de l’intellection, permettant de réfléchir à la question de l’identité féminine, et cela avec une dose d’humour parfois. Nonobstant, le thème principal est celui du partage, de la description d’une vie clivée, d’une schize.

Et a priori la gémellité des sœurs aide grandement ce dédoublement de la parole infantile – qui n’est pas du tout ici un babil, mais une langue savante et très chantante. L’on y voit bien sûr en creux la personne de la poétesse dans son identité partagée entre son père et sa mère, et surtout mettant en lumière le lien charnel avec sa sœur Rose, l’une des jumelles.

Patchwork, Christian Ducos (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 04 Décembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Patchwork, Christian Ducos, Le Pauvre Songe Éditions, octobre 2024, 64 pages, 12 €

 

« Qu’adviendrait-il d’un oiseau en vol si par malheur il venait à prendre conscience de son état d’oiseau ? Il est probable que son vol s’en ressentirait gravement, la fine mécanique des plumes n’aurait plus la même précision, la même spontanéité d’action, d’adaptation au vent, le surplomb du gouffre durant le vol probablement se teinterait d’une sensation jusqu’alors inconnue de vertige. Expulsé de l’impensé, de l’incalculé, contraint à la pénétration brutale dans l’atmosphère de la conscience de soi, comment l’oiseau pourrait-il survivre à pareille violence ? Que resterait-il alors de la légèreté du vol, de l’innocence de l’envol ? Mais en irait-il autrement si à la place du mot oiseau on trouvait le mot poète, saint ou savant ? Comment la légèreté d’être, l’innocence créatrice pourraient-elles sans disparaître supporter pareille chute dans l’image de soi ? » (p.29).

Entretien avec François-Marie Deyrolle, à propos du livre de Fouad El-Etr, L’escalier de la rue de Seine (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Mardi, 03 Décembre 2024. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

Laurent Fassin : L’escalier de la rue de Seine, ouvrage au titre à la fois simple et énigmatique du poète, traducteur et éditeur libanais Fouad El-Etr, que publie L’Atelier Contemporain, échappe à tous les genres. Ou plutôt il crée son propre genre en jouant sur plusieurs registres : roman picaresque, mémoires d’un aventurier esthète, histoire d’une revue fondée en 1967, La Délirante, au nom inspiré par un voilier, comme un appel du grand large ou le clin d’œil des Muses (ces cahiers donneront six années plus tard naissance aux éditions éponymes) ; enfin livre d’amitiés (le dessinateur et peintre Sam Szafran y est particulièrement à l’honneur) ; l’auteur ne faisant pas aussi mystère de quelques inimitiés…

François-Marie Deyrolle : Avant tout, c’est une œuvre littéraire et un témoignage. Je ne pense pas du reste que Fouad puisse dissocier ces pages de son œuvre poétique ou romanesque (1). Tous les qualificatifs que tu viens d’utiliser sont tout à fait justes. Cela montre la richesse du livre, extrêmement ouvert dans sa forme et par son contenu.

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