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La Une CED

Tobie des marais, Sylvie Germain (par Sandrine-Jeanne Ferron)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 05 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Tobie des marais, Sylvie Germain, éditions Gallimard, 1998, 221 pages

 

Tu n’aimes pas encore si ta vue ne transgresse pas les limites du visible, si ton ouïe ne perçoit pas les changements et soupirs du silence, si tes mains ne savent pas effleurer l’autre à travers la distance, l’étreindre dans l’absence. Non, tu n’aimes pas encore.

Le temps est en arrêt et le visible en crue.

Ce sont pour des phrases comme celles-ci que ça vaut le coup de se lever le matin, peu importe ce qu’il y a sur la table. L’émotion pour que la vie soit mémorable. Les êtres. Ce texte n’est pas une note de lecture, il est un hommage. Une lettre de remerciement adressée au personnage de Déborah. L’arrière-grand-mère de l’enfant Tobie. Ce sont deux des personnages majeurs du livre de Sylvie Germain. Les êtres autour de la table.

Déborah venait de loin, loin dans le temps et dans l’espace. Elle était née avant le siècle dans un village de Galicie polonaise, et jusqu’à l’âge de dix-neuf ans elle avait vécu dans son shtetl situé en bordure d’une rivière nommée Lubaczówka.

Les cloches, Iris Murdoch (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 04 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Iles britanniques

Les cloches, Iris Murdoch, traduit de l’anglais par Jérôme Desseine, Folio, 1985, 416 pages, 11,10 euros

 

Humour, émotions, rebondissements.

 

Dora Greenfield a accepté, malgré ses inquiétudes et la mise en garde de Noël avec lequel elle a une liaison, de rejoindre son mari Paul, « résignée comme les êtres qui dans leur vie n’ont encore jamais triomphé. » Elle avait pourtant trouvé la force de quitter cet époux plus âgé qu’elle, possessif et autoritaire, installé provisoirement à l’Abbaye d’Imbert où il mène des recherches.

Là vivent, dans un château, les premiers membres d’une communauté laïque et, derrière une imposante enceinte, des religieuses cloîtrées. Michael Meade, propriétaire du domaine, et James Tayper Pace, quoique n’en ayant pas officiellement le titre, font figures de chefs auprès de Mark et Margaret Strafford, de Patchway, de Catherine et de quelques autres illuminés.

Concerto pour marées et silence, revue n°18 – 2025 Dir. Colette Klein (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 03 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Revues

Concerto pour marées et silence, revue n°18 – 2025 Dir. Colette KLEIN Poésie [228 p.] – 15 €

 

Revue au contenu de substantielle qualité que cet ouvrage rassemblant un florilège d’auteurs (pas moins de 55) contribu(ant) aux accords d’un puissant Concerto dans l’édition de son numéro 18 paru en mai 2025 ! Dans sa mise en pages originale, c’est ici la dernière page, et non la première porteuse habituelle de l’exergue, qui nous propose une citation (de Michèle Gautard), nous invitant par sa partition à relancer en boucle via le mouvement de ses poèmes et articles/notes, l’interrogation qu’il porte comme une partition musicale agrémentée de signes de renvoi et de reprise :

Que faire de toutes ces cendres qui se

griment de souvenirs éteints ?

Griffes 22 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 02 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Mon Vrai Nom est Elizabeth. Adèle Yon. Editions du Sous-sol ,400 p. 22€

Un livre intéressant. Intéressant est le mot que l’on réserve à celle ou celui que l’on ne veut pas fâcher. Parce que, quand même, il y a là beaucoup d’efforts, de travail, de soi-même.  Mais il faut reconnaître que le produit fini est un peu…gentil ? à perfectionner ? bancal ? Pourtant on trouve dans ces pages du roman familial, de l’autofiction, une charge contre l’invisibilisation des femmes, et puis aussi un survol de la psychiatrie pour les nuls (la fameuse collection). Et puis des pages qui sentent le travail universitaire. Et puis des mails, des pages super-personnelles (avec le tiret), des dialogues/ interrogations particulièrement loupés. Et puis des résumés de grands classiques, des résumés de grands films, et une kinésiologue. Tout ça aurait pu faire un livre, mais la construction est insatisfaisante, pataude. Le style varie d’un type de texte à l’autre mais ne convainc jamais.

Soudain nous ne sommes pas seuls, Paul de Brancion (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 01 Septembre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Soudain nous ne sommes pas seuls, Paul de Brancion, illustrations Liliane Klapisch, Florence Manlik, éd. de Corlevour, 80 p., 2025, 15 €

Face-à-face avec la mort

Quittons donc les œuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de lumière.

Paul, Romains, XIII, 12

J’ai lu lentement ce recueil que publie Paul de Brancion, car le poème ici est une eau rare, et il faut savoir économiser sa peine, l’acte de lire, afin de ne pas gâcher la chance d’une prière bien faite prononcée dans le cœur sourd d’une voix intérieure. La lecture se développe dans une cambrure touchant à la fois au fond de l’être humain – sa mort et son existence devant cette mort – et ses espoirs. Oui, ce recueil organise un face-à-face avec la mort et, en définitive, le poète est plus fort qu’elle, il la transcende. Nous sommes tous, quoi que nous fassions, un être devant la mort, et cela pour comprendre la vie, et là, insistant sur un stoïcisme de la pensée. Être stoïque devant l’heure dernière : la plus grande mission de l’homme.