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La Une CED

Son odeur après la pluie, Cédric Sapin-Defour (par Sandrine-Jeanne Ferron)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 21 Mars 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Son odeur après la pluie, Cédric Sapin-Defour, Éditions Poche, août 2024, 256 pages, 8,90 €

 

L’épreuve de la séparation et de sa temporalité. La douleur qui te désosse ensuite. Il te faudra ce courage. Pour aller au bout de ce tombeau littéraire. Ici, ta catharsis. Écrire serait donc cela, une énième définition au prorata du nombre d’auteurs, se déchirer pour que toi, lecteur, tu puisses approcher ton chagrin, le toucher au point de le déposer sur tes genoux ou sur une table, dans une église ou dans un verre, peu importe, quelque part. Là, où c’est visible.

Parce que tu lis dans les pages d’un autre celui qui n’est plus dans ta vie.

Les chiens parlent aux hommes.

Et les hommes ont oublié la nature de leur langage. La lecture sur les peaux, la façon dont les émotions cartonnent les visages, les pensées ensuite qui se meuvent sur elles. Des figures aux gueules. Ils ont oublié qu’accepter de mourir, c’est accepter d’aimer et réciproquement. Eux, non. Nul besoin de les aimer, les chiens, de les avoir connus, pour parcourir ce chemin de croix dont tu connais la fin. Lire la mort en trois parties.

Rencontre épistolaire avec Laurent Jouvet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 20 Mars 2025. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

180 sermons de Maître Eckhart, Almora Editions, 2022, 1512 p. 45 €

Nouvelle traduction de l’intégrale de :

180 sermons de Maître Eckhart, Johannes Eckhart, Almora Editions, 2022, 1512 pages, 45 €

Ce livre est un évènement car il nous offre une nouvelle lecture des sermons du moine dominicain allemand (1260-1326) qui révèle la force naturelle de ses sermons, leur profondeur spirituelle, sa langue inspirée est d’une grande liberté.

« Les maîtres disent que lorsque le grain de blé meurt,

il perd sa forme, son aspect et son être.

Dans la mesure où le blé redevient minéral,

il n’est plus que capacité à recevoir.

C’est ainsi que l’âme doit mourir

pour pouvoir être capable de recevoir une autre nature.

Et pourtant, Pierre Dhainaut (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 18 Mars 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Arfuyen

Et pourtant, Pierre Dhainaut, Arfuyen, janvier 2025, 140 pages, 15 €

 

Cercle du temps

Le dernier recueil de poésie de Pierre Dhainaut mène à un travail de réflexion, de question ouverte, d’interrogations sur le chant (et sur le champ) du poème. C’est ainsi que le temps devient une délibération primordiale. Quel est donc le sens de la durée, est-elle linéaire ? Procède-t-elle par cycle ? Existe-t-il un éternel retour, où aboutit-il ? Devons-nous faire confiance à la théorie de la relativité ? Et en fin de compte pourquoi vivre ou survivre ?

Peut-être la métaphore de la neige (métaphore filée dans l’ensemble du texte) nous découvre-t-elle un secret, le sens d’un mystère. Car la neige est sujette, comme la vie, à la brièveté, au silence, à l’extraordinaire diversité de la composition de chaque flocon, jamais le même. Chaque instant donc ne ressemble qu’à lui-même. Et cette effloraison de cristaux aqueux ressemble bien à la condition précaire de nos existences.

Le rêve du jaguar, Miguel Bonnefoy (par Sandrine-Jeanne Ferron)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 13 Mars 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Le rêve du jaguar, Miguel Bonnefoy, éditions Payot-Rivages, 2024, 294 pages, 20,90 €

 

Amis écrivains (s’il vous plaît, restons neutre), nous vous en conjurons !

Désécrivez !

Épargnez-nous, pauvres lecteurs que nous sommes.

Les mines antipersonnel du terrain littéraire.

Les écueils de la nouvelle narration.

Les apparats.

Et rendez grâce aux histoires.

Les mains dans le réel, sans se justifier de le manier pour le rendre intangible, Miguel Bonnefoy n’est d’aucune école, hormis peut-être celle du réalisme magique. L’art du conte et le foisonnement des images.

Le Rêve d’un langage commun, Adrienne Rich (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 12 Mars 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Le Rêve d’un langage commun, Adrienne Rich, L’Arche Éditeur, janvier 2025, trad. anglais, Shira Abramovitch, Lénaig Cariou, 176 pages, 19 €

 

Une poétique au féminin

Cet ouvrage bilingue, au titre éloquent, Le Rêve d’un langage commun (The Dream of a Common Language), présente des poèmes d’Adrienne Rich, hérités du spoken word, une technique de poésie à voix haute, réunissant « la poésie et le politique », c’est-à-dire une prise de parole active, parole « de droit, la parole vive, qui devient action par son incantation » (Claire Stavaux). Les poèmes d’Adrienne Rich, née en 1929 à Baltimore et décédée en 2012 à Santa Cruz, poétesse, essayiste, critique littéraire, professeure d’université et théoricienne féministe, sont d’une beauté saisissante. Fin 1953, elle épouse un économiste, Alfred H. Conrad avec lequel elle aura trois enfants. L’un de ses essais les plus célèbres, Compulsory Heterosexuality and Lesbian Existence (La Contrainte de l’hétérosexualité et l’existence lesbienne), expose sa théorie du « continuum lesbien » contre l’hétérosexisme, essai qui a eu un fort retentissement au sein de la pensée féministe – essai souvent comparé à La Pensée Straight de Monique Wittig.