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La Une CED

Les deux tilleuls, Francis Grembert (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Jeudi, 16 Octobre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Les deux tilleuls, Francis Grembert, éd arléa, 103 pp, 18 €

 

 

Le frère qui a un frère


On le dit et on le lit que la rentrée sature en livres de deuil.

Et alors ? Le deuil est de toutes les saisons, de toutes les rentrées et de tout temps, car il est une matière, un mix biochimique, bref, rien de plus humain. Donc romanesque. Il pousse, le deuil, celui qui le vit aux acmés de lui-même. Le deuil fore l’absence de sens et surtout l’apnée du vocabulaire.

Ici les éteules, une becque, la drève, voilà des mots que l’on comprend en lisant.

A propos de Bricolage(s) de Camille Révol, trois questions écrites à Jean- Michel Martinez directeur et fondateur des Editions Louise Bottu (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 15 Octobre 2025. , dans La Une CED, Entretiens

 

Philippe Chauché – La Cause Littéraire : à la une de votre catalogue

sur le site de votre maison d’édition, vous faites figurer cette citation de

Nietzsche : « L’auteur doit céder sa place à son œuvre ». Camille Révol

est l’auteur annoncé de Bricolage(s), mais existe-t-il vraiment ? ou cache-

t-il un autre nom, celui du véritable auteur du livre, qui dissimule son

identité réelle ? On connaît le cas d’auteurs qui ont pris des noms

d’emprunt différents pour plusieurs de leurs livres. Trouve-t-on aux

éditions Louise Bottu un ou plusieurs auteurs qui signent de pseudonymes

différents leurs livres ?

Éloge du livre et autres textes sur la littérature et les œuvres de l’esprit, Stefan Zweig (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 15 Octobre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Éloge du livre et autres textes sur la littérature et les œuvres de l’esprit, Stefan Zweig (1920-1940), Paris, Archipoche, 2025, 192 pages, 12 €.

 

Stefan Zweig fut un homme du monde d’avant, c’est-à-dire – à Vienne ou ailleurs – d’un monde où la présence quotidienne, rassurante, des livres et l’existence d’abondantes bibliothèques privées allait de soi. Même s’il était déjà un produit industriel, le livre demeurait un objet précieux, quasiment sacré, relié, encaustiqué, transmis. Il ne s’agit pas de dire que la métropole viennoise, comme toutes les grandes cités d’Europe et même les campagnes, n’abritait pas un prolétariat, voire un lumpenproletariat (Hitler en sortit), à qui des charlatans promettaient l’émancipation sociale et où, en attendant un Grand Soir qui n’est toujours pas venu, on recrutait les domestiques qui permettaient aux classes sociales plus élevées de se livrer aux travaux de l’esprit, quels qu’ils soient. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer l’existence quotidienne de Zweig, qui pouvait écrire toute la journée et tous les jours (ce qui explique en partie le caractère profus de son œuvre) sans jamais se soucier de l’intendance, du ménage, des repas, etc.

Tribut pour un homme libre, Jean-Paul Michel (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 14 Octobre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Tribut pour un homme libre, Jean-Paul Michel, frontispice, Jacques Le Scanff, éd. fario, 80 p., 2025, 15 €

L’écriture, l’écrivain

Qu’est-ce que la littérature ? Quel est le rapport de l’écrivain à l’image ? Quelle est sa relation à l’archive, à la durée ? Quel regard l’auteur jette sur lui-même à travers son travail ? Que produit-il ? À mon sens, par exemple, Proust est écrit par la Recherche, plus qu’il ne l’écrit. En tout cas, le livre de Jean-Paul Michel convient à cette définition : il est le corps historique de son écriture. Il réfléchit a posteriori sur ce qu’il a noté il y a 20 ans, notamment à Rome ou à Florence. Au début du XXIème siècle.

Et l’ouvrage ouvre sur la trace écrite d’un voyage, où J.-P. Michel cherche l’éclat (comme le préconise Jean-Marie Pontévia au sujet de la peinture). Cette littérature est donc « traversante », elle passe au milieu d’elle-même comme une marque, une empreinte entêtante, capiteuse. Elle cerne le mystère de la peinture grâce à un vocabulaire de géomètre, presque scientifiquement. Et de là s’engage le rythme, la prosodie.

Venise : trois ouvrages littéraires (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 10 Octobre 2025. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Un rêve fait à Venise

Dans le chapitre V et dernier de La Mort à Venise, le personnage principal, Gustav von Aschenbach, tandis que le choléra s’étend dangereusement sur la ville, masqué par les autorités pour ne pas compromettre le tourisme, et que son amour interdit, destructeur et lumineux à la fois pour l’adolescent polonais Tadzio (qu’on ne peut imaginer aujourd’hui, hélas, après le film de Visconti, que sous les traits de Björn Andrésen…) le conduit par-delà les limites de la décence bourgeoise, par-delà le bien et le mal donc, fait « un rêve épouvantable ». Il entend « un tumulte, un fracas, des bruits de chaînes » qu’accentuent bientôt « des cris aigus de jubilation » et des « chants de flûte » dans lesquels il reconnaît la manifestation du « dieu étranger », c’est-à-dire de Dionysos, d’origine indienne comme j’y reviendrai.