Ozanges, qui pourrait s’écrire Aux anges, est un très beau livre de Richard Millet. L’histoire ? qui n’en est pas une : l’alter ego de l’écrivain, Pascal Bugeaud, est hébergé dans un château plus ou moins abandonné où il va passer une nuit, seul, en hiver. Des bruits infimes, des craquements légers qui ont l’air de chuchotements, des lueurs, des souvenirs qui reviennent, reviennent, et se ramifient. L’homme a peur, il ne dort pas et il erre jusqu’à l’aube dans les couloirs et diverses pièces du château.
Quels fantômes habitent derrière les portes tandis que, frissonnant dans l’obscurité, il monte et descend les escaliers, ouvre avec anxiété les poignées de porcelaine blanche, allume un peu de feu dans une cheminée, s’assied à une table poussiéreuse devant une bouteille de vin – soupirant après un peu de clarté et d’amour, guettant jusqu’à l’aurore une présence qui réchauffe et fasse reculer la mort ?