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La Une CED

Coups de griffes N°9 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 18 Juin 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

La Langue des Choses Cachées, Cécile Coulon, L’Iconoclaste, janvier 2024, 134 pages, 17,90 €

Merci Madame Coulon. Je viens de terminer Le langage des choses cachées, votre dernier (ou avant-dernier, vous écrivez si vite) roman. Disons plutôt votre nouvelle, vous et moi savons que quelquefois les éditeurs… Dès les premières lignes j’ai ressenti une certaine familiarité avec votre récit. Des lieux et un temps restant vagues, mal définis, des personnages semblables aux cartes d’un tarot retrouvé. Un conte moral, bien sûr. J’ai d’abord cru que les nombreux heurts, les hésitations ou contradictions dans vos phrases faisaient partie de votre style ; un sens caché. Un voile levé sur notre monde illogique et brutal. Signifiant/signifié, tout ça tout ça. Malheureusement cette lecture s’est révélée optimiste. Et pourtant quand un livre fait moins de cent pages (quelquefois la pagination et l’édition…), le moindre mot compte, non ?

Réveiller les morts, Ron Rash (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Juin 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, USA, Poésie

Réveiller les morts, Ron Rash, éditions Corlevour, avril 2024, trad. anglais (Etats-Unis) Gaëlle Fonlupt, 170 pages, 18 €

 

la lumière ne tombait pas mais s’élevait

comme si certaines choses ne pouvaient rester

cachées à jamais mais devaient remonter

à la surface […]

Ron Rash

 

Amérique

Quel bonheur de découvrir un poète américain. On sait la profusion d’auteurs de grande qualité aux USA, et le livre que publient ici les éditions de Corlevour ajoute une pierre angulaire à ce foisonnement poétique.

Un mot sans l’autre, Dialogue avec Philippe Bouret, Lili Frikh (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Un mot sans l’autre, Dialogue avec Philippe Bouret, Lili Frikh, Mars-A éditions, février 2024, 108 pages, 15 €

 

Brève présentation du livre au Gazette-café de Montpellier, ce samedi 11 mai 2024, 18 heures. Vingt personnes dans la petite salle rouge du fond. Dès les premiers mots, Lili Frikh bouleverse et inquiète, dans une impression d’Artaud et Simone Weil mêlés, comme se jaugeant l’un l’autre, ironiques et affectueux (!), depuis longtemps. Mais reprenons du début.

Lili Frikh, dès qu’on l’a aperçue une fois ou deux, fait tellement peur dans sa dégaine et sa conduite (une fine sorcière aux yeux jaunes, avec leur lumière à bout portant ; ou une bête amochée et timide – qui va visiblement parler, mais avec laquelle on ne va certes pas connaître le « plaisir du texte » !) qu’on préfère arriver après qu’elle se soit installée, pour ne pas voir comment et combien elle se dispose anormalement là – où que ce soit – à quel point elle débarque et s’établit de justesse, si pudiquement et farouchement devant les autres.

Du Sens, Exercices d’encouragement, Denis Guénoun (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Juin 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Du Sens, Exercices d’encouragement, Denis Guénoun, Éditions Manucius, 2023, 244 pages, 24 €

 

Du définir

Il faut consacrer son intelligence et sa capacité d’analyse à la lecture de ce livre que Denis Guénoun publiait chez Manucius il y a peu. Je dis cela posément, car ce recueil de conférences et d’articles s’adresse nettement à l’intellect. Oui, ce livre est mental, il agite et vise en soi davantage les conceptions et les concepts que le divertissement – même et surtout parce que cet ouvrage est bien écrit et sollicite notre ouverture d’esprit, la pénétration de la pensée –, en considérant que penser est une activité liée à l’émotion elle aussi, mais sans facilité, sans ce besoin de la communication de concerner les lecteurs.

Pronostic Vital Engagé, Jacques Cauda (par Philippe Pichon)

Ecrit par Philippe Pichon , le Jeudi, 06 Juin 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Pronostic Vital Engagé, Jacques Cauda, Sans Crispation Éditions, mars 2024, 130 pages, 16 €

 

Jacques Cauda, une madeleine de Rabelais sous un ciel triste qui pleure de joie

Une vie à l’écart, farouchement préservée sous pseudonyme, hors des circuits publicitaires, recluse presque ; une œuvre foisonnante, OObèse même, en marge, dure, folle d’ironie et d’angoisse, elliptique. Pas tout à fait tragique : une comilédie.

Le Surréalisme aurait pu revendiquer cet écrivain tranchant si Cauda était né avec lui à la littérature. En Caudalie, exit la raison, out le mensonge vrai, l’auteur instaure la dictature de ses rêves. Mais il ne joue pas avec les mots pour dérouter le bourgeois ‒ comme un(e) Brel(e). Quand d’autres faisaient leurs numéros, cultivant le scandale pour le plaisir et l’idéologie pour la coquetterie des manifestes (1), il se tenait en retrait et, sans se contraindre, pratiquait l’ascétisme carnassier.