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Iles britanniques

Girl, Edna O’Brien (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 04 Novembre 2019. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser

Girl, septembre 2019, trad. anglais, Aude de Saint Loup, Pierre-Emmanuel Dauzat, 256 pages, 21 € . Ecrivain(s): Edna O'Brien Edition: Sabine Wespieser

 

Edna O’Brien est née en 1930 ; elle n’a cessé de bâtir une œuvre de romancière, de nouvelliste, de scénariste ou de dramaturge dont la figure tutélaire centrale est la fille. Les titres de sa trilogie en témoignent : The country girls, en 1960, The lonely girl, en 62, et Girls in their married bliss en 64. Son dernier texte introduit à nouveau cet « être romanesque » de manière épurée sans article ou définition précise, et pour nous lecteurs français, sans l’écran de la traduction à la différence de ceux de la trilogie qui eux ont été traduits. Girl, seule et livrée à elle-même aux confins du Nigéria. Un universitaire pourrait d’ailleurs dénombrer le nombre d’occurrences de ce mot et il constaterait qu’il revient sans cesse. « Girl » est l’une des « filles du Nord-Est du Nigéria » de la dédicace, « une des filles souillées » dans Les Troyennes d’Euripide, convoquées en seconde épigraphe et surtout, elle est la toute première phrase du roman en lettres capitales : J’ETAIS UNE FILLE AUTREFOIS, C’EST FINI.

Du fond de l’abîme, Walter de la Mare (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 16 Octobre 2019. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages poche

Du fond de l’abîme, Walter de la Mare, trad. anglais, Dominique Bertrand, Marianne Tomi, 264 pages, 9,15 € Edition: Rivages poche

 

Walter de la Mare, mort en 1956, immense de talent, est injustement méconnu en France. Or, les œuvres de cet écrivain devraient, ou auraient dû s’avérer incontournables. Parce que Walter de la Mare a un style – outre le fait qu’il en ait un propre lui appartenant – travaillé au cordeau et non moins muni de grande fluidité (en cela, il faut saluer les traductions françaises dont nous disposons). Parce que ses nouvelles, précisément dans ce recueil Du fond de l’abîme, se révèlent chaque fois des rêves prégnants, puissants, ahurissants, qui nous font prendre part largement à la vie intérieure des protagonistes, dont les inquiétudes se manifestent souvent par l’effet d’hallucinations dangereusement merveilleuses, aux effets de claire-voie qui ne sont pas sans rappeler les meilleures atmosphères rendues par Rembrandt ou, si le jour est plus présent, par Friedrich (entre autres exemples). A tel point que, sans user d’événements nécessairement riches en rebondissements, le nouvelliste fait naître des ambiances (liées à de profonds questionnements) qui semblent imprimées en nous pour longtemps.

Mon roman pourpre aux pages parfumées et autres nouvelles, Ian McEwan (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 22 Mai 2019. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Folio (Gallimard)

Mon roman pourpre aux pages parfumées et autres nouvelles, janvier 2019, trad. anglais France Camus-Pichon, Françoise Cartano, 112 pages, 2 € . Ecrivain(s): Ian McEwan Edition: Folio (Gallimard)

 

Une suave odeur de soufre.

Les publications de Ian McEwan sont souvent précédées d’une suave odeur de soufre. Va-t-on se laisser séduire ou s’effaroucher à la lecture de récits résolument pervers, d’histoires où les héros, jeunes ou vieux, se font rattraper par leurs fantasmes sexuels, va-t-on se pâmer à l’énoncé de crimes au sadisme feutré ?

A-t-il, cet anglais au regard bridé derrière ses lunettes rectangulaires, le talent littéraire assez chevillé à la plume pour nous embarquer dans des récits où un écrivain moins habile nous donnerait l’envie immédiate de refermer le livre et de tirer un trait définitif sur ses écrits ? Aborder son œuvre, pour ceux et celles qui ne s’y seraient pas encore risqués, par la lecture de nouvelles permet, à moindre effort, de humer son univers littéraire et de se rendre rapidement compte si des affinités existent, ou au contraire pas du tout.

Ceux que nous avons abandonnés, Stuart Neville (par Christelle Brocard)

, le Jeudi, 16 Mai 2019. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Rivages/noir

Ceux que nous avons abandonnés, avril 2019, trad. Fabienne Duvigneau, 370 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Stuart Neville Edition: Rivages/noir

 

En l’absence de sa femme et de son fils, M. Rolston a été sauvagement assassiné dans sa demeure. Les soupçons se tournent immédiatement vers les frères Devine, deux jeunes orphelins hébergés par la famille Rolston, que la police retrouve prostrés, couverts du sang de la victime.

Ciaran, le plus jeune de deux prévenus, ne tarde pas à passer aux aveux. Bien qu’il soit difficilement concevable qu’un gosse de douze ans puisse être l’auteur d’un crime si effroyable, rien ne permet de mettre en doute sa culpabilité. Il est dès lors incarcéré dans un établissement pénitentiaire pour mineurs et n’en ressortira qu’après avoir purgé une peine de sept ans. Son frère, Thomas, condamné, lui, pour complicité de meurtre, est relaxé deux ans plus tôt. Le jour de sa libération, Ciaran est confié aux soins d’une conseillère de probation, Paula Cunningham, qui se serait bien passée de cette mission d’une nature doublement délicate.

La chance de l’écrivain, David Lodge (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 07 Mai 2019. , dans Iles britanniques, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits, Rivages

La chance de l’écrivain, avril 2019, trad. anglais Maurice et Yvonne Couturier, 540 pages, 24 € . Ecrivain(s): David Lodge Edition: Rivages

 

Après Né au bon moment (2016), dont le titre original est Quite a good time to be born, A Memoir, 1935-1975 (2015), Lodge renoue ici avec ses mémoires autobiographiques, à présent dans les années 1980. C’est son identité d’écrivain qu’il interroge dans ce livre.

Lodge s’est toujours intéressé à la pratique de la fiction et à l’écriture créative des écrivains, dont il parle dans au moins deux ouvrages : The Practice of Writing, non traduit (1996) et The Art of Fiction, recueil de chroniques littéraires qu’il a écrites pour The Independant (L’Art de la fiction, Payot et Rivages, 2008). Pour lui, l’étude des textes littéraires et des intentions de son auteur sont le pendant de l’écriture de fiction narrative. Sa carrière d’universitaire, qui plus est de professeur de littérature anglaise moderne et contemporaine à l’université de Birmingham, a nourri ses romans. Contenu biographique et factuel et contenu fictionnel interfèrent, faisant de cet écrivain un partisan de l’« intégrationnisme », c’est-à-dire de la concordance entre l’expérience de l’auteur et le matériau textuel.