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Critiques

Chamelle, Marc Durin-Valois

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 06 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche

Chamelle, 185 pages, 5,50 € . Ecrivain(s): Marc Durin-Valois Edition: Le Livre de Poche

 

Un village se meurt, quelque part en Afrique sahélienne, accablé par une sécheresse persistante, cerné par l’irrésistible avancée des sables.

Parmi les villageois se distingue un homme, Rahne, qui a fait des études, a vécu plusieurs années en ville, d’où il a dû, déjà, fuir, en y abandonnant aux factions belligérantes maison, femme et enfants dont il n’a jamais su ce qu’ils sont devenus.

Narrateur et personnage principal du roman, Rahne a refait sa vie dans son village natal avec la belle Mouna. Ils mènent là une existence humble, rurale, avec leurs trois fils, leur fille Shasha, leur maigre troupeau de chèvres, parmi lesquelles Imi, que chérit Shasha, et une chamelle, que tous appellent… Chamelle.

Vient le jour fatidique où, aux membres des quelques familles qui n’ont pas déjà pris le chemin de l’exil, s’impose ce terrible dilemme : rester au village avec la certitude d’y mourir bientôt, ou partir vers l’inconnu, au risque, selon la direction prise, de se retrouver capturés, dépouillés, tués par une des bandes innombrables de militaires, rebelles et brigands qui sillonnent les pistes en quête de proies faciles, ou de se perdre à tout jamais dans le désert et y mourir de soif.

Hommage de l’Auteur absent de Paris, Emmanuelle Allibert

, le Jeudi, 05 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Léo Scheer

Hommage de l’Auteur absent de Paris, janvier 2015, 216 pages, 18 € . Ecrivain(s): Emmanuelle Allibert Edition: Léo Scheer

 

Cinquante nuances de frais

Emmanuelle Allibert l’écrit elle-même avec une simplicité confondante (page je ne sais plus combien je n’ai pas noté je suis mal organisé) : elle est une attachée de presse hors pair. Mais pas seulement ! Car elle a écrit un livre fort amusant. Très distrayant, sur un milieu où elle marigote depuis longtemps.

Hommage de l’auteur absent de Paris raconte cet éprouvant cocktail de course de fond et de 110 mètres haies, qu’elle connaît fort bien, auquel se livre tout écrivain. Car la route est longue et la pente est raide comme disait un ancien Premier ministre. Parfois pour écrire. Souvent pour trouver un éditeur. Toujours pour vendre un livre perdu au milieu de milliers d’autres (nettement moins bons cela va de soi).

Bref, l’écrivain mène une vie harassante et se donne un mal de chien pour un résultat qui comble rarement ses espérances.

Paysages après la bataille, Juan Goytisolo

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 04 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Espagne, Fayard

Paysages après la bataille (Paysajes después de la batalla) 1985, traduit de l’espagnol par Aline Schulman . Ecrivain(s): Juan Goytisolo Edition: Fayard

Le dernier prix Cervantès, le prix le plus prestigieux de la littérature hispanique, a été décerné en novembre dernier à Juan Goytisolo, couronnant l’œuvre d’un octogénaire (il a eu 84 ans le 6 janvier dernier) qui compte pas moins d’une vingtaine de romans et d’une douzaine d’essais.

Un écrivain espagnol très français puisqu’il a vécu de nombreuses années à Paris et a fait du quartier du Sentier un lieu hautement littéraire, y implantant et y développant plusieurs de ses fictions et récits.

Paysages après la bataille nous propose un récit éclaté, morcelé en une multitude de récits brefs, qui se suivent parfois, se font écho à distance, dressant petit à petit le portrait d’un individu pas tout à fait recommandable selon les normes du politiquement et socialement correct. Celui-ci a en effet quelques penchants que d’aucuns pourraient trouver suspects, au même titre que l’était le révérend Charles Lutwidge Dodgson, plus connu comme Lewis Carroll, séduit par Alice et ses exquis modèles du monde réel. Un exilé qui aime le mélange des cultures, des mots, des couleurs et des odeurs. Un être de fragments, rassemblant page après page les éclats d’une identité dispersés dans le temps et l’espace, tissant au fil des phrases le récit, les récits d’une vie plurielle, démultipliée dans les ruelles du quartier du Sentier qui sont autant de reflets d’autres villes, perdues mais jamais oubliées.

Une fenêtre sur la mer/Une Anthologie de la poésie corse actuelle, coordonnée par Angèle Paoli

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 04 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Recours au poème Editeur

Une fenêtre sur la mer/Une Anthologie de la poésie corse actuelle, Anthologie bilingue (corse/français), décembre 2014, 150 p. 8,00 € (formats disponibles epub, mobi, pdf) . Ecrivain(s): Angèle Paoli Edition: Recours au poème Editeur

 

Ce sont pas moins de vingt poètes, hommes et femmes nés ou originaires de l’île de beauté qu’a réunis Angèle Paoli dans cette belle anthologie de poètes corses publiée chez Recours au poème Editeurs.

Certains ont écrit directement dans cette langue qu’ils possèdent parfaitement, ainsi pour Alanu di Meglio, Ghjacumu Thiers, Ghjacumu Fusina, Patrizia Gattaceca, Lucia Santucci, Pasquale Ottavi, F.M Durazzo, Stefanu Cesari et Antoine Graziani ; d’autres écrivant en français comme Marianne Costa, Hélène Sanguinetti, J.F Agostini, Marcel Migozzi, Angèle Paoli elle-même, se sont prêtés volontiers à une traduction de leurs textes, participant ainsi à une expérience collective fondée sur l’amitié et l’amour de leur île et de cette langue si particulière. J’ai pris un grand plaisir à me plonger dans cette anthologie et à retrouver une langue qui m’est un peu familière aussi, ayant eu cette possibilité, l’année du bac, de l’étudier, ce qui me permettait de retrouver mes racines siciliennes et sardes.

Le Meilleur, Bernard Malamud

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 03 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Rivages

Le Meilleur (The Natural), traduit de l’américain par Josée Kamoun, février 2015, 300 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Bernard Malamud Edition: Rivages

 

Retrouver Malamud sur un versant ensoleillé est à la fois surprenant et formidable. Loin du « Shtetl » et de Kiev*, il nous place cette fois au cœur de l’Amérique. Et même mieux encore, au cœur du cœur des mythologies américaines modernes : le baseball ! C’est tellement le cœur du mythe yankee que l’éditeur nous propose un lexique du baseball en fin d’ouvrage. Louable initiative, mais on peut craindre que ce soit peine perdue tant ce jeu, le plus populaire aux USA, est illisible pour un esprit européen normalement constitué. Le chroniqueur peut témoigner que malgré sa bonne volonté depuis des décennies, il n’a jamais réussi à y comprendre quoi que ce soit.

Qu’importe, il n’est nul besoin de comprendre le baseball pour adorer ce livre !

Et loin de la terreur et de la souffrance, nous voici dans un roman de la jeunesse, de l’amour, de la lumière. Bien sûr – les lecteurs de Malamud s’en doutent déjà – cela ne va pas sans ombres, sans peine, sans misères. Mais elles sont ordinaires, relèvent de ce qu’il en est d’une vie humaine.