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Les Chroniques

Sur "Eureka Street" de Robert McLiam Wilson

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 23 Avril 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Si l’on doit assigner une fonction à l’art, ce pourrait être la suivante : permettre de voir le monde, le traduire en une œuvre qui, si elle ne donne pas du sens au monde, permet au moins de l’appréhender. La mélancolie et les yeux qui s’humidifient avec dignité – Les Larmes, de Rachmaninov. La paternité et l’envie de dire la vie à son enfant – Mistral Gagnant, de Renaud. La solitude urbaine – The Nighthawks, de Hopper. La splendeur de la bêtise – Bouvard et Pécuchet, de Flaubert. Une œuvre d’art, à ce titre, ne pourrait être décrétée telle qu’en tant qu’elle donne à voir, qu’elle ouvre à l’esprit des portes jusque-là fermées, ou du moins à peine entrouvertes. Voilà pourquoi Eureka Street (1996), le troisième roman de l’Irlandais du Nord Robert McLiam Wilson (1966) est un grand roman, pourquoi il doit être célébré et lu par tout le monde en ces jours d’inquiétude : mieux que tout autre, ce roman a traduit l’intraduisible, la vie au quotidien au temps du terrorisme, au temps de la violence incompréhensible d’une guerre civile insensée ayant duré « vingt-cinq ans et cent jours » : « Trois mille personnes étaient mortes, plusieurs milliers d’autres avaient été battues, blessées ou amputées, et nous avions tous connu une trouille bleue pendant presque tout ce temps-là. A quoi cela avait-il servi ? Qu’avait-on ainsi accompli ? »

IF / Revue des Arts et des Ecritures Contemporaines #43, mars 2016

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 22 Avril 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

On ne saurait trop insister sur la vitalité et la richesse des revues littéraires, et particulièrement poétiques, philosophiques mais aussi artistiques en France, depuis plusieurs décennies. Elles sont pour la plupart d’entre elles de véritables champs d’expérimentation, donnant la parole à des auteurs ou artistes que le monde éditorial « mainstream » parfois ne met pas en lumière. De plus, elles permettent, loin de Paris, de donner à des auteurs, plasticiens, peintres, vidéastes et bien d’autres encore, l’occasion de trouver un écho auprès d’un lectorat curieux en matière de création contemporaine ; tel est le cas de IF.

Fondée en 1992 par Liliane Giraudon, Henry Deluy et Jean-Jacques Viton, la revue semestrielle If (12 €) est désormais diffusée par les éditions Les Solitaires Intempestifs. Hubert Colas en assure la direction.

La revue est un reflet éditorial de Montevideo – lieu de création contemporaine et d’ActOral festival international des arts et écritures contemporaines, basés à Marseille.

Editorial : De la chose à La Cause Littéraire (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 20 Avril 2016. , dans Les Chroniques, Editoriaux, La Une CED

 

Depuis le XIXème siècle, et l’avènement de l’ère des grands médias écrits, la littérature possède simultanément deux vies : la sienne propre, celle qui se nourrit et croît de l’esprit, de l’âme et du sang des poètes, des écrivains. Et celle que lui (re)donnent tous ceux qui écrivent et glosent sur elle : analystes, critiques, professeurs, medias… Ce sont bien deux vies séparées, entrant parfois même en collision, à l’occasion violente. Pour illustrer le propos d’un exemple célèbre : Charles Baudelaire et « Les Fleurs du Mal ».

Posé comme un miracle, un petit recueil de poèmes, quintessence de la poésie française, concentré absolu de musicalité « tricotée » avec le sens. En face de ce moment inouï et fondateur de la littérature française d’aujourd’hui, un article, publié dans « Le Figaro » le 5 juillet 1857, signé d’une plume peu connue à l’époque et reléguée au fin fond des oubliettes depuis, Gustave Bourdin, claironne : « Il y a des moments où l’on doute de l’état mental de M. Baudelaire, il y en a où l’on n’en doute plus (…) c’est, la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L’odieux y côtoie l’ignoble ; le repoussant s’y allie à l’infect… » La messe est dite. Cet article imbécile et assassin va fixer l’opinion dominante de l’époque : Baudelaire devient un poète « maudit ». On connaît la suite : le procès, la condamnation, les pièces interdites jusqu’en…1949, soit presqu’un siècle plus tard.

Le printemps des poètes chez Gallimard jeunesse

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 19 Avril 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Pef, Farces et Attrapoèmes (1989), mis en couleurs par Geneviève Ferrier, Gallimard jeunesse, mars 2016, 48 pages, 13,50 €

Mon imagier de la poésie, illustré par Olivier Latyk, Gallimard jeunesse, coll. Éveil musical, mars 2016, 36 pages cartonnées + 1 CD, 16 €

 

À l’occasion du printemps des poètes, Gallimard jeunesse propose deux recueils fort séduisants aux tout jeunes amateurs de poésie.

Mon imagier de la poésie est accessible aux plus jeunes, dès deux ans. Les images vives et colorées d’Olivier Latyk accompagnent un choix de poèmes, incluant deux fables de La Fontaine et des textes de Verlaine, Prévert, Hugo, Apollinaire, Maurice Carême, Paul Fort et Desnos. Les textes, très connus, rappelleront à beaucoup leurs années de maternelle et de primaire et leur donneront le plaisir de lire ces poèmes aimés à leurs enfants.

A propos de "Le spectre de Thomas Bernhard" de Cyril Huot

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 18 Avril 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Le spectre de Thomas Bernhard, Cyril Huot, éd. Tinbad, février 2016, 217 pages, 20 €

 

Préambule :

À l’entrée de la lecture de ce deuxième livre de Cyril Huot, le lecteur pourra se poser la question de savoir s’il est nécessaire d’avoir lu et de connaître l’œuvre de Thomas Bernhard pour lire cet opus Le spectre de Thomas Bernhard, quatrième publication des éditions Tinbad.

Après avoir pris connaissance du communiqué de presse et de la quatrième de couverture, le lecteur pourra effectuer au préalable quelques recoupements :

Le spectre de Thomas Bernhard lui parlera des enjeux de l’écriture, comme ces enjeux sont interrogés et sans cesse mis en question dans l’œuvre de T. Bernhard.