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Les Chroniques

Quatre livres de La Boucherie littéraire

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 12 Avril 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Ecrits sans papiers, Pour la route entre Marrakech et Marseille, Mireille Disdero

Maison, Poésies domestiques, Emmanuel Campo

On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive, Hélène Dassavray

Lame de fond, Marlène Tissot

 

Ecrits sans papiers

« Le sud lie ton corps au soleil / et la lumière en voyage / vient boire dans ta main ».

« La lumière est perturbée par le vent. On sent que quelque chose existe. C’est humble, ça ne s’impose pas. Le vent. Le soleil ».

« Et dans le ciel orange, deux gabians puis un avion au ventre blanc, tracent un trait de lumière sur ta mémoire pour plus tard ».

Carnets d’un fou / XXXVII Février 2016, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 11 Avril 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Hier, un songe, et demain, la poussière !

Rien, peu avant, et peu après, fumée !

Et je vis d’ambitions, et me complais,

À peine un point du cercle qui m’enserre !

Francisco de Quevedo, De la brièveté même de la vie, sans qu’on y prenne garde, et dans le malheur, assaillie par la mort.

 

# J’ai cueilli, dans mon grenier à citations, quelques mots de Francisco de Quevedo, l’ennemi intime de Luis de Góngora, qu’il haïssait pour son « cultisme » et jalousait, selon moi, parce que lui, Quevedo, n’avait pas réussi à renverser la table poétique classique, à donner naissance à une poésie différente de tout ce qui l’avait précédée. Avait-il d’ailleurs jamais eu cette ambition ?

Black-out - A propos du livre "Le Célibataire" (The Bachelor) de Stella Gibbons

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Samedi, 09 Avril 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Le Célibataire (The Bachelor) de Stella Gibbons, traduit de l’anglais par Philippe Giraudon, éd. Héloïse d’Ormesson, 2016, 560 pages, 24 €

 

L’intrigue

Le Célibataire pourrait être un « roman réaliste », qui crispe et confine les êtres dans des registres de rôles sociaux répétitifs. Le temps historique, lui, est situé lors de la seconde guerre mondiale, ce qui donne lieu à des scènes pathétiques : « une mère fluette avec trois petites filles robustes et crasseuses qui grimpaient sur elle et entrechoquaient bruyamment leurs masques à gaz (…) laissant le bébé aux pieds nus et sales sauter sur sa robe fanée », ou surprenantes : « Alicia ne participait jamais à ces manifestations de zèle communautaire, et elle aurait laissé mourir d’une attaque une vieille dame… » Son habileté littéraire n’est pas sans rappeler celle d’autres très grandes romancières, Virginia Woolf ou Doris Lessing, car elle dissèque les us et coutumes de ses compatriotes, dont l’existence est régie par un « Principe du Bien ».

Dialogue depuis l’ailleurs - à propos de De la poussière sur vos cils de Julien Bosc

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 08 Avril 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

 

De la poussière sur vos cils de Julien Bosc, éd. La tête à l’envers, 2015, 13,50 €

 

Le livre que publie Julien Bosc aux éditions La tête à l’envers, est à la fois lumineux et plein de mystère, quand cette lumière vient justement de la qualité du mystère. En effet, les deux parties de ce poème grandement dialogué, sont dédiées à plusieurs personnes. Sont-ce là les enfants et l’épouse du poète ? On ne sait pas, mais on devine un drame violent qui inspire le poète, qui agit dans une sorte de dédoublement – voix de lui-même et voix de l’Autre – en une schize créatrice et capiteuse.

Peut-être endormie :

A propos de "Le cosaque de la rue Garibaldi" de Claude Gutman

Ecrit par Mélanie Talcott , le Vendredi, 08 Avril 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

Le cosaque de la rue Garibaldi, Claude Gutman, Gallimard, février 2016, 224 pages, 16,50 €

 

Un livre simple qui raconte avec tendresse et ironie une histoire comme on en a tous dans nos familles. Ce qui en fait la particularité est sa judéité qu’elle refuse ou cache délibérément par peur qu’elle ne la stigmatise et ne la désigne pour de nouveaux crématoires. Au sein de cette famille, un seul résiste à ce déni collectif orchestré avec l’approbation de tous, un grand-père pouilleux qui s’obstine à ne parler que le yiddish et que son entêtement a rendu imperméable aux autres. Ancien boucher, peut-être a-t-il également été un cosaque, on ne le saura pas, il est l’idiot utile, celui qui fait bouillir la marmite, et le pestiféré de la famille, coupable d’être ce qu’il est comme ce qu’il n’est pas. Ses enfants le méprisent ou l’ignorent, sa femme l’honnit, préfère ses bonnes œuvres, et des années durant a pour amant le président de l’Amicale Israélite. Le quotidien de la famille brinquebale autour d’évènements que nous connaissons tous, mariages, divorces, ruptures, mensonges, problèmes matériels et anecdotes tristes ou drôles. Lorsque meurt enfin le vieil homme, tous n’ont qu’une hâte, celle de se débarrasser au plus vite de tout ce qui serait susceptible de l’évoquer, comme s’il n’avait jamais existé.