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Carnets d’un fou, LIII - Juin 2017, par Michel Host

Ecrit par Michel Host le 24.10.17 dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Carnets d’un fou, LIII - Juin 2017, par Michel Host

 

« Pourquoi la Crète s’est-elle révoltée ? Parce que Dieu l’avait faite le plus beau pays du monde, et les Turcs le plus misérable… […] parce qu’un maître baragouinant la barbarie dans le pays d’Étéarque et de Minos est impossible ! »

Victor Hugo, au journal belge

L’Orient, en 1867, lors de la répression

sauvage qui suivit la révolte des Crétois

contre le pouvoir de la Sublime Porte.

(cf. Cnossos, L’archéologie d’un rêve,

par Alexandre Farnoux, Découvertes

Gallimard, Archéologie)

#. Trumpisme. Il y eut le virus Ébola, le Grand Chikungunya, les Génies hors leur bouteille, Al-Qaída et Daesh… Vient d’apparaître un mal mystérieux dont on se demande s’il ne virera pas à la pandémie : le trumpisme. Les spécialistes le décrivent sous la forme d’un agent dangereux, peut-être l’est-il plus qu’on le pense, peut-être moins. Il vient de déclarer qu’il ne cautionnerait pas l’accord de Paris sur le climat. Le monde entier se dresse contre le monstre négationniste, la presse française bien-pensante en perd son dentier… Le tollé est assourdissant. On veut simplement oublier que, quel que soit leur président, les États-Unis veulent bien accepter de signer des accords, mais qu’ils ne les ratifient jamais et ne les appliquent donc que si bon leur semble. Les États-Unis ne se lient pas les mains par des promesses qui limiteraient leur totale liberté d’action, leur impunité, la libre circulation des dollars, des armes et des marchandises… et surtout pas par celles qu’ils savent ne pouvoir tenir. On s’émeut et manipule les foules elles-mêmes émotives par simple démagogie politico-journalistique.

Le 4/VI

 

#. Une anecdote avec esprit, du temps où l’on en avait. Autant commencer ce Carnet en riant, car je sens que le rire ne va pas durer. Le poète et auteur de comédies Piron (1689-1773) fut un bon vivant, un pince-sans-rire, un ami des femmes et l’auteur entre autres de la comédie la Métromanie. Il fut fort joué en son temps et connut le succès. Il est injustement oublié aujourdhui, mon vieux manuel de MM. Lagarde et Michard ayant néanmoins la bonté de lui consacrer quatre lignes. Sur son grand âge, atteint de cécité, il vivait dans un appartement donnant sur les jardins du Palais royal. Sa nièce, avec laquelle il s’entendait fort bien, venait le visiter souvent, s’enquérant de sa santé, de son ménage et l’aidant à s’habiller. Un matin, ils descendirent les escaliers de l’immeuble pour s’aller promener dans les jardins. Aucun des deux n’avait remarqué que sa culotte était mal boutonnée et quétait visible une partie normalement invisible de son anatomie. Passa une petite troupe d’enfants qui éclatèrent de rire. On sait que rien n’échappe aux yeux des enfants. La nièce comprit aussitôt de quoi il retournait. Elle dit : « Mon cher oncle, vous vous êtes mal boutonné, il faut cacher votre “histoire” ». Et Piron de lui répondre : « Apprenez, ma chère nièce, qu’il y a belle lurette que cette histoire n’est plus qu’une fable ».

Le 6/VI

 

#. « C’est la guerre ! » Oui, les choses se gâtent. Il y a peu, M. Manuel Valls, premier ministre, le menton virilement levé, proclamait qu’un islam dévoyé et barbare s’était lancé dans une guerre contre notre pays, contre sa civilisation, contre sa liberté républicaine et laïque. Les naïfs, dont j’ai longtemps été, s’étaient imaginé qu’on allait enfin prendre la vraie mesure des choses et les mesures appropriées, des mesures de guerre. Il n’en a rien été. L’islamolâtrie socialiste, tout entière dressée, s’étant prononcée contre les mesures d’exception pourtant bien insuffisantes, contre les amalgames selon elle inévitables entre musulmans modérés (un mythe ou presque) et les musulmans fanatisés, selon eux une infime minorité alors que la haine anti-française est prêchée dans certaines mosquées bien connues des autorités et qu’elle a refait surface en divers endroits du pays, sous forme d’attentats, et d’assassinats – environ 230 morts en deux années – de Français non armés, de civils paisibles, d’enfants, de femmes et de vieillards, de policiers et de prêtres. On ne compte plus les blessés (*). On n’a pas daigné ouvrir le Coran, où ces actes insensés sont non seulement exposés, mais recommandés aux vrais croyants. Un ou deux imâms un peu nerveux ont été renvoyés sur les terres du Maghreb. On a mis quelques soldats en armes dans les gares et aux abords des commissariats et les mesures de détection des « terroristes » auraient été renforcées. On pouvait encore croire à cela, quoique les déclarations émanassent d’autorités chaque jour davantage privées d’autorité. Les grandes organisations musulmanes florissantes sur notre territoire se sont tues d’abord, puis du bout des lèvres (n’oublions pas la taqîya, le mensonge autorisé par la loi musulmane face aux incroyants, nous tous, les kouffars) ont, pour l’essentiel, consenti à dire que « le véritable islam, ce n’est pas ça ! », que la religion d’Allah n’est qu’amour et  tolérance, ce qui est radicalement faux : encore une fois, lisons, lisons le Coran. Pour la guerre et sa déclaration sur le territoire national, c’était tout, n’en parlons plus !

Or, faire la guerre, ce n’est pas exactement arrondir les angles.

Faire la guerre, ce n’est pas reconnaître honteusement, lâchement, avec quelques islamolâtres, que désormais « nous allons devoir vivre avec ça » : c’est-à-dire avec la peur au ventre, le risque constant d’attentats, le terrorisme musulman installé comme chez lui sur notre territoire, au point même d’y avoir créé des zones dites de « non-droit », où n’entrent ni policiers ni pompiers, où règne une loi religioso-maffieuse, qui n’est pas la loi française mais exactement son contraire ! C’est refuser de « vivre avec ça », au nom du communautarisme et du multiculturalisme sacralisés. C’est mettre ce « ça » par terre, réduire à néant ce radicalisme meurtrier par des mesures radicales, très précisément des mesures de guerre puisque l’on nous fait la guerre.

En Angleterre, pays de la grande liberté de l’esprit et de l’acceptation de toutes les convictions, du multiculturalisme et du communautarisme sans frein, Mme May, actuelle première ministre, vient de donner le premier coup de canif dans cette traditionnelle bienveillance : un grave attentat à Manchester, deux autres à Londres, à l’explosif, à la camionnette-bélier, au couteau… viennent d’exaspérer les Anglais encore conscients des dangers ; les Anglais inconscients, eux, encore majoritaires, déposent des bouquets, des paperolles où s’inscrivent les vœux pieux, des bougies de requiem, en chantant hymnes et refrains de moutons prêts à l’égorgement… Nous sommes bien proches les Anglais et nous. Mme May l’a clairement dit : « Trop, c’est trop ! » Les nazis n’avaient pas réussi à mettre un pied sur la terre d’Angleterre lors de la 2de Guerre mondiale, les islamistes assassins s’y sont installés. J’ose espérer que le pragmatisme anglo-saxon nous montrera la voie, réagira avant, mieux et plus vigoureusement que l’idéalisme niais des Français.

Faire la guerre, donc, c’est d’abord reconnaître l’ennemi comme ennemi, le nommer et répertorier ses intentions, avec leurs causes éventuelles : notre ennemi c’est le croyant selon le Coran. Il ne tolère ni l’incroyant, ni celui qu’il désigne comme « mauvais croyant », ni celui qui a d’autres mœurs que lui-même. Son intention (énoncée dès le IXe siècle) c’est d’imposer la religion d’Allah, les lois de vie d’Allah (la charia), le califat à la terre entière. Il n’y parviendra pas, c’est évident, mais il va longtemps commettre ses ravages et ses crimes, du moins tant que nous ne l’aurons pas renvoyé à ses territoires culturels traditionnels et convaincu de l’impossibilité de parvenir à ses fins de conquête mondiale.

 

(*) Je relis ce Carnet de juin, en OCTOBRE : il y a deux jours, devant la Gare Saint-Charles, à Marseille, ont été assassinées (c’est le seul mot qui devrait être utilisé) par un homme armé d’un couteau, qui égorgea l’une en l’attaquant par derrière, l’autre en l’éventrant purement et simplement, le tout au cri d’Allah-ou-Akbar. Les soldats du dispositif de surveillance le tuent alors, faisant cesser l’acte de guerre que ne lui avaient pas déclarée ces deux jeunes femmes de 20 ans, cousines par ailleurs, et qui s’étaient destinées aux carrières d’infirmière et de médecin, soit au sauvetage de leurs semblables. Nos responsables ont mis plus d’une journée à identifier l’assassin comme tunisien, usant de plusieurs identités, multi-délinquant, établi en France de façon illégale (ce que ne condamne plus la justice depuis 2011, peu de gens le savent !). Daesh a aussitôt revendiqué cette horreur, c’est un système pratique pour figurer encore lorsqu’on recule sur les champs de bataille. Vous, je ne sais pas… mais pour moi, je trouve que c’est assez, largement assez, et, je le répète, ces abominations ne sont pas commises au nom de Jésus-Christ, de Yahvé, de Dieu le Père, mais, divine ironie, d’« Allah-le-Miséricordieux ». On n’a jamais autant ri sur la terre de France et célébré les grandes vertus de l’islam, père de l’islamisme furieux ! Ô joie, mourons sous le sabre d’Allah, ce n’est que bonheur !

 

§. Causes et réponses : il y eut des soldats-croisés ; l’islam envahit l’Europe par l’est et l’ouest (conquêtes ottomanes, al-Andalous, Poitiers, Lyon, Vienne). Ils chassèrent les chrétiens de Constantinople et Jérusalem ; ils furent expulsés de l’Espagne. Nous fûmes des colonisateurs et des esclavagistes ; ils oublient qu’ils le furent eux aussi et depuis l’Antiquité la plus lointaine. Ils nous vouent une haine inexpiable, jusque dans des familles que nous recevons du mieux que nous pouvons. Dans leurs terres historiques, ils chassent aujourd’hui les chrétiens comme du gibier ; nous poussons la courtoisie jusqu’à mépriser notre propre tradition de chrétienté (en France du moins) et à les laisser édifier des mosquées sur notre territoire national sans que la construction d’églises soit possible chez eux ; nous les y laissons pratiquer leur religion sans autre limite que le respect des lois de la république. C’est notre seule exigence à laquelle ils ne veulent pas se soumettre.

§. Les noms de la guerre. Le langage ! Nous disons « terroristes » au lieu d’« assassins » (pour 1 victime) et « criminels de guerre » (pour 2 victimes et plus) ; « musulmans » au lieu d’« islamistes-fascistes » ; « tueries de masse » au lieu de « crimes contre l’humanité » ; « soldats d’Allah ou de Daesh » au lieu de « traîtres » pour ceux qui n’ont pas officiellement renié leur nationalité française et ont fait allégeance à Daesh ou Al-Qaïda, ou d’« espions » (ils guettent et choisissent leurs proies) ; nous disons « acte isolé » quand un seul islamiste-Daesh est en cause, au lieu de « djihadiste », c’est-à-dire relié à une organisation religieuse ennemie.

J’ai bien conscience que la vérité de la nomination choquera tous ces Français pleins d’illusions, imaginant que notre accueil et notre liberté civilisationnelle finira par absorber et réduire entièrement la haine islamiste. Or, ces Français, pour la plupart laïques de conviction (et je les en approuve), persuadés de la nocivité de la tradition et des religions, ont entièrement oublié ce qu’est la puissance de conviction d’une pensée religieuse. Et leur conviction n’est établie que sur une connaissance nulle ou approximative des textes. Ils auront oublié qu’il fallut près de cinq siècles (XIVe-XVIIIe siècles) pour désamorcer l’intolérance inquisitrice, fanatique et criminelle du catholicisme, et, par conséquent, ils ignorent qu’avec l’islam radical-combattant, ils entrent pour plusieurs siècles dans le temps de ces crimes qu’ils appellent « attentats ». Ils se voilent la face : l’« attentat » porte dans son nom même l’idée d’exceptionnalité, on espère qu’il ne se reproduira pas, et on finit par le croire. Le crime, c’est évident, n’a de fin dans aucune société. Je demande aux âmes portées à la conciliation, aux accommodements linguistiques et idéologiques, de bien vouloir noter que je m’en prends à une religion (ici, l’islam-Daesh) et non à un groupe ethnique (par exemple, les Arabes !) et que me qualifier de « raciste » serait parfaitement erroné, et ce d’autant plus que bon nombre de musulmans se sont réfugiés en France qui ne souhaitent plus avoir à dissimuler leur rationalisme, voire leur athéisme sous les pressions de la tribu et de la mosquée. Ces musulmans paisibles a priori ont « voté » pour ce libre choix de vie que partout ailleurs elles (les bonnes âmes) préconisent. Je l’avoue, me retrouver devant la 17e chambre me serait plus que désagréable.

§. Les lois et moyens de la guerre.

– Une guerre que l’on peut éventuellement dire « propre » doit être officiellement déclarée ; Hitler n’en déclarait aucune, ses armées traversaient les frontières sans préavis ; les islamisto-Daesh ne la déclarent pas davantage, ils ont traversé nos frontières, ils livrent leur guerre sans préavis. À ces djihadistes-assassins, nazis de l’intérieur, manquent seulement les moyens militaires massifs. Ils trouvent aussi chez nos Français dits « de souche » un bon nombre de « collaborateurs » (intellectuels égarés, maires, députés soucieux de leur réélection) prompts à les soutenir et encourager au nom d’un antisémitisme qu’ils appellent anti-sionisme et qui leur tient lieu d’alibi et de paravent. Les juifs de France font leur « alya », ils quittent notre pays en grand nombre. Ils savent de quoi il retourne et à quoi ils pourraient retourner.

– La guerre se conduit avec un état-major désireux d’employer les moyens efficaces (renseignement, combat armé, interventions préventives…) et des troupes désireuses de vaincre. Le rétablissement du statut honorable de la nation est indispensable. La question des tribunaux militaires se pose aussi : comme on ne fusille plus les traîtres par respect de soi-même et d’une civilisation qui lutte pourtant contre la pire des « barbaries » (terme imprécis et fourre-tout à changer lui aussi), et que l’on ne peut davantage créer des apatrides, il faudra établir une nouvelle juridiction relative aux peines encourues, rétablir des lieux de privation de liberté adaptés aux cas précis et à la situation. La loi du sol devra être aménagée, un serment de fidélité à la nation et au drapeau devra être envisagé pour tous les jeunes adultes (de souche ou non) nés sur notre territoire : tout refus de prêter serment sera interprété comme une entrée en « radicalisation », le noviciat préparant à l’entrée dans les Ordres de la violence.

– La guerre se conduira sur notre territoire, et d’abord dans les territoires dits « perdus » de la république : ils sont faciles à déterminer, la loi française y est bafouée : les femmes y sont voilées, souvent de la tête aux pieds (Mantes-la-Jolie, certains quartiers de Toulouse, de Saint-Ouen, de la Porte de la Chapelle…) ; elles n’entrent pas dans les cafés et brasseries : si elles le font, elles sont « stigmatisées », « amalgamées » au troupeau des prostituées par ceux-là mêmes qui se prétendent stigmatisés.

Réalités observables : ces lieux (des quartiers entiers, des municipalités…) voient leurs commerçants prendre la fuite, et des boutiques halal les remplacer. La drogue y est la marchandise d’importation la mieux vendue. Les pompiers y sont « caillassés » et les policiers n’y entrent qu’à leurs risques et périls, entre autres ceux d’être traînés devant les tribunaux s’ils n’acceptent pas d’être rôtis vivants dans leurs véhicules, s’ils se défendent avec trop d’énergie. Bref, et j’en suis parfaitement conscient, ce programme de lutte est à l’opposé de tout ce que préconisent les amateurs de progrès et de tranquillité publique (pour eux-mêmes d’abord), généralement d’obédience socialisante et irénique ; ce programme peut encore passer pour une émanation des milieux dits « populistes » et de leur idéologie. Ces milieux je ne les ai jamais fréquentés, je ne les fréquente pas et ne les fréquenterai jamais. Il ne s’agit que de préserver ce pays qui prétend encore à la liberté (celle de la parole en tout premier lieu), à la fraternité (mais comment être le frère de celui qui se déclare mon ennemi ?), l’égalité (concept vague qui demanderait une sérieuse remise en perspective).

Le 11/VI

 

#. Élections législatives, premier tour. Les résultats non encore définitifs laissent supposer que la chambre des députés, dans huit jours, se composera d’un gigantesque pâté en croûte hégémonique (plus de 400 sièges annoncés) cuisiné par le chef étoilé Macron. Un mets très classique du reste, le hachis Parmentier : croûte dorée et enveloppante de députés en marche, farce composée de viandes diverses : centristes OGM, socialistes repentis quoique traîtres à leur parti, républicains non repentants mais également traîtres (en langage châtié, transfuges), le tout servi sur garniture de petits légumes en couronne à la sauce piquante mélencho-frontiste. Les optimistes pensent que ce ragoût sera comestible, certains n’hésitant pas à imaginer une préparation aussi digeste que délicieuse. Ya veremos.

Le 12/VI

 

#. Questions sans grande importance, et une observation. L’éditorial de M. Jérôme Fenoglio, pour Le M de ce 13/VI, est remarquable de clarté et d’opportunité. Son observation : « …l’avance conséquente des “marcheurs” [à ce premier tour] repose sur à peine plus de 15% des inscrits ». Se pose donc une véritable question de légitimité de la représentation nationale, si l’on veut bien considérer que les abstentionnistes (51,4%) font partie du vote, ou votent en quelque sorte par défaut. Ses questions : « Comment respecter l’exigence du débat quand on peut se permettre de ne pas prêter attention à la contradiction ? ». « Comment des députés, pour la plupart novices, qui doivent tout au choix d’un homme, exerceront-ils leur pouvoir, particulièrement celui de contrôle de l’exécutif ? ». « Comment éviter que la contestation, inexistante au Parlement, cherche à s’exprimer ailleurs ? » Sont indirectement posés les problèmes d’un gouvernement autoritaire, voire dictatorial, qui ne dira pas son nom, et des débordements à venir dans les rues lorsque les Français s’apercevront que de ne leur avoir rien promis de clair permettra de décevoir toutes leurs attentes sans avoir à s’en excuser, et que dans notre hachis Parmentier, pour la partie « farces » (et attrapes) figureront les mêmes oligarques du socialisme encroûté dans son idéologie du faux-progrès avec ceux du républicanisme conservateur récemment « dégagés », poursuivant leurs chimères de toujours, recherchant les mêmes bénéfices personnels, allant à leurs affaires troubles et frauduleuses habituelles… Autrement dit une question est posée : la miraculeuse machine macronienne, bombe à retardement, ne risque-t-elle pas d’exploser à la figure de son inventeur dans les deux ans à venir ?

Le 13/VI

 

#. Débris du monde.

§. Dans le cadre du 2e tour des législatives. Ce 15 juin au matin, Mme Kosciusko-Morizet, distribuant des tracts sur la place Maubert (Paris, 5e arrdt.), est insultée et agressée physiquement par un homme. Elle tombe, reste évanouie une dizaine de minutes et est emmenée à l’hôpital. C’est odieux, c’est à l’image de notre temps où la parole a bien moins de force persuasive que le poing ou le couteau. Temps où le respect et la sécurité des femmes ne sont plus assurés.

Le 4 avril dernier, à Belleville, Mme Sarah Halimi, dame âgée et sans défense, est furieusement agressée dans son modeste appartement par son voisin de palier. Celui-ci la roue de coups, lui fait subir diverses violences assimilées à des tortures par les enquêteurs, et, pour parachever son œuvre, la défenestre du 3e étage de l’immeuble. Elle meurt.

La presse, les médias bien-pensants, à raison, remuent ciel et terre, font résonner tambours et trompettes, dans le cas de Mme Kosciusko-Morizet. Son agresseur semblait animé de seuls motifs liés à la politique et aux élections françaises. Dans le cas de Mme Halimi, la réaction ne fut pas aussi immédiate, on douta fortement qu’il s’agît d’un crime antisémite, son assassin étant issu de la sacro-sainte « diversité » (comprendre : il ne pouvait être que la victime en l’affaire), et il fallut que les organisations antiracistes se missent à protester avec force pour que l’on n’en restât pas là. C’est la France borgne et boiteuse de notre temps.

§. Un diamantaire des beaux quartiers de Paris est délesté de quelques pierres précieuses par un voleur habile. C’était il y a quelques jours. Il en aurait perdu pour deux millions d’euros, somme considérable, certes ! Dois-je plaindre le malheureux artisan ? Certainement pas. Je lui reprocherais plutôt son arrogante stupidité, son manque d’égards pour autrui : quelle idée d’exhiber en vitrine ces scintillantes richesses qui ne peuvent qu’éveiller l’envie ! Et n’a-t-il pas encore, dans ses tiroirs et ses coffres, assez de jolis cailloux pour se renflouer lui-même ? Ce qu’il me vient à l’idée de regretter, c’est la faible idée que se font les voleurs de la propriété d’autrui dans un pays où sont portées aux pinacles les valeurs d’égalité, de fraternité… La fraternité n’a jamais conduit notre diamantaire à offrir l’une de ses pierres à son voleur. Quant à l’égalité, selon le mot resté célèbre d’un humoriste de talent : « Il faut croire que les uns ne sont pas aussi égaux que les autres ».

§. Un numéro déjà ancien du quotidien Le M. (du 3 mai dernier) me fait mieux connaître la psychologie du psychopathe. Les psychiatres en ont une vision si différente de celle qui était la mienne, que parfois j’avais pu croire relever moi-même de la psychopathie, tant ma misanthropie héritée de ma nature, de mon histoire, de l’histoire du siècle dernier, de mes lectures, m’a conduit (et me conduit encore) à des excès de langage notamment. Or, il semble que le psychopathe selon les spécialistes ne se contente pas de violences verbales, non, il agresse ses contemporains, il les assassine de temps à autre, les torture, les viole, il est d’un narcissisme exacerbé, il ne supporte pas la critique, il n’apprend rien de l’expérience (*), il est volontiers manipulateur et de l’empathie il ne sait rien, non plus que de l’amour du prochain. Il n’a pas de prochain, pour tout dire, et ses enfants eux-mêmes ne lui sont de rien. Il peut même sembler utile, certains le disent indispensable, à une société en état de marche : « Certains (psychopathes) affichent d’insolentes réussites sociales… particulièrement dans le monde de la banque, des affaires, de la politique, mais aussi chez les avocats, les chirurgiens, les médias, et parfois dans les milieux de la recherche… Inversement, des professions soignantes comme les psychothérapeutes et les infirmières en comptent très peu ». En effet, pour ces dernières, il arrive qu’elles fassent boire au malade le célèbre « bouillon-d’onze-heures », mais c’est dans l’intention que cessent ses souffrances. Finalement, si mon narcissisme n’excède pas les limites de la bienséance, si je n’insulte qu’en termes mesurés, si je ne regimbe qu’à peine sous la critique, si j’aime les miens, si je n’ai jamais été attiré par les métiers des affaires et de la banque (**), je conviens avec soulagement que je suis fort éloigné de la psychopathie. Violenter ? Torturer ? Assassiner ?… je n’ai jamais eu l’intention de me livrer à ces plaisants divertissements et, je l’avoue, je ne m’y livrerai jamais (***). Me voici entièrement rassuré.

 

(*) C’est d’ailleurs la fonction de l’expérience que de n’apprendre jamais rien à personne.

(**) Une voix amie, la dernière qui eût dû me rapporter le bruit infâme, m’a récemment assuré que l’on me tient, parmi mes ex-connaissances littéraires parisiennes, pour un habile détecteur de mécènes cachés, de sources de revenus plus ou moins secrètes, bref pour un artiste tout en manœuvres et stratagèmes destinés à l’enrichir. Ma sagesse, qui ne va pas jusqu’à ne pouvoir souffrir, saura peut-être éviter la rancune.

(***) L’affaire de l’assassinat d’un enfant de quatre ans, Gregory, jeté pieds et poings liés dans la rivière La Vologne, il y a de cela plus de trente ans, semble reprendre de son acuité aujourd’hui. L’étude de la graphie en progrès et un nouveau programme informatique livreraient de nouveaux indices décisifs. Ce crime particulièrement répugnant, dont l’envie et la cupidité semblent avoir été les seuls mobiles, me plonge dans des doutes profonds quant à ma certitude de ne jamais tuer à mon tour. Ma sagesse ? J’en parle à mon aise.

 

§. L’art mal assis. Le M. de ce 15/VI, sous le titre Les lignes en fuite de Pablo Reinoso (Ô la fatigue de celui qui nous concocta ce titre magnifiquement incompréhensible !), commente longuement l’œuvre de l’artiste, le porte au pinacle du design, et nous le montre assis aux deux extrémités d’un banc de square de sa composition. Ce banc est composé de lamelles de bois fixées sur deux socles de fer aux deux extrémités, l’espace central étant occupé par les seules lamelles tortillées comme spaghetti oubliées au fond d’une casserole. On suppose que cette cuisine italo-française, d’ailleurs nommée Double Spaghetti, passe pour de l’art. M. Reinoso, artiste franco-argentin jambes croisées, main au front, y joue les Penseurs ou, pour être exact, y fait l’intéressant. Une « consécration » nous dit-on. Dans un siècle, lorsque s’ouvriront caves, greniers et réserves des musées de France, on y découvrira un immense entassement d’objets ridicules, le bric-à-brac de notre art dit « contemporain », dont ne voudront ni les ferrailleurs ni les brocanteurs.

Le 15/VI

 

#. Élections législatives, 2d tour, ce dimanche 16 juin. Les médias nous annoncent, à midi, une participation encore en baisse en comparaison de celle du dimanche précédent, laquelle n’atteignait pas la moitié des « inscrits ». Je ne voterai pas : mon choix est entre un partisan de M. Mélenchon, un homme qui veut la chose et son contraire, une immigration sans limites et le retour d’un travail honnêtement rétribué pour les classes travailleuses ; un partisan de la marche en arrière avec M. Macron et ses troupes levées comme dans un conte de princes et de princesses pour fillettes attardées, un homme qui fait de moi un « criminel de guerre » en raison d’une guerre coloniale, un homme qui, quoique élevé au biberon des grandes écoles, s’adressera bientôt à moi en langue anglaise, car il n’a pas eu l’occasion de rencontrer encore « une culture française ».

On déprimerait à moins ! Cependant, dans le double naufrage du grand parti de droite et du parti du progrès s’affichant « de gauche » durant les dernières décennies, j’estime que nous avons gagné ceci : sont, pour un temps, écartés du champ gouvernemental ces cyniques ou cryptiques adeptes de l’islamolâtrie, nous apparût-elle le plus souvent sous le signe de l’islamistolâtrie combattante et mortifère. Ces braves aveugles sur le pire danger qui nous menace, ces alliés dans la négation du danger sous l’abri déjà ébranlé de la laïcité, ces transfuges nous reconnaissant la seule identité de l’argent-maître-du-monde, ces négateurs de nos évidentes racines juives et chrétiennes (je l’affirme en tant qu’athée déclaré non sectaire), ces destructeurs d’églises simultanément constructeurs de mosquées (dernièrement : l’église Ste Rita, à Paris ; la grande mosquée de Toulouse) vont donc, et c’est fort bien, s’effacer de notre champ visuel. Ce que l’on ignore pour l’instant, c’est l’intérêt que M. Macron portera à ces questions dont il semble n’avoir aucun souci. Le furoncle n’a pas été asséché et les troupes macronistes se composeront, en grande partie, des mêmes transfuges de la bien-pensance qui ne tarderont pas à faire mine de s’opposer.

Ce soir. D’abord, ouf ! Huit mois d’une campagne électorale frénétique se terminent. Nous respirons, nous soufflons, nous allons enfin partir vers les plages, les montagnes, les campagnes et les îles…

Résultats du scrutin. Le parti vainqueur : les Abstentionnistes, soit 57,4% de l’électorat. Certains pensent que le résultat, la victoire du Macronisme « En Marche », étant acquis, on aura préféré partir en promenade. C’est peut-être aussi nier la lassitude, l’illisibilité des choix encore possibles, et aussi le dégoût pour une classe politique de laquais qui, installée dans les vieux partis, n’a cessé de courir aux portes du palais pour espérer trouver les engagements domestiques indispensables à son existence confortable et confortablement rémunérée. Il est observé que 440 députés (sur les 577 composant l’Assemblée) sont élus ou réélus par moins de 25% des électeurs de leurs circonscriptions respectives (Le M. du 20/VI). Les votes « blancs ou nuls » sont toujours comptabilisés dans la même catégorie, ce qui est une ignominie en régime démocratique. Les « En Marche » se taillent la part du lion avec une majorité absolue de 308 voix, auxquelles on peut adjoindre momentanément les 42 voix du « Modem » de l’inénarrable M. Bayrou. La droite « Les Républicains », avec 113 voix (elle en avait 199) conserve un socle dont on peut penser qu’il ne tardera pas à se fissurer. L’ex-« Parti Socialiste » figure une espèce en voie d’extinction (33 voix au lieu des 284 précédentes), une simple tendance crépusculaire désormais à l’étage des soins palliatifs… Alentour, les météorites (« PC » et divers, 27 voix ; les « Verts », 13 voix ; l’« UDI », 17 voix… essayeront de se trouver des alliés, on l’imagine. Il est à noter qu’en dépit de la notoire incompétence de sa cheftaine, Mme Marine Le Pen, et d’une campagne catastrophique, dans la haine générale qui le poursuit, le FN quadruple sa représentation avec 8 députés : on règne ici dans des bastions, c’est selon moi une forme moyenâgeuse de la domination des esprits, peut-être dangereuse, parfois raisonnant assez sainement, et bien éloignée d’une quelconque tendance hitlérienne de gouvernement. [*]

Dernier fait notable, l’Assemblée est rajeunie (âge moyen de 48,6 ans contre les 54,8 ans de la précédente cuvée), et, excellente nouvelle, comporte désormais 38,6% (*) de femmes. Peut-être la raison, une véritable compréhension des choses pourra-t-elle mieux s’y exprimer ! (Le parti Misogyne se tord de rire !) En outre, comme on n’imagine pas l’éléphant macronien ne pas voter, ou s’opposer, dans un premier temps du moins, aux propositions législatives, aux décrets-lois et ordonnances de l’exécutif, on y aura du temps libre permettant d’organiser des thés-dansants, des goûters d’enfants, voire des soirées festives. (Ne suis-je pas un brin misogyne, moi aussi ?) Bref, le meilleur plutôt que le pire est à prévoir. Du moins, oui, dans un premier temps !

Le 23/VI

 

[(*) Pour cette réflexion, pourcentages et chiffres proviennent du quotidien le M.]

 

#. Serrage des derniers boulons : l’Exécutif ! Ou quand c’est fini, n-i ni-niça recommence…Remaniement ministériel de règle après les législatives. Le personnel augmente. C’est l’usage. Le président finit toujours sa mandature à la tête d’un véritable pensionnat, parfois d’une maison de retraite. Le socialisme, à peine camouflé dans la panse de l’éléphant, va certainement s’affirmer davantage dans les troupes de choc des ministères. On prend les mêmes, mais sous la flatteuse étiquette macronienne ils paraissent tout autres. En outre, M. Macron est-il autre chose qu’un socialiste déguisé ? On prétend réformer les mœurs du cercle politique : deux piliers du Modem (centristes déguisés en réformateurs) doivent s’écarter car soupçonnés de « faux-emplois » européens au seul bénéfice de leur parti ; le chef dudit parti, qui aura été ministre des vertus et pudeurs républicaines, est lui aussi contraint au départ pour les mêmes raisons : il eût été juge et partie dans les enquêtes diligentées contre sa personne, et peut-être le procès qui s’ensuivra. Il ne semble regretté par personne, certains applaudissant bruyamment. Enfin, M. Richard Ferrand, ministre aux mystères de la « cohésion des territoires », soupçonné de profits immobiliers illicites par épouse interposée, se retire lui aussi, drapé dans une admirable bonne conscience.

§. Les à-côtés. Pas un jour ne passe sans qu’un attentat « terroriste » réussi ou manqué (entendre ici l’expression un peu vive des justes inquiétudes musulmanes brimés par Charles Martel, les Croisés et les Rois catholiques !) ne se produise à Paris, Bruxelles ou Londres. M. Collomb, ministre de l’intérieur, réfléchirait aux bonnes mesures à prendre. Nul ne semblerait s’être avisé que l’on nous fait une guerre non déclarée mais bien réelle. Faudra-t-il mille victimes, dix-mille… pour que l’on veuille bien considérer la question ? Pour couronner le tout, un Turc, un pur serviteur du tyran négationniste Erdogan, est nommé président du Conseil français du culte musulman (CFCM), et M. Macron préside avec bonheur un repas de gala (eaux minérales des premiers crus) organisé pour fêter l’entrée de la musulmanie dans les épreuves du ramadan. L’a-t-on vu se réjouir avec les catholiques à la fin du carême ? Je n’ose imaginer pareille monstruosité. A-t-on vu des catholiques poser des bombes, lancer des véhicules sur la foule, poignarder d’innocents musulmans dans nos rues ? Je n’ai entendu parler de rien de tel, sinon que les véritables crapules, malgré tout, ce sont eux, les derniers adeptes du parti du philosophe Jésus. Comme dit mon voisin de palier, on n’est pas sorti du kebab. Et la nave va…

Le 24/VI

 

#. Pour clore ce printemps : les « monothéismes ». Toutes les religions sont sous nos yeux, pour peu que nous les ouvrions, de véritables catastrophes, des épidémies de peste incontrôlables. Les monothéismes singulièrement [*] : ils sont trois pour l’essentiel et ils ont chacun un Dieu, le leur, qui non seulement surpasse les deux autres mais nie leur réelle existence, et change les croyants qui ne sont pas de sa secte en infidèles, en hérétiques, en humains à mépriser et même à faire disparaître de la surface de la terre. Cela, dans un enchaînement automatique, engendre la peur, puis la haine, puis l’assassinat, puis la guerre religieuse. Nous pensions ce processus passé de mode depuis environs trois-cents ans. Eh bien non. L’islam-Daesh, récemment encore prêché du haut du minbar (chaire) de la mosquée détruite de Mossoul, avec ses collaborateurs passifs (indigènes indifférents, ignares, sourds et aveugles) et actifs (islamolâtres se disant de progrès [**]) mène chez nous sa guerre de religion en toute tranquillité, les mesures prises pour la contrecarrer n’étant que cautères sur jambe de bois et vains discours analgésiques.

Le 30/VI

 

[*] À l’exception notable du catholicisme, religion de nos ancêtres qu’on le veuille ou non, sur lequel on peut cracher à loisir, exercer sa « phobie » en toute bonne conscience au nom de la raison et de la laïcité. Pourtant, pas de bombes ni de camions explosant dans la foule avec la bénédiction du Vatican !

[**] Leurs derniers succès : fournir le gros des troupes macronistes du mouvement « En Marche » à l’assemblée et aux Conseils ministériels. Faire chasser quelques journalistes lucides (de ceux, par exemple, qui comme Mme Natacha Polony, d’Europe 1, firent écho à la défenestration mortelle précédée de tortures de Mme Sarah Halimi, retraitée juive sans défense, au cri de « Allah ou Akbar ». Je m’interroge, forcément, je m’interroge : à quand l’ouverture en France du premier camp d’internement pour intellectuels et esprits dissidents, tels ceux qu’ouvrit le respectable M. Hitler, en Allemagne, vers 1932 ou 1933 ?

 

À Rigolade House

Une étrange missive ou ça ne rigole plus. Je survivais dans notre salon-bar changé en résidence d’été. D’été ? C’était beaucoup dire, un jour de soleil, deux jours de grisaille. Enfin, un matin, tristement (je ne me sentais concerné qu’à demi par les projets du baron et de ses troupes) assis devant mon croissant chaud (livré par une boulangerie proche) et ma boisson écossaise single malt préférée, j’entendis que les services de la poste glissaient une enveloppe sous la grille et la porte de verre. Je m’empressai de l’ouvrir. Sur une feuille impeccablement blanche, je lus ces lignes décisives signées de la main du baron.

Île de Somnia-Bora,

Ce 15 juin 2017

Cher ami Michel, dit Le Maniak,

Toute notre équipe, établie incognita, sur une plage d’une île merveilleuse de l’océan Pacifique, s’efforce de figurer une colonie de vacances pour personnes du second et du troisième âge. En fait, nous préparons activement notre arrivée. Le Parti de l’Ombre prend forme. Il évalue ses réelles possibilités d’action dont vous aurez la primeur sous peu. Pour ne pas éveiller les soupçons, nous rentrerons sur des appareils d’Aéroflot et de la Lufthansa. Nous aurons l’apparence de parfaits touristes rentrant de leur périple estival. Mme de Gris-Manoir et la baronne de Krick-en-Krock, ayant quelque peu abusé des cocktails locaux, fort épicés il est vrai, rentreront affligées de maux d’estomac que vous serez personnellement chargé de combattre par la composition de tisanes pour quoi vous recevrez les conseils du Dr Penicillium-Valium. Lorsque votre téléphone aura sonné quatre fois de suite, vous pourrez enfin actionner le bouton « Ecoute ». Je serai au bout du fil. Ce sera au plus tôt en juillet.

Bien vôtre,

Baron des Cours-d’Immeubles

 

Carnet LIII, juin 2017 (À suivre)

 

A.R. 6, Affaires religieuses, Carnets d’un fou LIII, juin 2017

L’épopée de Sœur Évangéline Quincampoix

Le père jésuite Anatole Périer, un disciple de Saint Ignace, non sans difficulté finit par retrouver Sœur Évangéline Quincampoix dans son camp de vacances des sables, au-delà de Saint-Malo. La difficulté vint de ce qu’Évangéline allait et venait entièrement dénudée au milieu de jeunes gens aussi peu vêtus qu’elle. Anatole Périer n’en crut pas ses yeux innocents, puis reconnut le visage de la sainte jeune fille dont les images étaient distribuées chaque dimanche aux catéchumènes et aux dévots de toutes les paroisses de France et de Navarre (surtout de Navarre, pour dire le vrai). Il en conclut que les mœurs des congrégations avaient connu des avancées inconnues de lui, et qu’il lui fallait se munir d’une longue-vue et d’un enregistreur sonore à longue distance s’il voulait analyser et comprendre la situation. Grâce à son iPhone à rechargement solaire, il informa sa maison mère, sise à Paris, non loin de la rue des Petits-Champs, des progrès de son enquête et des achats qu’il devait effectuer afin de la poursuivre. On lui laissa la bride sur le cou et l’assura de l’approvisionnement de son compte bancaire. Après une nuit à la belle étoile au cours de laquelle il souffrit du froid apporté par les vents d’Irlande et d’Angleterre, Anatole Périer se rendit en ville où il acheta une couverture auto-chauffante fabriquée en Allemagne, des sandwiches « longue conservation » fabriqués en Chine, une longue-vue de la marque Nikon et un capteur de son fabriqué aux Philippines. Le soir-même, il s’installa confortablement sur le sable, entre les oyats, et dans une position qui lui permettait de voir et d’entendre tout ce qui se déroulait et se disait dans le camp des Impudiques. Intérieurement révolté, mais entièrement voué à sa mission, il se mit aux aguets.

La petite troupe des noctambules rentra tard, vers les trois heures du matin, probablement d’une virée en boîte. Anatole les eût imaginés excités en diable et prêts à prolonger leur orgie. Il en alla tout autrement, sauf pour Évangéline qui houspillait les jeunes gens fatigués dont le seul désir était, apparemment, de se mettre au lit. Son capteur de son lui permit d’entendre très distinctement des éléments de leurs conversations, comme : « Ma parole, vous êtes des chiffes molles, vous ne tenez pas le coup jeunes gens… j’ai honte pour vous… ». « Arrête avec ça, Éva… (son nom avait donc été abrégé)… Tu as eu notre peau… Tu nous as exténués… ». Sœur Éva courait de l’un à l’autre, tentant de ranimer les ardeurs d’une flatterie ouvertement sexuelle, d’un compliment sur ses performances passées, d’une caresse adéquate… « Allons, Éva, tu nous as tous usés… Est-ce qu’elles sont toutes comme toi dans ton couvent ? » Elle tentait en vain de lutter encore, puis elle renonça dans les termes suivants : « Vous me décevez, garçons ! Beaucoup ! J’avais espéré connaître enfin le péché, eh bien c’est raté. Allez-y, dormez, roupillez, mais à une seule condition… Que nous partions pour la Belgique dès demain et que vous m’emmeniez voir Dédé-la-Saumure… Alors, c’est oui ou c’est non ? ». « C’est oui ! » lui répondirent-ils d’une seule voix. Le silence se fit. Seul le ressac des vagues permit à Anatole Périer de s’endormir à son tour, non sans s’être demandé avec une pointe d’angoisse comment il poursuivrait son enquête et avoir acquis la certitude que Sœur Évangéline connaissait bel et bien le péché, mais qu’elle ne le savait pas.

(À suivre…)

 

Définitions-éclair :

Vacances : Périodes de l’année où le néant se substitue au vide. Ou l’inverse.

Valise : Bagage dans lequel tient une existence humaine. Certains traversent la leur avec plusieurs valises, voire des coffres et des malles, dans l’illusion de la mieux remplir. Avoir des valises sous les yeux : avoir eu une existence très triste. Faire sa valise : ne pas donner suite à une entreprise d’ailleurs compromise dès le départ. Valise diplomatique : permet d’exporter du caviar, de la cocaïne, des diamants, des photos pornographiques… au milieu de papiers sans importance. Maux-valises : le bagage existentiel. Mots-valises : dictionnaires, encyclopédies, lexiques, vocabulaires, répertoires, etc.

Vanité : Non pas le tribut du sot à l’imbécile le plus proche, mais l’inverse. Nous sommes, pour une fois, dans la désolante obligation de contredire Ambrose Bierce. La vanité reste le moteur des conversations : « Quand la vanité ne fait point parler, on n’a pas envie de dire grand-chose » (La Rochefoucauld), et elle se distingue radicalement de l’orgueil ; « La vanité n’est que d’être sensible à l’opinion probable des autres sur nous. L’orgueil est d’y être insensible » (Paul Valéry).

Vérité : À la vérité, on ne comprend pas pourquoi elle ne fonde pas un quartette avec les demoiselles Liberté, Égalité, Fraternité. N’est-elle pas aussi inaccessible que ces trois chanceuses ? C’est peut-être aussi que « trop nue, elle n’excite pas les hommes » comme disait Jean Cocteau. Ce que confirme indirectement Cioran : « Une marotte d’adolescents, ou un symptôme de sénilité ». S’il vous arrivait de rencontrer une vérité, ne la dites pas, on ne vous trouverait aucune excuse : « Veritas odium parit » (Térence). Quant aux hommes de lettres, ils seraient bien mal avisés de vouloir qu’on la leur servît : « Non seulement les auteurs n’acceptent que des éloges, mais encore ils exigent qu’on ne dise que la vérité. Comment faire ? » (Jules Renard).

Vertu : Peut engendrer cet orgueil secret qui a nom hypocrisie, ce pourquoi elle est peu recherchée, ou pratiquée seulement par des êtres d’exception : « Quelques théologiens disent que le divin empereur Antonin n’était pas vertueux ; […] qu’il fut toute sa vie juste, laborieux, bienfaisant, par vanité, et qu’il ne fit que tromper les hommes par ses vertus ; je m’écrie alors : “Mon Dieu, donnez-nous souvent de pareils fripons !” » (Voltaire). « On parle aujourd’hui de “qualités personnelles”, de “dérives”, de “pulsions”. On n’a plus ni vices ni vertus. Quant aux dames de grande vertu, elles sont introuvables ; de moyenne vertu, fort agréables ; de petite vertu, secourables » (Michel le Maniak, théologien polonais).

Vice : Objet très désirable dans cette partie du monde conformiste et d’apparence vertueuse. S’il faut en croire La Rochefoucauld, on le trouvera sous le pied d’un cheval : « Ce qui nous empêche seulement de nous abandonner à un seul vice est que nous en avons plusieurs ».

Vide : Se réalise aisément sous certaines cloches et dans la plupart des têtes. Non, la nature ne l’a pas en horreur. Mademoiselle de Lespinasse l’avouait – louons sa sincérité – « Ma tête est vide comme une lanterne », aveu digne d’un esprit éclairé.

Vie : Passage dans le vide d’un être issu de Rien et retournant au Néant. Seule alternative à la mort. Ce pessimisme n’est cependant pas partagé par tout le monde ; « Se débarrasser de la vie, c’est se priver du bonheur de s’en moquer » (Cioran). Curiosités langagières. La vie vaut d’être vécue : se dit pour épater la galerie. Être en vie : affirmation toujours présomptueuse, voire outrecuidante. Conduire, mener… sa vie : forfanterie notoire. Vivre sa vie : s’il fallait en plus vivre celle des autres ! La vie est un enfer : tautologie courante. La vie ne vaut pas d’être vécue : découle de ce qui précède. Qui vivra verra : des vertes et des pas mûres. Passer de vie à trépas : instant où l’on se pose les questions auxquelles on n’a jamais répondu. Par exemple, celle-ci : « Où est cette vie que nous avons perdue en vivant ? » (Thomas Stearns Eliot).

Vieillard : Il est proche de la délivrance et de celle de la génération qui le suit. Il arrive que, parvenu au stade légume, le vieillard persiste à se nourrir. Pourquoi ? Par analogie, j’imagine. « Il va falloir un jour entrer dans la vieillesse. C’est un appartement désert. […] Et puis, un jour, soi-même, on se déguise en souvenir » (Alexandre Vialatte).

Ville : Lieu surpeuplé, nauséabond et obscur. On y développe une forte attirance pour la campagne.

Vin : Procure l’illusion que la vie vaut d’être vécue, et parfois que l’on a du talent. Un vrai poète ne vous découragera jamais d’en boire : « Ce vin est un breuvage éternel : il faut boire. / La source du bonheur ici-bas doit se boire. / C’est comme une eau de feu, qui chasse le chagrin / comme une eau de jouvence immortelle : il faut boire ! » (Omar Khayyâm, Quatrains, Trad. de Vincent-Mansour Monteil). In vino veritas. Cet adage nous peint à nos propres yeux sous les traits les plus flatteurs, nous laissant entendre que nous serions capables d’accéder à une vérité, fût-ce en y étant aidés. Reste que toute ivresse se dissipe.

Viol : Moyen et méthode pour ne pas s’autoriser à séduire.

Violence : Elle n’est pas inéluctable, il suffit d’y mettre un peu d’esprit : « Il y a des gens qui retirent volontiers ce qu’ils ont dit, comme on retire une épée du ventre de son adversaire » (Jules Renard).

Vol : Faculté merveilleuse que possèdent les oiseaux de prendre leurs distances. Et, pour certains humains, non moins enviable aptitude à mettre les biens d’autrui à distance de leur propriétaire. Le vol peut aussi être l’occasion de grandes injustices : « Il y a d’heureux larrons qui meurent de vieillesse, et d’autres qui au premier vol sont pendus » (Mateo Alemán).

Volonté : Cette faculté, si nécessaire à tout être que sa mère a mis au monde, est aujourd’hui discréditée et d’un usage très restreint. Il y a la bonne volonté, qui consiste à accepter de faire soudain ce que l’on n’avait jamais accepté jusqu’alors, et la mauvaise, qui consiste à ne plus accepter de faire soudain ce que l’on avait toujours fait auparavant. La volonté de Dieu (« Si Dieu le veut… Inch Allah… ») est d’un usage très commode. Elle permet de se passer de la sienne propre, autrement dit de n’en avoir aucune, ce que le philosophe espagnol José Ortega y Gasset définissait comme « faire preuve d’une grande nolonté ». La tradition chrétienne a cru apporter un vague correctif à l’inconvénient, avec la sentence « Aide-toi, le ciel t’aidera ».

Vote : Heure intense de la vie démocratique où l’être doué de jugement, satisfaisant ses vœux les plus secrets, se sait enfin l’égal de qui en est totalement dépourvu. L’acte de voter s’autorise d’un droit, le droit de vote, dont Octave Mirbeau nous a donné la définition la plus tranchante : « Les élections, ce sont les moutons qui choisissent leur boucher ».

Voyager : Déplacer le problème. Cicéron, je crois, le disait en son temps en un latin châtié et un phrasé plus ample. Pour ceux qui prétendent n’avoir aucun problème ne voyagent pas, ils font du tourisme. L’inanité des voyages remonte à la plus haute antiquité, comme eût dit Vialatte. « Le vain travail de voir divers pays » a écrit Maurice Scève.

Voyant : Borgne qui fait mine de se mettre au service des aveugles. Ambrose Bierce observa parfaitement la voyante : « Personne du sexe féminin capable de voir ce qui est invisible pour son client, à savoir qu’il est un imbécile ».

Voyeurisme : Plaisante occupation qui ne nuit à personne.

 

Fin des Carnets  LIII, pour juin 2017

 

Michel Host

 

Rappelons au lecteur que ces chroniques ont été écrites un mois, parfois un mois et demi, avant qu’il ne les lise, d’où une possible impression, parfois, de déjà lu !

 


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A propos du rédacteur

Michel Host

 

(photo Martine Simon)


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Rédacteur. Président d'honneur du magazine.


Michel Host, agrégé d’espagnol, professeur heureux dans une autre vie, poète, nouvelliste, romancier et traducteur à ses heures.

Enfance difficile, voire complexe, mais n’en a fait ni tout un plat littéraire, ni n’a encore assassiné personne.

Aime les dames, la vitesse, le rugby, les araignées, les chats. A fondé l’Ordre du Mistigri, présidé la revue La Sœur de l’Ange.

Derniers ouvrages parus :

La Ville aux hommes, Poèmes, Éd. Encres vives, 2015

Les Jardins d’Atalante, Poème, Éd. Rhubarbe, 2014

Figuration de l’Amante, Poème, Éd. de l’Atlantique, 2010

L’êtrécrivain (préface, Jean Claude Bologne), Méditations et vagabondages sur la condition de l’écrivain, Éd. Rhubarbe, 2020

L’Arbre et le Béton (avec Margo Ohayon), Dialogue, éd. Rhubarbe, 2016

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Mémoires du Serpent (roman), Éd. Hermann, 2010

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Carnets d’un fou. La Styx Croisières Cie, Chroniques mensuelles (années 2000-2020)

Publication numérique, Les Editions de Londres & La Cause Littéraire

 

Traductions :

Luis de Góngora, La Femme chez Góngora, petite anthologie bilingue, Éd. Alcyone, 2018

Aristophane, Lysistrata ou la grève du sexe (2e éd. 2010),

Aristophane, Ploutos (éd. Les Mille & Une nuits)

Trente poèmes d’amour de la tradition mozarabe andalouse (XIIe & XIIIe siècles), 1ère traduction en français, à L’Escampette (2010)

Jorge Manrique, Stances pour le mort de son père (bilingue) Éd. De l’Atlantique (2011)

Federico García Lorca, Romances gitanes (Romancero gitano), Éd. Alcyone, bilingue, 2e éd. 2016

Luis de Góngora, Les 167 Sonnets authentifiés, bilingue, Éd. B. Dumerchez, 2002

Luis de Góngora, La Fable de Polyphème et Galatée, Éditions de l’Escampette, 2005