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Les Chroniques

Sur "le Poison" de Charles Jackson, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 02 Novembre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Le Poison, Charles Jackson, Belfond Vintage, septembre 2016, trad. américain Denise Nast, 384 pages, 17 €

 

Ah le putain de grand roman ! Ah la putain de baffe en travers de la tronche ! Ah le sentiment de s’être mangé un mur littéraire en plein !

Bon, d’accord, ça ne se fait pas de débuter une chronique littéraire de la sorte, ça ne se fait pas mais on s’en moque. Ce n’est pas tous les jours que remonte des oubliettes de l’histoire littéraire un chef-d’œuvre, et on pardonnera les écarts de langage : parfois, on a tout simplement envie de dire ce qu’on a ressenti en lisant un roman, pas d’en livrer une savante analyse – enfin, savante, disons-le vite, la modestie est de mise. Tâchons quand même d’écrire quelques lignes sur Le Poison (1944, The Lost Weekend, dans la version originale, titre plus énigmatique et plus exact quant à la durée narrative), premier roman de Charles Jackson (1903-1968), pour lequel son auteur est célébré dans le monde anglo-saxon.

(2) Poésie et chanson, stop aux a priori ! 100 pages pour remettre les pendules à l’heure, Matthias Vincenot, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 02 Novembre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Poésie et chanson, stop aux a priori ! 100 pages pour remettre les pendules à l’heure, Matthias Vincenot, Éd. Fortuna, mai 2017, 104 pages, 12 €

 

La réussite de ce nouveau livre de Matthias Vincenot – poète, Docteur ès lettres, Chevalier des Arts et Lettres et professeur aux Cours de Civilisation française de la Sorbonne, créateur du Festival DécOUVRIR de Concèze en Corrèze – réside dans sa force argumentative illustrée d’exemples concrets empruntés à notre patrimoine littéraire et à nos répertoires de la chanson. L’ensemble de son essai agréable d’accès bénéficie d’une clarté qui donne toute sa puissance et son évidence au plaidoyer ici proposé. Son actualité (il s’agit de « remettre les pendules à l’heure ») et son intelligibilité, d’une lisibilité attractive, ne gâchent rien à la pertinence de la thèse et au plaisir de cette lecture. Un peu comme si – peut-être malgré lui – Matthias Vincenot avait réussi pour son livre cette alchimie des ingrédients qui met en bouche et pour notre plaisir ce qui participe semblablement à la réussite d’un poème qui « nous » parle, au succès d’une chanson.

L'Atelier Contemporain : 4 livres, par Philippe Chauché

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Les Corps vulnérables, Jean-Louis Baudry, L’Atelier contemporain, août 2017, 1256 pages, 30 € (deuxième recension)

L’Enfant aux cerises, Jean-Louis Baudry, L’Atelier contemporain, 2016, Préface et photographies Alain Fleischer, 176 pages, 20 € (deuxième recension)

Sans peinture, Nicolas Pesquès, L’Atelier contemporain, mai 2017, 224 pages, 25 €

L’immobilité battante, Entretiens avec Jean-Pascal Léger, Pierre Tal Coat, L’Atelier contemporain, juin 2017, Photographies Michel Dieuzaide, 120 pages, 20 €

 

Ouvrir un livre que publie François-Marie Deyrolle est à chaque fois une aventure artistique et poétique, ses livres constituent l’une des plus belles bibliothèques contemporaines consacrées à l’art vivant, à l’art en mouvement, qu’il se dessine, se peigne ou s’écrive, c’est toujours une heureuse bénédiction de les lire. Contre vents mauvais et marais mouvants, François-Marie Deyrolle édite quelques pépites rares, où les mots et les images témoignent des peintres et de ceux qui les écoutent et savent les voir.

Poésie du heurt - à propos de Connaissance par les larmes, Michèle Finck, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Connaissance par les larmes, Michèle Finck, Arfuyen, septembre 2017, 208 pages, 17 €

 

Pour expliquer en quoi le dernier livre de Michèle Finck présente de l’intérêt, il faut que j’en passe un peu par ma biographie, car cette lecture s’est faite sous l’empire du heurt avec le temps – des fractions de temps volées aux réalités contingentes – et avec la psychologie – ayant un rapport ancien aux larmes qui me rend proche de cette littérature de la douleur et de la mort. D’ailleurs, le titre de l’ouvrage, Connaissance par les larmes, rappelle immanquablement la Connaissance par les gouffres de Henri Michaux, lequel a traversé le langage poétique grâce à la violence de drogues hallucinogènes afin d’explorer les possibles de l’esprit humain. Ici se sont les larmes qui sont un opium. Elles guident la poétesse dans des tourments spirituels, largement engagés dans la connaissance de dieu. Du dieu chrétien des larmes johanniques notamment. Et particulièrement autour des versets qui narrent la blessure au côté droit d’où s’échappent du sang et de l’eau. Eau, larmes, neiges, rivières et pluies : toutes ces eaux sont spirituelles.

A propos de Mémoires, suivi de Journal de guerre, Roland Garros, par Jean Durry

Ecrit par Jean Durry , le Jeudi, 26 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Mémoires, suivi de Journal de guerre, Roland Garros, Phébus, 2016, Préface de Philippe Forest, Avant-propos et dossier de Jean-Pierre Lefèvre-Garros, 445 pages, 23 €

 

Cinq années, ou plutôt 59 mois, c’est si peu. Mais ils peuvent contenir la quintessence d’une vie, et même toute la naissance de l’aviation. De là le vif intérêt des Souvenirs, authentiques par définition, de Roland Garros tels qu’ils sont remis – nous y reviendrons – en lumière dans cette édition munie de tout l’appareil le plus utile pour mettre leur texte en valeur : préface, avant-propos, notes très précises de bas de page, « dossier » c’est-à-dire chronologie (6 octobre 1888, naissance à Saint-Denis de la Réunion / 5 octobre 1918, disparition en combat aérien, 38 jours avant l’armistice) et notices biographiques complémentaires. De la révélation reçue en compagnie de son condisciple de HEC, Jacques Quellenec, lors de la première Semaine d’Aviation de Reims (22-29 août 1909), à la visite de sept usines allemandes à la toute fin juillet 1914, le compte y est ; le récit d’un des grands acteurs porte le plus réaliste témoignage, restituant de son angle de vue personnel, au fil des 300 pages serrées, les aléas de la si rapide progression de cette invention majeure de la créature humaine : la conquête du vol du « plus lourd que l’air ».