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Les Chroniques

Enveloppez la bêtise dans un discours religieux…, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 22 Novembre 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Les minorités face à la majorité de la bêtise

La littérature doit creuser, profondément piocher dans l’Histoire et dans la religion afin de pouvoir interpréter le secret de cette terreur qui menace ou qui habite le fond du citoyen arabo-musulman.

Et ils sont nombreux en nombre de têtes !! Ceux qui ont fait de la religion une profession, un métier pour gagner du pain et pour conquérir le pouvoir et la richesse ! Cela est appelé : la pollution de la religion.

Enveloppez la bêtise dans un discours religieux, n’importe quelle bêtise, grande ou petite, politique, culturelle ou scientifique, emballez-la dans une langue colorée d’un lexique religieux, et elle reprendra les ailes, a dit un jour Ibn Ruchd Averroès, philosophe de la rationalité. Sa parole est toujours d’actualité. La bêtise, toute bêtise fascine dès qu’elle est portée par une langue religieuse ! Dans une société, comme la nôtre, la pauvreté culturelle, l’obscurantisme dans l’école, l’université isolée recroquevillée sur elle-même, l’absence de la pensée critique et rationnelle, tout cet environnement favorise l’hégémonie et la répression religieuses sur l’imaginaire libre du citoyen. Il faut clarifier que dans ce cas de figure, le religieux n’est pas le spirituel. Au contraire le religieux est l’ennemi ou l’opposé du spirituel.

La poésie d’Aimé Césaire, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Jeudi, 17 Novembre 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

« Parole des profondeurs »

Aimé Césaire est écrivain, dramaturge, biographe, homme politique, avant tout et par-dessus tout, il est poète. Il est cet être sensible et lucide, animé par ses passions ardentes ; il est ce manouvrier de la langue qu’il use à loisir, en toute liberté, pour dire, affirmer haut et fort et graver son être au monde. La poésie césairienne éblouit par la beauté de son verbe ; elle envoûte par son parfum à l’essence de vérité ; elle émeut par sa sincérité, son authenticité et sa profondeur.

Le verbe poétique d’Aimé Césaire sonne comme une promesse de vie et d’épanouissement ; c’est une voix qui résonne en nous, qui parle à notre sensibilité, qui panse nos plaies, nourrit nos ambitions et fait vivre nos rêves.

Aimé Césaire définit la poésie comme « la parole rare », « la parole essentielle », la « parole fondamentale », « la parole des profondeurs ». De son point de vue, la poésie est une parole qui « s’accumule ; elle s’accumule pendant longtemps ; elle s’accumule patiemment, elle fait son cheminement ; on peut la croire éteinte et brusquement, la grande déchirure : l’éruption ! »

Café L’Avenir, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 15 Novembre 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Vendredi. La ville grandit mais comme un corps échoué sur une plage. L’architecture-baril : cubes sur cubes. On reloge un peuple sans toit. On ne peuple pas une terre. Bâtir, est donner du sens à la pierre éparse. Il n’y a pas de centre dans les nouvelles villes algériennes. Elles sont périphériques, en marge, en banlieue. Le centre est colonial. Car le colon a fondé, nous avons étendu. Il a peuplé, nous avons relogé. Il a imposé sa pierre et son angle. Nous sommes épuisés. Les villes algériennes du baril ne sont pas une conquête, mais des abris. Reflux, pas empire. Rétraction, pas occupation. On a libéré ce pays pour le fuir, s’y enterrer, pas le déterrer. Toute l’architecture s’en ressent : le régime loge et reloge. Il n’est pas un sens, mais une politique. Son but est le chiffre final, le bilan, la statistique, pas la façade, la colonne ou l’architecture et la voûte parfaite. Il est dans la hâte, pas dans l’éternité. L’architecture algérienne est du plan, pas du sens. A l’architecte algérien, il manque une vision du monde, le sens, une façon de se saisir de l’univers en cherchant, dans le tâtonnement, son encolure. Les architectes naissent après les prophètes, toujours. Et pas après les indépendances. Il leur manque, chez nous, une langue puissante. Un poids de soi. On ne peut pas construire un centre pour la ville si on n’est pas convaincu que l’on fonde le centre du monde, encore une fois.

Dictionnaire de la controverse, Cincinnatus, numéro 2, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 08 Novembre 2016. , dans Les Chroniques, Bonnes feuilles, Chroniques régulières, La Une CED

Dictionnaire de la controverse, Cincinnatus I à P (Editions de Londres)

 

Parution du Vol. 3 du Dictionnaire de la Controverse : de « i » à « p », par Cincinnatus

 

Dictionnaire de la controverse

Abécédaire de la bêtise

7 extraits du Dictionnaire de Cincinnatus (vol. 3) :

 

I) Islam

nom commun ; exemple : l’Islam est la deuxième religion de France.

La France est déchirée entre deux fantasmes portés par deux groupes farouchement opposés.

Le premier groupe considère que la religion est une activité humaine anachronique.

Métaphysique de la poésie - Le Fils de la Montagne froide, de Han Shan, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 04 Novembre 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

à propos de Le Fils de la Montagne froide, de Han Shan, éd. Orphée-La Différence, septembre 2016, trad. Daniel Giraud, Calligraphie de Yu Wang, 128 pages, 8 €

 

Pourquoi lit-on de la poésie ? Sans doute pour y trouver les principes de nos existences prosaïques, et permettre de répondre aux questions essentielles, ainsi que de mesurer en quoi notre angoisse est productive. D’ailleurs cette croyance dans le pouvoir de la poésie répare le lecteur, et est une sorte de passion presque matérielle qui nous rend capables d’accepter le monde. Il en va exactement ainsi avec ce livre que publient les éditions Orphée-La Différence, poésie chinoise sans doute du VIIème siècle, ici présentée sous forme bilingue avec un travail calligraphique régulier, ordonné et rigoureux. On y trouve une expression de la beauté – justement une des raisons pratiques qui réparent notre condition d’homme. Et beau ici au sens strict de Kant, qui prône une beauté perçue universellement sans concept. Le beau permet d’augmenter notre puissance intérieure, et fait le fond métaphysique de cette poésie de la Montagne froide, laquelle revient aux plus simples questions, et pourtant énigmatiques et tant de fois évoquées, comme : où allons-nous, ou qui sommes-nous ?