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Les Chroniques

François Ier, Roi de France, Roi-Chevalier, Prince de la Renaissance française, Max Gallo

Ecrit par Vincent Robin , le Mardi, 17 Novembre 2015. , dans Les Chroniques, La Une CED

« Mon Dieu que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je déplu de m’avoir fait celui par lequel la chrétienté pouvait demeurer en repos » (p.349). Quand l’histoire surgit aux trois-quarts des présomptions, des états de conscience et du dialogue intérieur de ceux qui y prirent part, sa reconstitution ne saurait dépendre uniquement du recensement des marques physiques laissées par eux dans le marbre. Chambord ou Chenonceau ne sauraient de cette manière témoigner d’un savoir de bâtisseur glorifiant à jamais la pierre et sa sculpture éblouissante en-dehors de tout projet humain. Par extension, reconstituer l’agencement des temps anciens ne peut se réduire aux réassemblages de pièces mécaniques exhumées par l’archéologie pour remettre en action virtuelle la machine des déroulements antérieurs. Il nous est indispensable de connaître l’âme de ceux qui en furent les concepteurs et les agenceurs.  Habile sous cet angle et pour donner un sens aux extractions, dans le rôle d’un dénicheur de latences et décrypteur de filigranes, dans l’emploi délicat du littérateur-rassembleur doublé de l’historien à la connaissance solide, Max Gallo s’inscrit sûrement parmi nos précieux analystes et rapporteurs actuels de la trame du temps. Il est pourtant celui à qui certains puristes de « science froide » reprochent parfois sa propension lyrique et narrative, sous ce pli, le détournement d’un genre ou encore ses distances prises avec les institutions sacrales du « vrai de la discipline ». N’est toutefois pas qui veut, ni académicien ni maître de plume, a fortiori passeur de mémoire !

Deux livres de Ernest Pignon-Ernest et André Velter

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 13 Novembre 2015. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

 

Pour l’amour de l’amour, Figures de l’extase, Ernest Pignon-Ernest, André Velter, Gallimard, octobre 2015, 176 pages, 35 €

Dans la lumière déchirante de la mer, Pasolini assassiné, Ernest Pignon-Ernest, André Velter, Karin Espinosa, Actes Sud, novembre 2015, 80 pages, 25 €

 

« Elles étincellent à force d’être livides. / Elles sont au monde pour se libérer du monde. Elles souffrent d’une famine qui creuse plus que la faim. / Elles s’inventent un ciel infernal qui a un goût d’azur calciné ».

Carnets d’un fou – XXXII - Septembre 2015, Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 06 Novembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« Le pré est vénéneux mais joli en automne

Les vaches y paissant

Lentement s’empoisonnent

Le colchique couleur de cerne et de lilas

Y fleurit tes yeux comme cette fleur-là… »

Guillaume Apollinaire

 

# Préalable : ce Carnet de septembre 2015 – faits d’actualité obligent – tient grand compte des événements récents liés au Moyen-Orient, au monde de l’islam et aux bouleversements qui en découlent. Je sais qu’ici s’agitent et se fatiguent les esprits.

De l’art de ne rien faire face à Daech et ses prêcheurs, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 03 Novembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Sur une plage, sous le soleil dur, entre le sel et la solitude, un homme prend une arme et tire sur des touristes. Vieille fable de la littérature. Sauf que le tireur n’est pas un étranger. Les victimes le sont. A Tunis, le carnage va coûter, au-delà des vies irrécupérables, l’économie d’un pays fragile : misère, pain noir et chômage arrivent. C’est en gros l’idée de Daech international : provoquer la pauvreté, ruiner les pays puis annoncer la fin du monde et recruter les hallucinés de la peine et de la faim. La Tunisie, ce bel exemple contre nos fatalismes, a été touchée au cœur, cette fois, et la facture sera lourde. Sauf que ce Daech s’étend, conquiert, recrute. En Algérie, on y appelle déjà à l’ouverture d’une ambassade, un journaliste propose d’effacer l’étoile de sur notre drapeau pour la remplacer par « Allah ouakbar », sur certaines enseignes de pharmacies, le signe du serpent du Caducée a disparu, ne subsiste que le croissant, des éditos sont publiés pour expliquer que Daech est un barrage contre les sionistes et l’Occident, la daéchisation est en marche. D’où la question, l’unique question : que faire ? A cela on y répond différemment.

Entre l’opium et le bâton !, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 02 Novembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Souffles

 

Ils ont agressé le poète.

Dans la ville de Harhoura au Maroc, le poète Abdellatif Laâbi a été poignardé dans la nuit de dimanche à lundi 18 octobre 2015. Cela nous rappelle l’agression criminelle et idéologique islamiste contre le lauréat du prix Nobel Naguib Mahfouz, en 1994, dans les rues du Caire. Ils ont agressé le poète, Abdellatif Laâbi, dont sa vie fut un combat contre toutes les formes d’injustices infligées à la classe sociale démunie.

Ils ont agressé le poète, celui qui a prêté sa voix poétique et intellectuelle aux humbles et aux marginaux, celui qui a passé huit ans de sa vie dans les geôles du makhzen. De 1972 à 1980. Cette attaque contre le lauréat du Goncourt de la poésie 2009, Abdellatif Laâbi, n’est pas un fait divers. N’est pas un acte de délinquance. C’est une action commanditée par les acteurs de l’intolérance et de la haine idéologique.