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Les Chroniques

Le Bulletin Critique du Livre Français passe le relais à la Cause Littéraire, par Jean Durry

Ecrit par Jean Durry , le Mardi, 12 Janvier 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

A la Libération, Marie-Jeanne DURRY, écrivain et poète qui sera en 1947 la première femme élue professeur de littérature à la Sorbonne, est au côté d’Henri LAUGIER, directeur des Affaires Culturelles au Ministère des Affaires Étrangères. Elle va notamment marquer son passage à la tête du service du livre en créant deux parutions périodiques destinées à témoigner de la vitalité de la pensée et de l’édition françaises. Ce seront « Pages Françaises », une sélection dans l’esprit du « Reader ‘s Digest » qui fait alors florès, et « le Bulletin Critique du Livre Français ».

S‘affirmant d’emblée généraliste, le BCLF, revue d’information bibliographique et critique, va présenter chaque mois, sous forme de comptes rendus, le meilleur de l’actualité éditoriale dans les différents domaines de la connaissance et de la création. Par la qualité et l’objectivité des recenseurs, spécialistes reconnus de chacun des domaines traités, et l’adjonction des indispensables tables mensuelles et annuelles – auteurs, titres, éditeurs, revues -, il s’avèrera un instrument vivant de connaissance. Des indicateurs simples situent la qualité de l’ouvrage – excellent, bon, moyen – et sa complexité de lecture – aisée, vulgarisation d’excellent niveau, difficile.

Religion ou culture dans un bidonville algérien, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 11 Janvier 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Souffles

 

Pourquoi est-ce que les Algériens habitent ensemble mais ne vivent jamais ensemble ? Pourquoi est-ce que l’Algérien refuse l’idée, plutôt la philosophie du « vivre-ensemble » mais adore surveiller les autres ? Cultive la culture de la surveillance ? L’œil algérien ne dort jamais. De même l’oreille ! L’œil est en permanence sur la femme, détaillant la voisine, décortiquant la mère, observant la passante, dénudant la jeune fille ! L’oreille récolte les infos. Distribue les rumeurs. Fête les fumisteries.

Tout ce qui a été construit en matière de logements sociaux dans cette dernière décennie est positif. Voire éblouissant. Une capitale sans bidonville est un rêve édénique ! Moi aussi, en simple citoyen, je rêve de me réveiller par un matin et ne rien trouver de bidonvilles autour de la capitale. Alger la blanche !

Trois livres de Thomas Vinau : Blanc, Bleu de travail, Autre chose

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 09 Janvier 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Trois livres de Thomas Vinau : Blanc, Librairies Initiales ; Bleu de travail, La fosse aux ours ; Autre chose, Editions Les Carnets du Dessert de Lune, 2015

 

« Nuits rouges. Murs bleus de glace. Le sol est une peau, je n’ai pas froid. Un homme me souffle une fumée épaisse sur le front et la poitrine. Il frôle ma bouche et mon ventre avec ses doigts dans le geste de chasser une mouche » : Blanc.

« Ce jour-là, à cet instant, le jour ne ressemblait pas à un compte à rebours. Ce jour-là, à cet instant, Cioran n’écrivait rien » : Bleu de travail.

« Les jeunes martinets redescendent en piqué vers le champ de luzerne. Leur vol est encore approximatif, deux ou trois moniteurs expérimentés piaillent les recommandations de route. Leurs cris sont comme des clous dans le ciel » : Autre chose.

Un voyage en fragments - à propos de Hellade, de Bernard Grasset

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Janvier 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Hellade, Bernard Grasset, éd. Le Lavoir Saint-Martin, novembre 2015, 119 pages, 15 €

 

Socrate et Platon    Saint Paul

Morale et philosophie  Exégèse

 

Je connaissais Bernard Grasset pour ses traductions de l’hébreu et du grec, et j’ai déjà écrit quelques notes sur ses travaux. Aujourd’hui, je voudrais évoquer mon chemin de lecture avec Hellade, le dernier livre de l’auteur, dont la photographie de couverture – méditerranée, et îles grecques sans doute – évoque très vite de quoi il s’agit. Comme la photographie de couverture de l’ouvrage et le titre nous invitent au voyage, j’ai pensé assez vite au voyage en Italie de Montaigne, qui partait pour les eaux italiennes et allemandes avec son valet, valet d’ailleurs qui lui a donné du souci. Mais, même si ce livre prend la forme d’un journal, il est rapidement apparent que l’objet fini a été élaboré en plusieurs étapes car peu de notes brutes sont livrées au lecteur. Et puis, la quantité de citations grecques demandaient sûrement un séjour dans la bibliothèque de l’artiste. D’ailleurs, l’auteur indique à la première ligne le bureau où il écrit, non loin de son fils qui joue du piano-orgue.

La voix du silence - à propos de "Le visage secret", Alain Suied

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 15 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

à propos de Le visage secret, Alain Suied, éd. Arfuyen, 2015, 13 €

Dans les hautes profondeurs

de la mémoire, le silence

contient tous les chants du vivant.

 

Pour commencer cette chronique, il me faut parler de l’architecture générale de l’ouvrage qui s’organise selon deux parties inégales en volume. La première est composée d’une suite régulière ou presque de séries de dix poèmes numérotés et sans titres ; la seconde partie, beaucoup plus courte, s’agence autour de trois recueils de deux ou trois poèmes, numérotés eux aussi et sans titres. Cette dernière indication a son importance pour moi, car j’y vois quelque chose qui indique où le poète se situe. Il est une voix après la Shoah, le génocide d’un peuple dont il est issu – et ainsi, nommer par le langage est difficile. Car le poète porte avec lui comme tous les poètes d’après la Catastrophe, l’âpre question d’Adorno qui se demandait comment écrire de la poésie après Auschwitz. Voilà un livre qui est important à ce titre, sachant aussi qu’il s’agit d’une publication posthume de l’auteur, ce qui rend très dense son propos littéraire. Et aussi parce que ce recueil pose un problème vif au cœur des poètes.