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Les Chroniques

C’est si simple un poème, Patricia Castex Menier (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 10 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

C’est si simple un poème, Patricia Castex Menier, éditions Pippa, mai 2019, Ill. Joël Pampin, 79 pages, 15 €

C’est si simple un poème quand les mots vont et viennent dans les ressacs, dans le creux et le cri des vagues et que, d’une lame de fond, peut remonter des abysses cette voix de la mémoire prête de crier à son retour : « Nous sommes vivants / dans la paume du temps ». La main de l’Écrire se tend – ici : ailleurs – paume ouverte sur la laisse et, même « s’il ne se passe rien », « la fleur éclose du regard » immanquablement embrase les contours des êtres et des choses…

Nous entrons dans ce nouvel opus poétique de Patricia Castex Menier, voyageurs à ses côtés depuis des recueils-lumière, porteurs dans nos bagages de ses Suites et Fugues (2017), de son Bleu Baleine (2016) chez Henry si conteur des légendes qui nous tiennent entre réel et ses franges sensibles vibrantes sur la crête de l’écume et les vibrations invisibles des profondeurs – ce chant de ces mammifères marins inoubliables où « les pierres viennent / de plus loin /que les hommes » (C’est si simple un poème), où « chaque mot pour le poète est un océan » (Bleu Baleine), jusqu’au lieu inouï où la parole nous touche, nous sort la tête de l’eau et nous parle par la voix d’un chant salvateur.

Pourquoi tu danses quand tu marches ?, Abdourahman A. Waberi (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mercredi, 09 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Pourquoi tu danses quand tu marches ?, Abdourahman A. Waberi, JC Lattès, août 2019, 250 pages, 19 €

 

Il y a des livres qu’on ne peut avaler, d’autres qu’on savoure ; des livres qui nous tombent des mains, et d’autres qui nous ravinent et nous ravissent par l’ampleur de leur écriture ; des livres qui n’ont sur nous aucun effet, tandis que d’autres nous bousculent et nous emportent sous le souffle de leurs phrases ; des livres qu’on lit depuis le trottoir d’en face, et ceux qui nous font traverser et nous forcent à les suivre dans des ruelles obscures et parfois mal famées ; des livres qui glissent sur nous sans qu’on sente la moindre caresse ou qui, au contraire, tailladent notre conscience et font saigner nos propres souvenirs.

Pourquoi tu danses quand tu marches ? n’est d’aucune des deux catégories : il n’a rien d’un fleuve impétueux, mais n’est pas non plus une eau morte.

Qu’en dire ?

La mère Michel a lu (5) Été 2019, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 08 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

« La mère Michel a lu un livre ! Au lieu de faire son ménage ? Eh bien, c’est comme ça qu’elle l’a perdu son chat ! »

Denis Diderot, Billet à Sophie Volland (coll. Privée)

 

« Les vrais livres doivent être les enfants non du grand jour et de la causerie, mais de l’obscurité et du silence ».

Marcel Proust, Le Temps retrouvé

 

« Notre vie est un livre qui s’écrit tout seul. Nous sommes des personnages de roman qui ne comprennent pas toujours bien ce que veut l’auteur ».

Julien Green, Adrienne Mesurat

Sommaire :

Eve en liberté Peintures Elisabeth Bouillot-Saha Textes Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Mardi, 08 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Au-delà des infériorisations exégétiques du phallocratisme triomphant après l’âge de bronze, il faut retenir d’Eve, mère de l’humanité, sa signature ontologique, sa marque étymologique significative de la vie dans ses multiples significations. Depuis plusieurs millions d’années, la conscience humaine se forge dans la contemplation des merveilles de la nature, imagine la volonté secrète qui les façonne sous forme d’œuf cosmique. L’art anthropomorphise cette entité indéfinissable sous forme de Déesse Mère, réponse globale à son intelligence intuitive de la genèse de la Terre et de l’Univers, du mystère de l’existence, de l’énigme de la vie. Cette entité totale est conçue comme principe créateur du monde, sorti du néant, aux commencements des temps. L’art africain lui donne sa première incarnation dans la matière, sa première visibilité, sa première présence identifiable à une génératrice des origines, androgyne, procréatrice de l’incommensurable énergie. Sa sacralisation procure aux artistes-chamanes leur statut de messagers de l’inaccessible, d’intercesseurs de l’invisible, d’interprètes de l’ineffable. Le divin s’élabore dans le silence de l’art avant d’inspirer le verbe qui le nomme. Les premiers temples sont des grottes, des cavernes, des spélonques, des abris souterrains à l’écart du vacarme.

Rivages oubliés, Gebran Saad (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 07 Octobre 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Rivages oubliés, Gebran Saad, éditions Lanskine, mai 2019, trad. arabe, Antoine Jockey, 48 pages, 13 €

 

Le poème spirituel

Je commence avec ces lignes la traversée de plusieurs lectures, à travers trois livres qui ont pris place récemment chez l’éditrice nantaise et parisienne Lanskine. Et, avec beaucoup de bonheur, je découvre la poésie de l’auteur syrien Gebran Saad, traduit de l’arabe par Antoine Jockey. C’est heureux en effet car ce recueil, petit dans son volume, ouvre de larges portes à ce qui fonde pour moi la poésie, c’est-à-dire, l’abandon, et ici plus précisément, l’exil. Et particulièrement, la combinaison d’un exil et d’une conscience spirituelle où se manifeste l’aspect douloureux que le poète et l’homme de foi nouent avec l’état d’exilé, appartenant de gré ou de force à deux situations géographiques, à la double douleur de son ici et maintenant. Cette expatriation due à la guerre, guerre complexe et fratricide, gît dans le cœur du poète comme une blessure intérieure. Mais pas d’images de presse, juste l’expression de la valeur du langage à l’intérieur de la complexité d’une foi, d’une espérance sombre.