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Les Chroniques

Enfin… Salman Rushdie bat Khomeiny ! (par Amin Zaoui)

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 15 Janvier 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Il y a trente ans, un peu plus, Khomeiny a émis une fatwa contre Salman Rushdie. Tôt ou tard, l’Histoire rattrapera les ennemis de la liberté qu’importe leur appellation. Les dictateurs. Les despotes. Les tyrans. En qamis islamique ou dans d’autres tenues civiles ou militaires. Aujourd’hui, de plus en plus, le régime théocratique des mollahs iraniens est encerclé de l’intérieur comme de l’extérieur. Asphyxié. De l’autre côté, Salman Rushdie, le romancier britannique d’origine indienne, multiplie ses publications. Ses romans sont chaleureusement accueillis par son lectorat à travers le monde.
Amertume chez les nouveaux mollahs, enfants légitimes de Khomeiny, et plaisir et jubilation chez les lecteurs de Salman Rushdie. C’était un 14 février 1989, l’ayatollah Khomeiny, sur les ondes de la radio de Téhéran, a émis sa fatwa contre Les Versets Sataniques, réclamant la tête de l’écrivain Salman Rushdie contre une somme de plus de trois millions de dollars. La fatwa est tombée dans une période où le régime des mollahs, à sa tête Khomeiny, vivait son âge d’or, La révolution islamique !

Des routes, Carole Zalberg, Anne Gorouben (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 14 Janvier 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Des routes, Carole Zalberg, Anne Gorouben, Les éditions du Chemin de fer, novembre 2018, 72 pages, 14 €

 

Des routes, c’est l’histoire d’un été radieux. C’est le temps des vacances. C’est la joie d’une mère et d’une fillette insouciante qui jouissent du sable d’une plage chaude sous un soleil éclatant pour « fuir un quotidien lassant ou simplement pluvieux ». Et la mère rappelle à l’enfant : « C’était l’été des vacances sur cette île où tu te gavais de tomates et de melons, tu t’en souviens ? ».

C’est l’aventure d’un « petit caillou rouge » qui a beaucoup voyagé, perdu et retrouvé au fond « d’un tiroir à tout et n’importe quoi ».

C’est l’histoire « d’un trésor, C’est un bout de pays, un morceau de chemin. Moi, quand je l’écoute, je l’entends murmurer », dit la mère à sa fillette.

C’est l’histoire d’une petite fille fureteuse et réfléchie, étonnée de tout, posant sans cesse des questions dans un désir insatiable de comprendre, sensible à la moindre détresse.

Les Aventures d’Alice au pays des merveilles, Ce qu’Alice trouva de l’autre côté du miroir, Lewis Carroll (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 10 Janvier 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Les Aventures d’Alice au pays des merveilles, Ce qu’Alice trouva de l’autre côté du miroir, Lewis Carroll, Gallimard, coll. Folio Classique, 1994, ill. John Tenniel, trad. Jacques Papy, édition présentée, annotée, Jean Gattégno, 374 pages, 4,10 €

 

Certes, il y a dans Alice au pays des merveilles et Ce qu’Alice trouva de l’autre côté du miroir du non-sens à foison, et le non-sens est « de l’humour qui abandonne toute tentative de justification intellectuelle, et ne se moque pas simplement de l’incongruité de quelque hasard ou farce, comme un sous-produit de la vie réelle, mais l’extrait et l’apprécie pour le plaisir » (G. K. Chesterton, Le Paradoxe ambulant, Actes Sud, 2004).

Mais l’essentiel se situe ailleurs [1]. Il y a bien longtemps déjà, le célèbre critique littéraire William Empson construisit une lecture psychanalytique (« The Child as Swain », Some Versions of Pastoral, Chatto & Windus, Londres, 1935) des Aventures d’Alice au pays des merveilles : « [L]es textes traitent si manifestement de la croissance qu’il n’y a pas grand risque à les lire en termes freudiens ». L’on se souvient de la question angoissée d’Alice, après ses deux changements de taille : « Mais si je ne suis pas la même, il faut se demander alors qui je peux bien être ? Ah ! c’est là le grand problème ! ».

Préface à ce livre, Stéphane Sangral (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 10 Janvier 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Préface à ce livre, Stéphane Sangral, Galilée, novembre 2019, 264 pages, 17 €

 

Le livre vertige

Le dernier livre de Stéphane Sangral pourrait être assimilé à un vertige, vertige du reste qu’il utilise lui-même comme métaphore. Et cela tient à l’impression du lecteur et, par voie de conséquence, de l’auteur, qui se trouvent à la fois en surplomb et comme en déséquilibre devant les concepts et le saisissement d’une ivresse, qui touchent ainsi mieux aux capacités troublantes de l’intellect. Cette impression mêle, de cette manière, l’intérêt pour l’intelligence et une sorte d’inquiétude. J’ai cru deviner encore une question qui se formule longuement au fil des pages, interrogation qui trouve partiellement une réponse, je crois, vers la fin de ce livre assez volumineux. J’y reviendrai. Du reste, et très généralement, j’ai trouvé que l’auteur était ici plus impliqué, plus présent avec sa personne physique, et plus désespéré en un sens, mais davantage lucide et faisant preuve d’une belle maturité.

Ici n’est plus ici, Tommy Orange (par Laurent Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Jeudi, 09 Janvier 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Ici n’est plus ici, Tommy Orange, Albin Michel, Coll. Terres d’Amérique, août 2019, trad. Stéphane Roques, 352 pages, 21,90 €

 

Savoir d’où on vient, sans savoir où on va…

Savoir d’où on vient pour savoir où on va, jamais adage – un quasi-cliché – n’aura été aussi fortement démenti ; jamais évidence n’aura été autant pulvérisée, qu’à la lecture du premier roman de Tommy Orange, Ici n’est plus ici.

Tony Loneman, Dene Oxendene, Opale Viola Victoria Bear Shield, Orvil Red Father et d’autres… Douze femmes et hommes qui constituent l’ossature principale des personnages de ce roman choral, tous issus des populations indiennes californiennes, émigrant  génération après génération de la réserve à la ville, savent tous parfaitement d’où ils viennent. Hélas : « Certains d’entre nous ont grandi avec des histoires de massacres… à Sand Creek, on raconte qu’ils nous fauchaient à coup d’obusier… Avec une milice de volontaires, le colonel Chevington a dansé avec des membres arrachés dans ses mains, des toisons pubiennes de femmes, ivre, il a dansé, et la foule rassemblée devant lui est allée jusqu’à l’applaudir et rire avec lui. Ce fut une célébration ».