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Les Chroniques

Des Corps, Anatomies, défenses, fantasmes, Victor I. Stoichita (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 27 Avril 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Des Corps, Anatomies, défenses, fantasmes, Victor I. Stoichita, Librairie Droz, coll. Titre courant, juillet 2019, 390 pages, 24 €

 

Existe-t-il un produit artistique plus banal qu’un portrait peint ? Les musées en regorgent, jusque dans leurs réserves ; les collections privées et les échoppes d’antiquaires également. Le tableau le plus célèbre du monde, pour des raisons ambiguës, est le portrait d’une jeune Italienne. On a discuté à perte de vue pour savoir qui fut le modèle de certains tableaux peints par Vermeer. Si ordinaire et si répandu soit-il, le portrait pose un nombre considérable de problèmes théoriques, pratiques et parfois théologiques (l’aniconisme et l’iconoclasme sont deux phénomènes religieux précisément décrits, bien que peut-être sous-estimés).

Au plan le plus immédiat, l’ouvrage de Victor I. Stoichita correspond au traditionnel recueil universitaire d’études déjà publiées par ailleurs et réunies en volume. Souvent, ce genre de livre n’est que « marqueterie mal jointe » ou répétitions sans fin.

Psychopathologie sociale du confinement (1) (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Jeudi, 23 Avril 2020. , dans Les Chroniques, La Une CED

Psychopathologie sociale du confinement

1. Le concert d’applaudissements de quelques voisins en hommage aux infirmières mobilisées en première ligne contre le coronavirus, m’arrache, comme chaque soir à vingt heures, à ma lecture. Rare opportunité de se faire un signe de la main, à travers les fenêtres, entre otages du confinement. Je revisite, pour un nombre de fois que je n’ai pas compté, L’Être et le néant (1943) de Jean-Paul Sartre : « L’histoire d’une vie, quelle qu’elle soit, est l’histoire d’un échec. Le coefficient d’adversité des choses est tel qu’il faut des années de patience pour obtenir le plus infime résultat… Il faudrait nous comparer à un condamné à mort qui se prépare bravement au dernier supplice, qui met tous ses soins à faire belle figure sur l’échafaud et qui, entre temps, est enlevé par une épidémie de grippe espagnole… ». Et pourtant, « On peut toujours faire quelque chose de ce qu’on a fait de nous ». Ecrire par exemple, raconter l’épreuve endurée, la transfigurer en création. Les bonnes références apportent, en période de désolation, des jouissances intellectuelles nouvelles, des interrogations vivifiantes, des réflexions tonifiantes. Et s’il ne fallait garder qu’un seul ouvrage pour traverser la crise sanitaire, à supposer qu’on en sorte indemne, ce serait La Divine Comédie de Dante Alighieri (1265-1321), incomparable psyché de la condition malheureuse. Le virus est l’enfer, le confinement le purgatoire.

La Styx Croisières Cie Mars 2020 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 21 Avril 2020. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Ère Vincent Lambert, An II

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

 

« L’ambition, souvent, fait accepter les fonctions les plus basses ; c’est ainsi qu’on grimpe dans la posture où l’en rampe »

Jonathan Swift, Pensées sur divers sujets moraux et divertissants. Généalogie du fanatisme.

 

Lµ-1. On ne peut interdire à un homme de penser. Du moins, à celui qui en a pris la décision, car ne pas penser est le fait d’immenses majorités. C’est la pente de la facilité, notamment en nos temps du confort domestique, de la contemplation des écrans et de la religion du sport. On somnole sans remords devant une messe dominicale, un reportage sur les Tuamotu, un match de football.

Melancholia, Philippe Thireau (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Avril 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Melancholia, Philippe Thireau, Tinbad, janvier 2020, préface Gilbert Bourson, 48 pages, 11,50 €

 

Texte organique

Pour aller vers ce texte de Philippe Thireau – lecture qui requiert une certaine discipline et un effort conceptuel – il faut accepter l’ellipse et le mystère. Car cette jeune fille et ce soldat qui occupent la diégèse, se disent par la voix d’un auteur, d’un poète, d’un récit qui gagne en épaisseur dans la présence nette de celui qui fait la narration. Ces deux personnages prodiguent à la fois du vif et du mortel. Un texte, donc, en forme d’intellection stylistique disant un corps organique. La vie par la mort, la vie par l’existence littéraire. De là, les intrigues, l’énigme non résolue, l’aphérèse.

Est-ce le poème de Victor Hugo où ce livre prend source ? dans la gravure de Dürer ? dans le Tres de mayo de Goya ? dans la Scène des massacres de Scio de Delacroix ? dans un Paul Delvaux et ses images de gares et d’érotisme ? Chacun tranchera par lui-même. Mais ces références indiquent quand même la violence, et les corps. Une sorte de corps produit par l’eau-forte de l’écrivain, qui regarde peut-être vers un texte organique.

Les maisons du détour, et Comptine pour un au-delà, Pierre Auban, éditions de la Crypte (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 17 Avril 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Les maisons du détour, et Comptine pour un au-delà, Pierre Auban, éditions de La Crypte, décembre 2019 (sans pagination)

 

Né en 1951, à Mont-de-Marsan, le poète a publié depuis 1972 une quinzaine de recueils, dont plusieurs aux mêmes éditions La Crypte (dès 1994). L’auteur est décédé en 2003. On le redécouvre à l’occasion de la parution de ces deux volumes aux beaux titres, poèmes de nature assez différente si l’on compare les deux recueils.

Huit maisons circonscrivent le détour ou l’approche, à l’aune des huit enfants de la famille Auban.