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Articles taggés avec: Rialland Ivanne

Le Jardin de derrière (18) - Où les voisins ne sont guère vigilants

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 02 Avril 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

La lumière de la lampe électrique traversa la toile de la tente. Une voix appela doucement dans la nuit, sous les étoiles.

Tristan abaissa d’un coup sec la fermeture éclair et sortit la tête : « Éteins cette lampe ! » Isabelle obtempéra, un rien froissée. Tristan rampa hors de la tente, rabattit la capuche de son sweat sur ses cheveux. Pierre et Noé sortirent à leur tour, eux aussi vêtus d’un sweat à capuche et d’un pantalon sombre. Pierre s’exclama d’une voix étouffée : « Qu’est-ce qu’elle fait là, elle ? » Louise se raidit : « Je veux en être ». Isabelle se tourna vers Tristan : « Je ne pouvais quand même pas la laisser toute seule… » Louise lui coupa la parole, défiant tour à tour Pierre et Tristan du regard : « Et Camille vient aussi. Elle nous attend sur la place ». « Ton idiote de copine… » commença Pierre, mais Tristan lui posa la main sur le bras et l’apaisa, avec un sourire ambigu : « Plus on est de fous… » « Si par leur faute, on se fait choper… » grommela quand même Pierre. Noé fit la grimace et jeta un coup d’œil de regret vers la tente, que surprirent Louise et Tristan. Le sourire de Tristan s’accentua : « T’inquiète… » Il regardait tour à tour les quatre adolescents, soudain mal à leur aise. Il y eut une pause. « On y va », déclara abruptement Pierre, qui s’engagea sur la route. Les autres suivirent, Tristan en queue de cortège, les mains nonchalamment glissées dans ses poches.

Le Jardin de derrière (17) - Où Oncle Tobie fait des siennes

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 25 Mars 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

 

Deux vigilants voisins se grattaient la tête avec perplexité. La porte de la maison de Louis était grande ouverte. Ils étaient venus faire leur ronde autour de la ferme pour surveiller les jeunes qui avaient l’habitude de traîner sur son terrain, mais là, devant ce qu’ils apercevaient à l’intérieur, ils ne savaient pas trop quoi faire. L’un d’eux se décidait à appeler la gendarmerie lorsque Louis survint, s’exclamant du plus loin qu’il les vit : « Qu’est-ce que vous foutez là ? » Louis était devenu, par la force des choses, très tatillon avec la notion de propriété privée. Le premier voisin vigilant rempocha son portable tandis que l’autre levait les mains en signe d’apaisement : « C’est pas nous, Louis. On s’est juste approché pour voir. Parce que c’est pas tes habitudes, de laisser la porte ouverte. Et on a vu. On allait appeler les gendarmes ». Louis fonça vers sa maison, pila net sur le seuil de la porte : « Bon Dieu, qu’est-ce que… » Il hésita. Puis il prit son téléphone, et appela lui-même les gendarmes.

Le Jardin de derrière (16) Où l’Association montre ses crocs et ses muscles

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 18 Mars 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Le début du mois de juin avait été brûlant. Georges avait fini de repeindre de frais toute la maison. Il s’était ensuite attaqué à l’aménagement de la grange et depuis quelques jours, son fils disposait d’une sorte de studio insonorisé sur trois côtés, le quatrième ouvert sur le reste de la grange, où s’entasseraient bientôt les vélos auprès des outils et des meubles de jardin. À droite un renfoncement permettait de garer la voiture. Au-dessus, Georges avait renforcé le plancher avec l’aide de Kevin et Julien, et ils avaient monté un vieux canapé et une table basse que Georges avait achetée à l’Association. Les enfants étaient venus deux week-end de suite, Pierre chaque fois chargé de boîtes à œufs pour l’insonorisation, et Hélène avait passé là une semaine, meublant la maison avec un certain enthousiasme. Ils avaient sillonné la ZAC à la recherche de rideaux et d’abat-jour, se sentant, sur ces allées goudronnées, le long de ces murs de tôle peinte, revenus aux premiers temps de leur mariage.

Georges n’avait plus touché au bief, ni rampé dans les souterrains.

Le Jardin de derrière (15) Où, comme les poissons morts, de vieilles affaires remontent à la surface

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 10 Mars 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

– Vous êtes sûre vous n’exagérez pas un peu ?

– Monsieur le maire !

Sylvie René était outrée. Le maire soupira, passa ses deux mains dans ses cheveux rares, remonta ses lunettes d’un froncement de nez embarrassé.

– Un fusil est un fusil, quand même.

Elle montrait l’objet posé sur le bureau du maire.

– … vous avez beau dire…

Le maire ne disait rien.

– … il est peut-être rouillé, mais c’est une arme que je sache. Jérémie m’a dit qu’il y en avait plein d’autres dans la cabane. Une cabane pleine d’armes, à deux pas du village…

– Possible que…

Le Jardin de derrière (14) Où l’on visite la maison de Mme Chaussas et quelques autres lieux

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 05 Mars 2015. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Des rez-de-chaussée qui se transforment en premier étage de l’autre côté de la maison, des jardins suspendus, des dénivelés brusques, des rues tortueuses qui montent pour descendre et descendent pour monter, un village à flanc de colline, qui déboule sur les champs, et s’arrête juste au moment de s’y précipiter. Un village silencieux, plein de coins et de recoins, au sol troué comme un gruyère.

Là, c’est le jardin de Mme Chaussas. Une jolie allée de gravier mène à la maison. Devant la porte, elle se divise, fait le tour, vagabonde un peu dans l’herbe. La pelouse est bien soignée, les bosquets joliment arrondis. Derrière l’un d’eux, un siège, de l’autre côté, le muret. On se penche : le muret devient un mur, en contrebas une cour bétonnée avec un pauvre arbre tout étiolé par le manque de soleil. La maison où il s’adosse est assez laide, la façade de béton gris assez morne avec ses fenêtres basses. Dans un coin de la cour, un autre cube de béton, plus loin une échelle, on grimpe : c’est le bief, un peu plus haut par rapport au jardin de Mme Chaussas, une autre échelle, on refranchit le mur, on parcourt à nouveau l’allée : on est sous la marquise, devant la porte de la vieille dame, on sonnerait presque, mais personne.