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Articles taggés avec: Mahdi Yasmina

By the rivers of Babylon, Kei Miller

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 15 Septembre 2017. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Zulma

À propos de By the rivers of Babylon, septembre 2017, trad. anglais (Jamaïque) Nathalie Carré 304 pages, 20,50 € . Ecrivain(s): Kei Miller Edition: Zulma

 

 

Voici un roman qui a gardé le titre anglais d’un territoire décrit par Kei Miller, jadis jardin de paradis, devenu une vallée délabrée faite de ruelles bordées de tôle ou de clôtures en ferraille (…) Là où se tenait autrefois une merveille de verte colline. On sent ce pays à travers la perception d’une vieille femme aveugle, du peuple jamaïcain accablé de cicatrices (balafres, œil crevé), de dévastations (l’autoclapse des rats), d’injustices et de violences policières contre les badboys d’Augustown. Babylone, littéralement Porte du dieu – selon Jacques Ellul –, le jardin originel du désir de l’homme qui le remplace par la Ville parfaite annoncée dans la Bible, qui oscille entre chute et rédemption. L’origine mythique de la croyance rastafari se loge en Éthiopie, un des berceaux de l’humanité et du règne d’Haïlé Sélassié, Ras Tafari Makonnen. Babylone est donc identifiée par les rastafaris qui se nomment descendants des tribus perdues d’Israël, un lieu perverti car volé par l’Occident et ses potentats.

Photographie en filigrane : à propos de l’ouvrage La galerie des beautés de Leonardo Marcos, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 09 Juin 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

La galerie des beautés de Leonardo Marcos, éd. de La Différence, 2017, 30 €

 

Le livre La galerie des beautés est en lui-même ce qu’on appelle un beau livre, avec une couverture argentée tel un miroir produisant de légères anamorphoses. A l’intérieur, les phrases et citations sont traitées à l’aide d’une typographie élégante et recherchée. Il y a beaucoup de blanc, de vide. La composition de l’écriture forme des figures géométriques sur chaque page, un peu à la manière de calligrammes, mais sobres et courts. On peut aussi apparenter ces textes brefs à ceux utilisés dans l’art contemporain, par exemple chez Sophie Calle ou les Guerrilla Girls, puisqu’il s’agit du sujet « femmes ». Ici, l’écrit est déstructuré, ce qui perturbe la lecture immédiate. Donc, l’écrit de La galerie des beautés participe davantage du slogan que du texte littéraire à proprement dire.

À propos du roman Plages non loin de Nantes, Germont, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 05 Mai 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Cruelle beauté

Tout d’abord, voici un bref résumé de ce roman-récit, Plages non loin de Nantes, de Germont, auteur discret. Un portrait idéal : une vision, un miroir ; le début d’un conte. Un monde désillusionné : à la recherche de cruelle beauté (…) où je me reconnais, en vrai fils d’une époque anxieuse et désorientée (…) [dans] la désillusion des jeunes gens d’alors… Un contexte sociohistorique : nous avions été contraints de nous réfugier dans la réalité souterraine de notre vie individuelle. La société officielle n’étant plus qu’un marais pourrissant (…) la détérioration des valeurs qui la rongeait continuait son œuvre souterraine et bientôt triomphante. L’homosexualité. Une des facettes de l’homosexualité, l’éraste et l’éromène, le Giton du Satyricon de Pétrone. Ces amours étranges entre deux jeunes hommes également prompts à se craindre et à se mépriser nous renvoient à l’universel d’un égoïsme sacré auquel personne n’échappe. Le statut de victime : la victime a d’avance consenti au sacrifice, et son tourmenteur est peut-être au fond plus abandonné et désespéré encore que celui qu’il semble martyriser. L’évocation de Ganymède, entre enlèvement, extase et maltraitance : Ganymède, le plus beau des mortels, élevé par amour jusqu’aux cieux afin à jamais de verser au banquet des dieux l’ivresse de leur éternité. Le temps de la déréliction (…) d’une instabilité matérielle et affective permanente.

A propos de La Panthère et autres contes, Sergio Pitol, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 10 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

La Panthère et autres contes, Sergio Pitol, La Baconnière, février 2017, 220 pages, 20 € (25 CHF)

Le règne de la cruauté

 

Il pleut et comme un chacal tragique,

la nuit se cache dans les montagnes.

Que va-t-il surgir, dans l’ombre,

de la Terre ?

Dormirez-vous, tandis que dehors

tombe et souffre, cette eau inerte,

cette eau létale,

sœur de la Mort ?

Gabriela Mistral, D’amour et de désolation, Orphée/La Différence

Du souvenir, du mensonge et de l’oubli : Chroniques palestiniennes d’Ilan Halevi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 26 Janvier 2017. , dans La Une Livres, Sindbad, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Essais

Du souvenir, du mensonge et de l’oubli : Chroniques palestiniennes, novembre 2016, 23 € . Ecrivain(s): Ilan Halevi Edition: Sindbad, Actes Sud

 

« La vie est sage de nous tromper, car si elle disait dès le début ce qu’elle nous réserve, nous refuserions de naître »

Naguib Mahfouz, Impasse des Deux Palais

 

Bouleversements d’un territoire

Le livre, Chroniques palestiniennes, d’Ilan Halevi (1943/2013), ancien vice-ministre palestinien des affaires étrangères, est composé d’articles très renseignés sur le monde israélo-palestinien, tant du point de vue historique que politique. En effet, l’auteur interroge le principe de « démocratie », à travers l’appareil politico-idéologique sioniste, puis plus largement, à travers le règne de l’hégémonie brutale des élites « démocratiques » sur les masses. Ilan Halevi, au style clair, établit des comparaisons entre l’impérialisme et le racisme. A cette lecture, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec Penser d’Althusser, quand le philosophe écrit que