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Une fille et un flingue, Entretien avec Ollivier Pourriol, par Sophie Galabru

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 20 Octobre 2016. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

 

Ollivier Pourriol est philosophe et écrivain. Dès 2001 on le découvre comme romancier avec Mephisto valse, suivi de deux autres romans – Le Peintre au couteau en 2005, Polaroïde en 2006 – et en 2013 par une comédie sur l’univers de Canal+ intitulée On/Off. En août 2016, il publie son dernier livre, Une fille et un flingue, aux Editions Stock. On y découvre l’histoire des jeunes frères Koulechov, étudiants en cinéma, un peu voyous, un peu rêveurs, désireux de devenir eux aussi des noms du cinéma français. Pour y arriver, ils vont concevoir leur film comme on organise un hold-up, avec la complicité involontaire de Catherine D.

 

Sophie Galabru : Une fille et un flingue, ou Catherine Deneuve et un braquage, c’est ce qui suffit aux frères Koulechov pour concrétiser leur film. Est-ce l’histoire d’un amour pour le cinéma français ou d’une imposture ? Que veulent-ils au fond ? réaliser un film ou devenir célèbres ?

Ann, Fabrice Guénier

Ecrit par Sophie Galabru , le Mardi, 17 Novembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Ann, mars 2015, 296 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Fabrice Guénier Edition: Gallimard

 

Ann. Titre désarmant de simplicité qui sonne comme une invitation impérieuse à connaître une anonyme d’un autre monde. Très vite en effet, nous tombons dans cet univers souvent mal connu : celui de la Thaïlande, des jeunes filles et des jeunes garçons prostitués.

Une écriture qui fait parfois penser à celle de Duras ; des phrases courtes, étouffées, des mots perdus, des pages avec du vide, un auteur qui parle à perte de vue. Des résidus de mémoire parfois sans importance, parfois essentiels. Mais, à vrai dire, comment en juger puisque celui qui nous parle n’est pas un faiseur d’histoires mais un amoureux, et que l’amour fait de tout geste hasardeux le signe d’un destin ?

Des phrases simples qui en disent peu, mais dans l’intervalle desquelles le lecteur devine bien plus, car « le vrai, la réalité de ça, ne pouvait pas se dire » (p.255). De la discontinuité des fragments amoureux naît la fidélité, de l’addition des mots qui ne peuvent pas tout dire paraît le tout d’un amour qui ne peut pas s’expliquer par ses parties. L’auteur nous fait comprendre que l’amour, où qu’il se vive, dessine un temps et un espace propre, un écrin de douleurs et de joies qui peuvent être désagrégées par l’oubli ou préservées dans un hommage.

Peau de femme, Philippe Comar

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 22 Janvier 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Peau de femme, janvier 2015, 240 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Philippe Comar Edition: Gallimard

 

Une jeune femme dissèque minutieusement tout son corps, sous tous ses angles, plis, recoins et orifices, à travers ses humeurs et ses hormones, ses hivers et ses printemps. Anatomie du corps perçu jusqu’aux tréfonds du corps vécu, le livre nous offre une décomposition de l’intérieur par l’extérieur, conduisant jusqu’au bout l’ambivalence délicate d’avoir un corps tout en étant son corps. Comme un animal en pleine mue, une femme se vit selon sa chair, se raconte selon ses histoires de peau, et expulse ses amours par tous les pores. Il lui faut par là se retrouver et se perdre selon ses plus vives sensations qui sont autant de points nébuleux de ses souvenirs charnels.

S’ouvrant par ce qu’il serait convenu d’appeler une phénoménologie du corps, le livre séduit donc d’abord par une écriture venue d’ailleurs que de l’esprit. Affirmant la pluralité des corps selon une division ultime entre l’extérieur et l’intérieur, la multiplicité des corps se déploie selon le rythme et les impressions d’une femme encore assez jeune pour se découvrir et assez mûre pour se connaître un peu. Le corps-objet ou le corps-machine, le corps malade, le corps des orifices, le corps amoureux, le corps des souvenirs, le corps du quotidien, le corps imaginé, le corps d’une cantatrice, le corps-professeur, bref

Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas, Souvenirs, Paul Veyne (2ème article publié)

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 27 Novembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Récits

Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas, Souvenirs, septembre 2014, 260 p. 19,50 € . Ecrivain(s): Paul Veyne Edition: Albin Michel

 

Ensemble de souvenirs disparates, mêlant les anecdotes comme les passages importants de sa vie, des analyses des religions, du parti communiste, de la Rome antique, d’amour, d’alpinisme, Paul Veyne parle comme il l’entend de tout ce qu’il souhaite partager. Si l’homme du présent explique celui du passé, nous découvrons qu’il sait rejoindre l’éternité dans le plaisir du savoir ou des extases de l’amour. Drôle, lucide et excentrique, passionné, nous comprenons peu à peu le titre de ces mémoires.

L’auteur prévient dès la première page : « Ce livre n’est pas de l’autofiction et n’a aucune ambition littéraire, c’est un document social et humain à l’usage des curieux ». Pourquoi ainsi qualifier ses souvenirs ? L’historien ne se contente pas de s’observer, mais de se comprendre à l’aune du contexte historique et social qu’il a traversé. Non seulement a-t-il vécu des évènements historiques tels que l’Occupation qui marquera radicalement l’enfant et l’adulte qu’il devient, mais il put avoir la chance de rencontrer d’aussi grandes figures que René Char ou Michel Foucault dont il veut témoigner.

Cherchez la femme, Alice Ferney

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 30 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Babel (Actes Sud), Roman

Cherchez la femme. Réédition 10/2014. 702 p. 11 € . Ecrivain(s): Alice Ferney Edition: Babel (Actes Sud)

 

A travers un récit transgénérationnel décliné selon deux grandes histoires d’amour, Alice Ferney entreprend un vaste roman et une analyse psychologique du couple, de ses débuts à son délitement. Racontant l’histoire de Serge Korol à partir de la seconde moitié du livre, l’auteur déploie d’abord patiemment celle de ses parents, de leur rencontre, des motivations secrètes, sous-tendu par un principe psychanalytique bien connu : le passé de nos aïeux, et de nos parents pèse de toute sa force sur notre éducation, notre enfance, nos projets, nos désirs, et nos choix.

Dès lors, Alice Ferney revient sur cette première intrigue amoureuse, celle des parents de Serge : Nina Javorsky, fille et petite-fille de mineurs polonais et Vladimir Korol ingénieur de la mine. A travers les lignes, l’auteur entend moins décrire le présent des protagonistes pour ce qu’il est que pour le résultat de facteurs conjugués dont il résulte : nulle vérité romanesque à l’œuvre, mais le décryptage du mensonge romantique à partir du passé des êtres et des désirs qu’il sécrète. La rencontre tend donc vers sa décomposition en éléments simples : désir de s’élever socialement pour Nina Javorsky, désir de transformer un simple désir charnel en un coup de foudre pour Vladimir Korol. L’amour et le couple naissent plus souvent qu’on ne veut bien le dire de ces ingrédients dont on souhaite se cacher la simplicité :