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Ainsi parlait Gustave Flaubert, présentation Yves Leclair (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 11 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Ainsi parlait Gustave Flaubert, présentation Yves Leclair, Arfuyen, mai 2019, 166 pages, 14 €

Réfléchir avec Flaubert

J’ai découvert, à travers ce nouveau livre de la collection Ainsi parlait chez Arfuyen, un Gustave Flaubert dont je n’avais pas assez cerné le côté sombre, ni le pessimisme profond de sa nature. Je le savais « ours », mais je ne soupçonnais pas ses oscillations entre un cynisme philosophique, disons, doux, et des conceptions comme le stoïcisme ou le scepticisme, qui mettent en lumière un écrivain dégoûté de la réalité sociale et de ses conventions, presque touché par le goût de mourir. Durant cette lecture, j’ai pensé à une citation que l’on prête à Georges Sanders, l’acteur, qui avant son suicide, s’est exprimé ainsi : « Je vous abandonne à vos soucis dans cette charmante fosse d’aisance. Bon courage ». Je trouve que cette citation correspond en un sens à l’univers littéraire de Flaubert. En tous cas, à celui qu’exprime sa correspondance – qui est aussi précise et harmonieuse que l’est son œuvre romanesque, à mon sens (sans doute pas travaillée au gueuloir) –, épîtres d’une très haute tenue, notamment au sujet des idées qu’elles avancent. De cette façon j’ai vraiment rencontré « l’ours de Croisset ». Noirceur, pessimisme, mélancolie, désespoir, irritabilité, une sorte de mise en demeure d’un caractère neurasthénique, mais d’une neurasthénie intellectuelle, l’intellection d’un dépressif, qui ne subit pas le malheur et le tient en respect grâce au langage et à l’art.

Vies silencieuses, Daniel Kay (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Vies silencieuses, Daniel Kay, Gallimard, mai 2019, 128 pages, 14,50 €

 

Poésie de la couleur


Ce que je retiens des Vies silencieuses de Daniel Kay, c’est surtout la plasticité des images, lesquelles illustrent souvent l’univers de la peinture. Oui, c’est une apologie de la peinture italienne notamment, à quoi se livre le poète morlaisien. J’ai retenu davantage les textes en rapport avec la peinture ténébriste en fait, laquelle révèle le génie esthétique des grandes figures artistiques de la Haute Renaissance. Du reste la peinture est un art suprême du silence, et c’est sans doute là où le titre un peu énigmatique du recueil trouve son sens. C’est ce silence qui autorise la « conversation » poétique et l’exercice de la poésie elle-même.

Le Paradis à reconquérir, Henry David Thoreau (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 03 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Le Paradis à reconquérir, Henry David Thoreau, Le Mot et le Reste, juin 2019, 96 pages, 3 €

 

Moderne postmodernité

C’est à une certaine expérience de lecture que nous convie ce petit livre de Thoreau que publient les éditions Le Mot et le Reste. Intéressante expérience dans la mesure où cet ouvrage nous permet d’étendre notre connaissance du philosophe et poète américain. Intéressante aussi car le livre est un texte qui sert un texte, dernier texte lui-même qui lui aussi augmente en valeur un autre livre. Ainsi, nous avons là une préface à un livre qui s’inspire de la philosophie de Charles Fourier. Cette littérature à étage nous fournit un Thoreau jeune et altier, écrivain qui pressent peut-être son utopie, et son livre Walden. Donc, j’ai vu ici une sorte de proposition visionnaire, le travail d’approche à la fois de la lecture – de ce livre de J.A. Etzler que préface Thoreau – et de l’écriture – car l’auteur américain semble essayer sa langue, chercher sa matière.

La Pièce du bas, Gilles Lades (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 24 Juin 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

À propos de La Pièce du bas, Gilles Lades, éd. L’Étoile des limites, juillet 2018, 52 pages, 10 €

 

Des maisons jusqu’aux oiseaux

J’ai fait chemin commun avec Gilles Lades et ses souvenirs d’enfance, que le poète consigne dans un petit opuscule des éditions L’Étoile des limites. Et ce chemin je l’ai parcouru physiquement depuis le séjour de l’écrivain dans son jeune âge dans trois maisons différentes, jusqu’à ses propos sur les oiseaux qui ouvrent en un sens sur l’âge adulte et qui ferment le livre. L’ouvrage relate une partie de la vie de l’auteur lotois, littérature qui se prête à l’identification et à rapprocher sa propre enfance de celle du poète. J’ai revécu moi aussi sans doute le profond ennui de l’enfant, ce temps qui pour lui se dilate et ne retient pour finir que des bribes d’images, des souvenirs troués, des fragments de la mémoire, qui on le sait est subjective. Cette relation entretenue avec sa propre biographie diffère d’âge en âge, et l’autobiographie n’est généralement qu’un regard posé a posteriori sur sa vie, et reste, en ce sens, une plastique, une sorte d’œuvre si je puis dire.

Depuis toujours le chant, Gérard Bocholier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Depuis toujours le chant, Gérard Bocholier, Arfuyen, mai 2019, 128 pages, 13 €

 

 

Poésie-chant

En espérant limiter l’emphase de ma lecture, je dirais quand même que le dernier livre de Gérard Bocholier se compare assez à une psalmodie, comparable donc avec le chant spirituel du Livre des psaumes de David, identifiable au moins à l’environnement mystique de la représentation de la divinité dans l’aire chrétienne. C’est à une sorte de « lyrisme des neiges » si je puis imager mon propos ainsi, à quoi je rapprocherais cet acte de foi du poème, poésie qui calque à la fois un espace invisible, immatériel, et les éléments physiques du monde terrestre, et de cette manière la beauté des glaces et leur physiologie hivernale.