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Roman

Les possédés de la pleine lune, Jean-Claude Fignolé

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 15 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Vents d'ailleurs

Les possédés de la pleine lune, octobre 2012 (première édition en 1987 chez Seuil), 221 p. 19 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Fignolé Edition: Vents d'ailleurs

 

Si l’on est de celles et ceux qui veulent tout comprendre et immédiatement, on prend le risque en lisant ce livre, d’un mal macaque, une gueule de bois, dans la langue haïtienne, car tout y est inextricablement emmêlé. Passé, présent, la nuit et le jour, la mort et l’amour, mythe et réalité, les histoires et les destinées, le rire et les larmes, espoir, désespoir, rêve et cauchemar. Tout est vivant, tout cherche à s’exprimer, même les morts. Tout a une âme, le ciel, la terre, l’eau, les animaux, tout est personnifié, même les objets, les maisons, tout est magie et même le malheur, omniprésent, est une force vitale dans ce village des Abricotiers, qui ne peut que se relever toujours et encore, entre deux désastres, qui ne manquent pas de le ravager.

Ouragans, sécheresses, inondations, deuils innombrables et la monstrueuse bête à sept têtes qui dévore régulièrement dans ce pays d’Haïti, chaque nouvelle pousse de liberté et de démocratie. Peu à peu, quelques personnages se dégagent du magma de cette langue incroyablement dense et riche, avec laquelle l’auteur nous dépeint ce petit village, coincé entre mornes et océan.

La cité des anges déchus, John Berendt

, le Vendredi, 15 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA

La cité des anges déchus, trad. (USA) Pierre Brévignon, Ed. L'Archipel, 390 p. 22 € . Ecrivain(s): John Berendt

 

« Attention, chute d’anges ». En exergue à son magnifique ouvrage, John Berendt prévient son lecteur en évoquant cet énigmatique panneau qu’il a vu à côté de l’église Santa Maria della Salute, avant sa restauration. Et justifie le titre de son livre.

Amoureux de la cité des doges où il est venu à plus d’une dizaine de reprises, John Berendt a débarqué à Venise au début du mois de février 1996, trois jours après l’incendie qui a ravagé l’opéra, La Fenice. Il y trouve là le prétexte pour nous faire pénétrer dans les mystères, les fastes, les ruelles et, pour finir, la déchéance de la Sérénissime.

Tandis qu’il suit les méandres de l’enquête consécutive à l’embrasement, il nous emmène au plus profond de la cité mythique et nous invite dans l’intimité de personnages pittoresques. Le poète Mario Stefani (378) qui écrit ses poèmes sur les palissades provisoires en bois et affirme que « si Venise n’avait pas de ponts, l’Europe serait une île ».

Bonita Avenue, Peter Buwalda

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 12 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques, Actes Sud

Bonita Avenue, traduit du néerlandais par Arlette Ounanian Février 2013, 514 p. 23,80 € . Ecrivain(s): Peter Buwalda Edition: Actes Sud

 

Sigerius a été l’un des meilleurs judokas des Pays-Bas. C’est aussi un intellectuel, un mathématicien de génie qui a reçu le prix Fields, l’équivalent du Prix Nobel pour les mathématiques. Il est « le scientifique préféré des Néerlandais ». Il devient le recteur d’une université et, bientôt, c’est à des responsabilités gouvernementales qu’il pourrait être appelé.

C’est ainsi qu’Aaron présente celui qui fut son beau-père. Son beau-père, mais néanmoins ami avec lequel il partage l’amour du judo – les deux hommes s’entraînent ensemble plusieurs fois par semaine –, mais aussi celui du jazz.

Aujourd’hui, Aaron ne va pas bien. Pour le plus grand monde, il est même un « fou patenté ». Il est psychotique.

« D’après son médecin traitant, c’était un patient qui reconnaissait et admettait son mal – ce qui signifiait qu’il avalait ses capsules de son plein gré –, et donc, jugé apte à vivre de manière autonome. Mais il ne fallait pas lui en demander davantage. Il était absolument dépourvu d’ambition. Son mot d’ordre désormais était “éviter”, éviter les excitations, éviter les tensions, éviter tout ce qui pourrait le pousser à ne plus éviter ».

Chat sauvage en chute libre, Mudrooroo

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 09 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Océanie, Asphalte éditions

Chat sauvage en chute libre (Wild cat falling), traduit de l’anglais (Australie) par Christian Séruzier, 172 p. 16 € . Ecrivain(s): Mudrooroo Edition: Asphalte éditions

 

Un livre comme un mouvement circulaire. Le début sera la fin. La fin sera un nouveau début. Il n’y a aucun suspense. On sait déjà comment l’histoire va se terminer, comment elle ne peut que se terminer. La « chute libre » du titre français l’indique. Une fois qu’on est tombé, on ne peut plus se rattraper.

Et celui qui ne se rattrapera pas – ce chat sauvage – n’a pas de nom. Ou c’est l’auteur du livre, Mudrooroo. Il a dix-neuf ans, il sort de prison après y avoir passé dix-huit mois. Il sort de prison et il sait qu’il va y retourner. Il va y retourner parce qu’il ne peut qu’y retourner. Pourquoi ? Parce qu’il vit dans l’Australie des années 60 et qu’il est aborigène. Même s’il ne l’est qu’en partie, il est quarteron, le fruit d’une métisse et d’un blanc. Mais il est trop foncé, trop « sauvage », pour un pays qui n’a pas encore réussi à exorciser ses démons, à assumer ses origines sanguinaires, à faire la paix avec sa conscience tout autant qu’avec une population qui a été exterminée pour que des colons blancs puissent prendre leur place.

Les occupations, Côme Martin-Karl

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 09 Mars 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jean-Claude Lattès

Les occupations, février 2013, 208 pages, 17 € . Ecrivain(s): Côme Martin-Karl Edition: Jean-Claude Lattès

 

 

Les conduites de nos ancêtres pèsent-elles sur nos vies et nos actes quotidiens ? Peut-on les corriger a posteriori ? C’est à cette question d’une actualité quasi permanente que se consacre Côme Martin-Karl dans son premier roman Les occupations. L’auteur joue d’entrée sur le caractère polysémique du mot occupation. Celui-ci désigne une activité, et aussi une période sombre de notre histoire nationale. Dans la langue anglaise, il signifie « profession ».

Deux personnages charpentent le roman : Marcel Miquelon, qui est un gratte-papier subalterne au service de la Propagandastaffel durant l’Occupation. Il est chargé de lire tout ce qui paraît, de le faire reformuler par les candidats à la publication, ou de prescrire purement et simplement l’interdiction des œuvres incriminées.