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Récits

Transsibérien, Dominique Fernandez

Ecrit par Lionel Bedin , le Mardi, 03 Avril 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Grasset

Transsibérien. Photos de Ferrante Ferranti. 01/21012. 304 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Dominique Fernandez Edition: Grasset


C’est en mai 2010 qu’une vingtaine d’écrivains, journalistes et photographes, embarquent à bord du Transsibérien, pour un voyage culturel franco-russe. Transsibérien est le récit que rapporte Dominique Fernandez, l’un des écrivains invités, illustrés par les photographies de Ferrante Ferranti. (Les deux hommes ont déjà travaillé et écrit des livres ensemble.)


Les joies du voyage en Sibérie


Départ : Moscou. En quelques années la place Rouge a changé. Ce qui se remarque le plus n’est pas le Kremlin mais le fameux Goum, ce magasin du peuple, devenu aujourd’hui une galerie de « boutiques de luxe à la façade étincelante, cavernes d’Ali Baba inaccessibles à qui n’est pas un nouveau Russe. » L’auteur constate que les Russes sont passés « d’un despotisme sanglant à un capitalisme agressif. » Est-ce un progrès ? Pour qui ? Cette question se posera plusieurs fois tout au long du voyage.

L'une et l'autre, suivi de mes pairs, Maïssa Bey

Ecrit par Nadia Agsous , le Samedi, 24 Mars 2012. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Maghreb

L’Une et l’autre, suivi de Mes pairs, coll. Regards croisés, Editions l’Aube, mars 2009, 58 p. 7,50 € Editions Barzakh, Alger, mai 2010, pour l’Algérie . Ecrivain(s): Maïssa Bey

« Je suis votre hôte aujourd’hui. A la fois celle qui est reçue et celle qui accueille. Vous me recevez chez vous et je vous accueille dans ma demeure de mots, au seuil de laquelle je me tiens portes ouvertes », écrit Maïssa Bey au début de son dernier ouvrage qui regroupe deux essais à dimension essentiellement autobiographique.

Echange. Acceptation. Complicité. Réciprocité. Tels sont les maîtres-mots qui structurent la démarche de cette écrivaine qui, à travers ce récit de vie se lance dans une présentation de soi. En nous livrant son savoir sur soi, Maïssa Bey met en scène son sentiment d’être, c’est-à-dire « l’ensemble des représentations et des sentiments – qu’elle a développé – à propos d’elle ». C’est ainsi qu’à travers ces deux essais, elle nous invite à nous immerger au cœur de sa face subjective qui est celle du « Je ». Un monde où elle puise les mots, les idées, les images, les personnages, ses perceptions de soi et des autres, ses expériences de la vie, les situations vécues, le sentiment de cohérence, ses souvenirs d’enfance… Et à travers la mise en mots de sa trajectoire de vie et des évènements qui de son point de vue ont marqué son existence, elle endosse à la fois le rôle de sujet et d’objet. Autrement dit, Maïssa Bey écrit au sujet de celle qui écrit, c’est-à-dire elle-même.

Nous étions des êtres vivants, Nathalie Kuperman

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 22 Mars 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Nous étions des êtres vivants, 240 p., janvier 2012, 5,10 € . Ecrivain(s): Nathalie Kuperman Edition: Folio (Gallimard)

On pourrait toujours dire que l’époque est propice à la (re)lecture du texte de Nathalie Kuperman, que cette réédition tombe à pic, que la mise à disposition de ce texte au plus grand nombre ne peut que répondre à un besoin évident, tant l’actualité est riche en délocalisations, fermetures programmées et inéluctables aux yeux de certains, menaces en tous genres qui pèsent sur les salariés. Sans doute trouvera-t-on dans ce texte bien des échos de cette actualité économique. Mais toutes ces bonnes raisons de lire ce texte ne doivent pas masquer les qualités littéraires dont fait preuve l’auteur.

La construction tout d’abord. Nathalie Kuperman donne la parole à plusieurs employés d’une maison d’édition, ce qui est l’occurrence d’un texte à plusieurs voix pour mieux observer de l’intérieur les ravages d’une restructuration de l’entreprise après le rachat par un individu, dont le but n’est que pécuniaire. Le chœur, qui représente l’ensemble des employés, a aussi la parole. C’est l’occasion de suivre l’évolution de chacun quand la suspicion oblitère les rapports dans l’entreprise. Qui sera viré, qui aura la promotion que je mérite, sont autant d’interrogations légitimes. « C’est au moment où il faudrait que nous nous aimions que nous nous regardons avec méfiance ». Ainsi s’établissent des rapports qui poussent certains à commettre des actes insensés. Et d’aucuns iront jusqu’à saboter le déménagement en saccageant les cartons des uns et des autres.

Peeping Tom, Alessandro Mercuri

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 10 Mars 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Léo Scheer

Peeping Tom, Editions Léo Scheer, 2011, 186 pages, 18 € . Ecrivain(s): Alessandro Mercuri Edition: Léo Scheer

Peeping Tom. Le voyeur en français. Comme le film de Michael Powell dans lequel un caméraman-tueur filmait les derniers instants de ses victimes, avant de les tuer. Le père de tous les snuffmovies.

Voilà un ouvrage étrange. Etrange n’est peut-être pas le mot qui convient le mieux, mais le premier qui vient à l’esprit quand on se retrouve devant ce livre qui ne ressemble à nul autre.

Les deux phrases en exergue donnent le ton.


« Créature mortelle et fugace, l’homme ne pouvant être voyant, doit être voyeur ». (Polyphème de Sicile, Mensonge et persuasion, VIe siècle, av. J.-C.).


“One of the great things about books is sometimes there are some fantastic pictures » (George W. Bush, 2000 ap. J.-C.).

Chroniques de l'occident nomade, Aude Seigne

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 15 Février 2012. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Zoe

Chroniques de l’Occident nomade, octobre 2011, 144 p., 16 € . Ecrivain(s): Aude Seigne Edition: Zoe

Un jour, devant « la mer scintillante comme un désert bleu », c’est la révélation. « Le désert de glace aveugle et défile alors que le ciel est d’un bleu pâle infini. J’ai quinze ans mais je ne me suis jamais réveillée sur un tel panorama et des milliers de générations d’humains ont dû le faire tous les jours avant moi. Quelque chose craque en moi ce jour-là, une paroi se rompt sans crier gare, la possibilité de l’abîme se dévoile en même temps que celle du bonheur absolu ». Reprenant les réflexions de Nicolas Bouvier, Aude Seigne découvre que l’état nomade a quelque chose à lui apprendre. « On ne sait pas très bien pour quoi on s’embarque quand on commence à voyager, mais comme dans un roman, tout est déjà là dès l’incipit ». Alors Aude Seigne est partie. Ce livre est une pause dans l’errance de cette jeune « bourlingueuse du XXIe siècle », un moment d’écriture, un point sur elle-même, avant d’autres probables départs.

Pour la voyageuse, le voyage permet toujours de se découvrir soi-même – même si l’on pense se connaître, « il y a des moments où je ne sais plus très bien d’où viennent certains confins de moi-même » – et permet de vérifier que voyage et amours sont étroitement liés. « Comment aller à la rencontre de l’autre ? C’est la question de l’amour, de l’amitié, c’est aussi la question des voyages ».