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Récits

Le vent d'Anatolie, Zyrànna Zatèli

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 23 Avril 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Quidam Editeur

Le vent d’Anatolie, Quidam éditeur, collection Poche, 2012, traduit du grec par Michel Volkovitch, 56 p. 5 € . Ecrivain(s): Zyrànna Zatèli Edition: Quidam Editeur

Sympathiques petits livres pour un prix plus qu’abordable, la collection Poche de Quidam séduit d’emblée. Un beau chat bleu en couverture de celui-ci. Le Vent d’Anatolie est une nouvelle de Zyrànna Zatèli, tirée du recueil Gracieuse dans ce désert.

C’est un texte qui se lit d’un trait, d’une grande beauté, troublant, qui raconte dans une langue simple, très fortement empreinte de poésie, une étrange histoire d’amitié. Celle d’une jeune fille et d’une vieille tuberculeuse un peu folle. Mais est-elle réellement folle ou plutôt désespérément seule ? Isolée par la communauté qui craint sa maladie, mais la nourrit quand même par acquis, sans doute, de bonne conscience, elle meurt à petit feu dans sa maison, comme une pestiférée, brassant souvenirs et délires.

Un jour, la jeune fille qui est la narratrice de l’histoire, est chargée d’apporter à manger à Anatolie, c’est le nom de la vieille malade. La nouvelle débute ainsi par le trajet qui mène à sa maison, un bref portrait de quelques personnages de ce coin perdu au nord de la Grèce : Naoum le bijoutier qui met des pompons aux oreilles des chats et qui vend aussi bien des bijoux que des fusils de chasse, le souvenir d’une jeune fille morte à 17 ans dans un sanatorium, un boucher cynique, pétomane, coureur de jeunes jupons et ainsi, on arrive chez Anatolie.

Espiritu Pampa - Sur les chemins des Andes, Sébastien Jallade

Ecrit par Lionel Bedin , le Samedi, 14 Avril 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Espíritu pampa - Sur les chemins des Andes, Éditions Transboréal, mars 2012, 180 p. 20,90 € . Ecrivain(s): Sébastien Jallade


C’est quoi les Andes ? « Un territoire inaccessible ? » « Un enchevêtrement de couleurs sans orgueil » ? « Tout se ressemble : une vallée, puis une autre, un écheveau de montagnes si monotone qu’il m’empêche de trouver mon chemin ». C’est pour essayer de répondre à ces questions, de comprendre, que Sébastien Jallade nous propose un incroyable périple dans Espíritu pampa - Sur les chemins des Andes. « Marcher sur la grande route inca en ignorant le temps présent n’aurait aucun sens ». Marcher sur le Qhapaq Ňan – nom quechua signifiant « chemin royal » souvent traduit par le Chemin de l’Inca – en ignorant qu’il fut un « axe majeur d’autres enjeux, ceux de la conquête espagnole et des premières tentatives d’évangélisation » n’aurait évidemment pas plus de sens. Le Chemin de l’Inca fut un axe essentiel de l’économie et de la politique de l’Empire Inca. Qu’est-ce qui existait avant cette conquête – dans le quotidien, mais aussi dans l’imaginaire ; quelles sont les croyances qui ont façonné ce Nouveau Monde ? Qu’est-ce qu’il en reste aujourd’hui ? Est-il possible de parvenir à un « syncrétisme » en parcourant ces chemins ? Est-ce souhaitable ?

Transsibérien, Dominique Fernandez

Ecrit par Lionel Bedin , le Mardi, 03 Avril 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Grasset

Transsibérien. Photos de Ferrante Ferranti. 01/21012. 304 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Dominique Fernandez Edition: Grasset


C’est en mai 2010 qu’une vingtaine d’écrivains, journalistes et photographes, embarquent à bord du Transsibérien, pour un voyage culturel franco-russe. Transsibérien est le récit que rapporte Dominique Fernandez, l’un des écrivains invités, illustrés par les photographies de Ferrante Ferranti. (Les deux hommes ont déjà travaillé et écrit des livres ensemble.)


Les joies du voyage en Sibérie


Départ : Moscou. En quelques années la place Rouge a changé. Ce qui se remarque le plus n’est pas le Kremlin mais le fameux Goum, ce magasin du peuple, devenu aujourd’hui une galerie de « boutiques de luxe à la façade étincelante, cavernes d’Ali Baba inaccessibles à qui n’est pas un nouveau Russe. » L’auteur constate que les Russes sont passés « d’un despotisme sanglant à un capitalisme agressif. » Est-ce un progrès ? Pour qui ? Cette question se posera plusieurs fois tout au long du voyage.

L'une et l'autre, suivi de mes pairs, Maïssa Bey

Ecrit par Nadia Agsous , le Samedi, 24 Mars 2012. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Maghreb

L’Une et l’autre, suivi de Mes pairs, coll. Regards croisés, Editions l’Aube, mars 2009, 58 p. 7,50 € Editions Barzakh, Alger, mai 2010, pour l’Algérie . Ecrivain(s): Maïssa Bey

« Je suis votre hôte aujourd’hui. A la fois celle qui est reçue et celle qui accueille. Vous me recevez chez vous et je vous accueille dans ma demeure de mots, au seuil de laquelle je me tiens portes ouvertes », écrit Maïssa Bey au début de son dernier ouvrage qui regroupe deux essais à dimension essentiellement autobiographique.

Echange. Acceptation. Complicité. Réciprocité. Tels sont les maîtres-mots qui structurent la démarche de cette écrivaine qui, à travers ce récit de vie se lance dans une présentation de soi. En nous livrant son savoir sur soi, Maïssa Bey met en scène son sentiment d’être, c’est-à-dire « l’ensemble des représentations et des sentiments – qu’elle a développé – à propos d’elle ». C’est ainsi qu’à travers ces deux essais, elle nous invite à nous immerger au cœur de sa face subjective qui est celle du « Je ». Un monde où elle puise les mots, les idées, les images, les personnages, ses perceptions de soi et des autres, ses expériences de la vie, les situations vécues, le sentiment de cohérence, ses souvenirs d’enfance… Et à travers la mise en mots de sa trajectoire de vie et des évènements qui de son point de vue ont marqué son existence, elle endosse à la fois le rôle de sujet et d’objet. Autrement dit, Maïssa Bey écrit au sujet de celle qui écrit, c’est-à-dire elle-même.

Nous étions des êtres vivants, Nathalie Kuperman

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 22 Mars 2012. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Nous étions des êtres vivants, 240 p., janvier 2012, 5,10 € . Ecrivain(s): Nathalie Kuperman Edition: Folio (Gallimard)

On pourrait toujours dire que l’époque est propice à la (re)lecture du texte de Nathalie Kuperman, que cette réédition tombe à pic, que la mise à disposition de ce texte au plus grand nombre ne peut que répondre à un besoin évident, tant l’actualité est riche en délocalisations, fermetures programmées et inéluctables aux yeux de certains, menaces en tous genres qui pèsent sur les salariés. Sans doute trouvera-t-on dans ce texte bien des échos de cette actualité économique. Mais toutes ces bonnes raisons de lire ce texte ne doivent pas masquer les qualités littéraires dont fait preuve l’auteur.

La construction tout d’abord. Nathalie Kuperman donne la parole à plusieurs employés d’une maison d’édition, ce qui est l’occurrence d’un texte à plusieurs voix pour mieux observer de l’intérieur les ravages d’une restructuration de l’entreprise après le rachat par un individu, dont le but n’est que pécuniaire. Le chœur, qui représente l’ensemble des employés, a aussi la parole. C’est l’occasion de suivre l’évolution de chacun quand la suspicion oblitère les rapports dans l’entreprise. Qui sera viré, qui aura la promotion que je mérite, sont autant d’interrogations légitimes. « C’est au moment où il faudrait que nous nous aimions que nous nous regardons avec méfiance ». Ainsi s’établissent des rapports qui poussent certains à commettre des actes insensés. Et d’aucuns iront jusqu’à saboter le déménagement en saccageant les cartons des uns et des autres.