Identification

Les Livres

Une ombre chacun, Carole Llewellyn

Ecrit par Zoe Tisset , le Lundi, 12 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

Une ombre chacun, avril 2017, 294 pages, 17 € . Ecrivain(s): Carole Llewellyn Edition: Belfond

 

L’histoire tourne autour de cette femme, Clara, elle a décidé de tout quitter et surtout son mari, Charles. Celui-ci lui demande un enfant comme on passe une commande dans un magasin chic.

« Charles était de cette génération d’hommes qui réfléchissaient à la paternité, projet angoissant de la trinité héritée appartement, mariage, enfants (…). Il lui demanderait juste un enfant comme on demandait un deuxième whisky et, comme toujours, elle dirait oui ».

Seulement, il déclenche alors une sorte de raz de marée interne et extravasé. Clara qui a survécu dans son enfance à un enlèvement, part à la recherche d’elle-même.

« Tout allait bien. Tant que vous ne faisiez pas un bébé autiste ou trisomique. Un bébé sur lequel on ne pourrait pas s’extasier sur Instagram. Un bébé à qui on ne saurait pas quoi acheter comme jouet. Un bébé pour qui le choix de la poussette, du portage, de l’écharpe serait un débat inutile car on le garderait enfermé ».

Michel Tournier, Romans en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 10 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Pléiade Gallimard

Michel Tournier, Romans suivi de Le Vent Paraclet, édition d’Arlette Bouloumié avec la collaboration de Jacques Poirier et Jean-Bernard Vray, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 23 Février 2017, 1824 pages . Ecrivain(s): Michel Tournier Edition: La Pléiade Gallimard

De Tournier, l’on connaît surtout aujourd’hui Le Roi des Aulnes (prix Goncourt – à l’unanimité – en 1970, présenté par l’incomparable critique George Steiner comme « l’un des plus grands romans européens de ces dernières décennies »), et les Vendredi.

En 1969, Michel Tournier emprunte le personnage de Robinson Crusoé à Daniel Defoe dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Ce texte, comme l’a rappelé notamment Martine Groult, est une superbe « revisitation » du grand texte Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe (1660-1731). Revisitation situant l’action en 1759 et réalisant « une inversion de sens » puisque Tournier « fait de Robinson un élève de la vie sauvage au lieu d’un instructeur de la nature et du sauvage ». « D’abord tellurique, terrien, terreux, cloué au sol par l’attraction terrestre et plus encore par le poids de sa civilisation, écrit Jacques Chabot, le Robinson de Tournier, converti par le sauvage Vendredi aux joies légères de l’existence naturelle, se redresse, se porte vers l’altitude, où il devient progressivement un être aérien. Il s’élève au sommet d’un arbre, où il se livre tout entier à la rêverie d’un bonheur immobile et bercé, à la joie d’un départ sur place. « Il rêvait. L’arbre était un grand navire ancré dans l’humus et il luttait, toutes voiles dehors, pour prendre enfin son essor ».

Victoria n’existe pas, Yannis Tsirbas (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 10 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Quidam Editeur

Victoria n’existe pas, trad. grec Nicolas Pailler, 66 pages, 10 € . Ecrivain(s): Yannis Tsirbas Edition: Quidam Editeur

 

Strangers on a train (1) pourrait être le titre anglais ou américain pour une traduction de ce premier opus de Yannis Tsirbas, car il s’agit bien, au départ, d’une rencontre imprévisible, mais pas totalement improbable, dans un train qui va de la banlieue vers la capitale, Athènes. Mais la comparaison devrait s’arrêter là, car il n’y a pas à proprement parler de projets de criminels inavoués entre les deux protagonistes. Encore que…

L’homme habite le quartier du square Victoria. Un nom qui n’évoque sans doute pas grand-chose pour celles et ceux qui n’ont pas fait le voyage. Le square Victoria est un des lieux d’Athènes qui a depuis quelques années une des plus sombres réputations. Insécurité, saleté… Un lieu où il ne ferait pas bon se promener la nuit venue et que tous les touristes devraient soigneusement éviter, même si les restaurants n’y manquent pas. C’est que le square Victoria est depuis des années un des lieux où atterrissent et tentent de survivre des immigrés venus de pays où la vie est encore plus difficile qu’en Grèce.

La faute des autres, Emmanuelle Friedmann

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 09 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Calmann-Lévy

La faute des autres, avril 2017, 288 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Emmanuelle Friedmann Edition: Calmann-Lévy

 

« Les bombardements incessants empêchaient les soldats de s’entendre… les risques… les explosions… la tranchée… Les corps déchiquetés… les épidémies ». Ainsi démarrent les premières pages du nouveau roman d’Emmanuelle Friedmann, La faute des autres. Tout de suite, nous sommes plongés dans l’enfer de la première guerre mondiale. Tout n’est plus que ruine et désolation. Le chaos s’installe. Dans l’horreur, des amitiés, des amours insolites, inhabituels se nouent. On s’épaule, on est soudé face au danger. Face à la mort qui rôde en permanence, les sentiments s’exacerbent. Mais cela perdure-t-il quand revient une certaine normalité ?

Pouvons-nous sortir indemne d’un carnage qui a touché tout un pays ? Le récit nous entraîne dans une course haletante qui couvre vingt-cinq ans de notre histoire nationale. Dans cette époque charnière, le roman déroule l’odyssée de vies qui se croisent, se perdent et se retrouvent avec des tissages heureux et des accrocs inévitables. Parfois le corps lâche, il vacille quand les souvenirs remontent avec trop de virulence et il devient incontrôlable : « Je ne peux plus voir de sang… Il se mit à trembler… ». Charles finira par renoncer à sa carrière de chirurgien, choisie par vocation, pour devenir médecin généraliste à Cabourg.

Les temps de la cruauté, Gary Victor

Ecrit par Michel Tagne Foko , le Vendredi, 09 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Philippe Rey

Les temps de la cruauté, février 2017, 192 pages, 16 € . Ecrivain(s): Gary Victor Edition: Philippe Rey

 

C’est un vrai bonheur de lire cet excellent auteur.

Dans ce nouveau Gary Victor, le réel, que l’on peut aussi appeler le concret, se mêle à la superstition, surnaturel ou surréalisme. Ça dépendra de chacun. À chacun de comprendre comme il peut.

Le livre s’ouvre avec les mots de Carl Vausier. Il nous livre son histoire du début à la fin. C’est une personne qui a fait des études. Il écrit des livres. Il vit à Port-Au-Prince, capitale politique d’Haïti. Il parle. Il nous parle. Avec ses mots. Oui, avec ses verbes et sa singularité. Il nous parle tout simplement, comme monsieur tout le monde. Il est certes écrivain, mais là, il n’est pas en train d’écrire un livre. Non, du tout. Il parle de ce qu’il a vécu et de ce qu’il vit. Ce qu’il dit est là. Il le dit. Subitement, le lecteur, celui-là qui lit ce qui est écrit, voit. Voit l’image de ces scènes qui sont là. Posé là avec un niveau de compréhension accessible à tous. Il parle tout simplement comme dans la vraie vie. Et c’est beau. Que c’est bon !