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Les Livres

La séduction de la fiction, Jean-François Vernay (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La séduction de la fiction, Jean-François Vernay, Hermann, mars 2019, 216 pages, 24 €

 

Fiction, mon amour…

Pourquoi, comme le remarque Jorge Luis Borges dans ses Conférences, « le livre est[-il] un des bonheurs possibles de l’homme » ? Pourquoi, selon lui encore, « la lecture est[-elle] une forme du bonheur » ? (1). C’est parce que la fiction a un pouvoir dont chaque lecteur a un jour fait l’expérience : elle nous séduit. Si l’on s’accorde aisément sur le constat, les motifs pour lesquels le charme opère restent obscurs. La raison en est que peu de travaux existent sur le sujet dans la mesure où des réticences à croiser les neurosciences et les études littéraires se faisaient sentir, alors que le champ littéraire a tout à gagner de cette « interdisciplinarité féconde qui ouvre de nouvelles perspectives et donne un nouveau souffle aux études littéraires que les déclinologues jugent moribondes et menacées d’asphyxie » (p.16).

Depuis toujours le chant, Gérard Bocholier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Depuis toujours le chant, Gérard Bocholier, Arfuyen, mai 2019, 128 pages, 13 €

 

 

Poésie-chant

En espérant limiter l’emphase de ma lecture, je dirais quand même que le dernier livre de Gérard Bocholier se compare assez à une psalmodie, comparable donc avec le chant spirituel du Livre des psaumes de David, identifiable au moins à l’environnement mystique de la représentation de la divinité dans l’aire chrétienne. C’est à une sorte de « lyrisme des neiges » si je puis imager mon propos ainsi, à quoi je rapprocherais cet acte de foi du poème, poésie qui calque à la fois un espace invisible, immatériel, et les éléments physiques du monde terrestre, et de cette manière la beauté des glaces et leur physiologie hivernale.

Et frappe le père à mort, John Wain (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 14 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Editions du Typhon

Et frappe le père à mort (Strike the Father Dead, 1962), mai 2019, trad. anglais Paul Dunand, 394 pages, 19 € . Ecrivain(s): John Wain Edition: Editions du Typhon

 

« La musique adoucit les mœurs », prétend le proverbe. Mais encore faut-il s’entendre de quel type de musique il est question. Car quand un père est féru de musique classique et son fils de jazz, la musique est plutôt source de heurts, de tensions. Ou elle ne fait qu’envenimer une situation déjà bien explosive. Et entre Jeremy et son père, Alfred, la musique n’est qu’un élément parmi d’autres de la discorde qui les oppose sous les yeux d’Eleanor, tante du premier et sœur du second, vieille fille dépassée par les événements, mais témoin privilégié pour donner un autre point de vue sur la situation.

Alfred est un professeur de grec à l’université, tendance rigide et arc-bouté sur des principes. Il mène une existence austère, entièrement dévouée à son travail. Pour lui, « un bon fils est un fils qui sait la grammaire grecque ». Or, Jeremy en a plus qu’assez de travailler ses versions et ses thèmes. Il a dix-sept ans et il rêve de musique. Depuis qu’il a découvert le jazz, Jeremy a cette musique « dans le sang ». Alors que pour son père, « jouer ou écouter du jazz avait quelque chose de déshonorant, un peu comme la masturbation ». Il la considère comme une « musique discordante, monotone et populaire », « une voie de perdition ».

Carnets, Goliarda Sapienza (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 14 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits, Italie, Le Tripode

Carnets, janvier 2019, trad. italien Nathalie Castagné, 480 pages, 25 € . Ecrivain(s): Goliarda Sapienza Edition: Le Tripode

 

Tenir registre de sa vie, écrire son journal, voilà une entreprise que bien des auteurs ont tentée et peu réussie. Aux ouvrages célèbres (Journal littéraire de Paul Léautaud, celui monumental de Julien Green…), il faudra ajouter désormais les fameux Carnets de Goliarda Sapienza (1924-1996), dans lesquels la mémorialiste aiguë relate sa vie au-delà des sept années d’écriture de L’Art de la joie, pour une longue période âpre, presque sans argent (1976-1993). La très belle édition du Tripode (Paris), en hautes pages aérées, est un modèle du genre.

La sélection des milliers de pages par le compagnon de Goliarda, Angelo Pellegrino, donne lieu à de réelles plongées dans ces années-là, dans une Rome criblée de violences (Brigades Rouges…), dans l’atmosphère des voyages qui éclairent la conscience communiste de Goliarda, qui dessille enfin les yeux sur les atrocités des systèmes (Russie, Chine).

La plume n’épargne personne et d’abord elle-même, à qui elle réserve une grande part de sa sévérité foncière : elle se sent vidée (par l’écriture épuisante de ce livre qu’elle n’arrive pas à placer chez les éditeurs), alors qu’il faudrait remparer de tous côtés. L’absence d’Angelo (ne fût-ce que pour de petits voyages de travail) l’abat.

Voyager dans Gary (3) Les enchanteurs, Romain Gary (par Laurent LD Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Vendredi, 14 Juin 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Folio (Gallimard)

Les enchanteurs, Romain Gary, Folio Gallimard, 1973, 372 pages, 8,90 €

 

Mon propos, à travers cette série de trois articles, consiste à interroger le sens de l’œuvre de Romain Gary, essentiellement Gary, à travers trois romans. Un point de vue forcément orienté. Un choix. Pour comprendre qu’un chemin d’auteur se construit au fil des ans. L’appréhender c’est l’illustrer. Voici celui de « mon » Gary.

Les Racines du ciel (Goncourt 1956), fondateur, politique et visionnaire. Les Enchanteurs (1973), l’art l’imaginaire et l’amour salvateurs. Les Cerfs-volants (1980), testamentaire, espérant et humaniste.

 

Les enchanteurs, Romain Gary, Folio Gallimard, 1973, 372 pages, 8,90 €

 

Il était une fois, un conte…