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Les Livres

La conquête des îles de la Terre Ferme, Alexis Jenni (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 28 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

La conquête des îles de la Terre Ferme, 449 pages, 7,99 € . Ecrivain(s): Alexis Jenni Edition: Gallimard

 

Alexis Jenni a le sens de l’histoire. Cette aptitude à resituer les guerres coloniales de la France dans l’exercice d’un art, illustrée à merveille dans son premier roman L’art français de la guerre, il la met en œuvre dans ce roman La conquête des Îles de la Terre Ferme. Comme le rappelle l’auteur dans son texte d’avertissement précédent celui du roman : « Tout est vrai, donc sauf les imprécisions, exagérations, condensations et menteries, qui sont dues au principe de débordement qui réside au cœur de tout roman ». Effectivement, le lecteur ressent cette vérité de la conquête dans ses aspects humains, économiques, religieux, idéologiques. Sans nous faire éprouver de la sympathie pour ces hommes, Alexis Jenni prend soin de nous rappeler qui ils étaient : d’abord, des individus humiliés à l’origine par leur éducation : « Je m’appelle Juan de Luna (…) Je me souviens parfaitement du jour où je cessais de répondre, ce jour précis où mon père que j’indifférais se mit à me haïr, ce qui est un sentiment plus noble que l’indifférence, car plus intense, et plus propre à générer des prouesses ».

Cadence, Essai autobiographique, Jacques Drillon (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 28 Juin 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, Essais, La Une CED, Biographie

Cadence, Essai autobiographique, Jacques Drillon, Gallimard, coll. Blanche, novembre 2018, 400 pages, 23,50 €

 

Vivre, c’est sentir. Mais si vivre, c’est sentir, c’est, d’autant plus, avoir senti et s’attendre à sentir. La vie s’élargit, par cette distentio animi, des souvenirs. Et des aspirations. La durée augustinienne est ce qui déborde en avant et en arrière le présent [1]. L’homme est souvenir et désir : la mémoire et l’attente sont, depuis la fin du XVIIIe, son lieu ontologique… La mémoire serait-elle le lieu de souvenirs non pas endimanchés mais enguenillés. Car il est toujours l’humour, pour nous rendre appréciable aux autres. Et à nous-même. Quelles que soient nos tares. Oui, quelles qu’elles soient. Quels que soient les vacillements qui ont préludé à notre chant… Jugez plutôt.

« Certains êtres sont plus sujets que d’autres à l’addiction. [Mon père] l’était au plus haut degré, et nous avons hérité de lui cette inutile prédisposition. Il avait beaucoup fréquenté les casinos, joueur accroché et féroce. Jusqu’au jour où il perdit tout ce qu’il possédait. Terrorisé par ce qu’il venait de faire, il prit la décision de ne plus jouer un centime. Il s’y tint : la résolution avait dû être aisée à tenir.

Épopée, historiette et fable, 3 livres de la Joie de Lire (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 28 Juin 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Jeunesse

 

Cabane en péril !, Jean-Claude Lalumière, La Joie de lire, juin 2019, coll. Hibouk, 168 pages, 10,90 €

 

Cabane en péril est un récit simple, à l’imparfait, raconté par le petit garçon Bernie. Le temps y est découpé comme dans un journal intime, mais le ton est plus perfectionné, plus disert. Au début du livre-jeunesse se trouvent de petits schémas, plutôt réduits à de simples traces maladroitement dessinées à la main, et ce sont peut-être là les miettes du Petit Poucet qui nous engagent à suivre la trame de la fiction. La littérature enfantine ne naît pas ex nihilo et il est judicieux de la part de Jean-Claude Lalumière de citer Jean de La Fontaine, des dessins animés, des héros de bande dessinée, tout en situant l’intrigue dans notre monde actuel, et d’aborder des débats environnementaux. L’on peut parler aussi, à propos de Cabane en péril, de littérature d’apprentissage, d’une édification sur les problèmes de notre planète, le sens de la responsabilité de chacun à son égard.

La Maison d’Haleine, William Goyen (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Gallimard

La Maison d’Haleine, William Goyen, trad. américain Maurice-Edgar Coindreau, 250 pages, 7,20 € . Ecrivain(s): William Goyen Edition: Gallimard

 

Il faut imaginer un William Faulkner qui serait un pur poète pour se faire une idée de ce roman sudiste, plein d’une nostalgie qui jouxte le désespoir. Un chef-d’œuvre littéraire à placer au plus haut des joyaux du Sud. Et traduit par l’immense Maurice-Edgar Coindreau, autant dire une priorité de lecture absolue.

La Maison d’Haleine est située à Charity, au Texas qui, un temps, a connu le bonheur.

« C’était une grande maison, vaste, vivante, traversée dans toute sa longueur par un long corridor ; et beaucoup de personnes y habitaient : Aunty, l’oncle Jimbob, Tante Malley, l’oncle Walter Warren, Christy, Grand’Maman Ganchion, et tous les cousins et cousines, grands et petits : Swimma, Follie, Barryben, Jessie, Maidie, tous – même miss Hattie Claig qui vint habiter avec nous ».

Le Tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui, Pierre Adrian, Philibert Humm (par Lionel Bedin)

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 27 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Pocket, Voyages

Le Tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui, Pierre Adrian, Philibert Humm, juin 2019, 312 pages, 7,50 € Edition: Pocket

 

Deux amis d’enfance, tous les deux nés en 1991, « majeurs mais pas tout à fait vaccinés », ont un jour de 2017 l’envie de faire un tour de France en voyageant sur les traces des frères André et Julien Volden, les jeunes héros du Tour de la France par deux enfants, le livre d’Augustine Fouillée (1833-1923), publié en 1877 sous le pseudonyme G. Bruno, célèbre manuel scolaire de lecture, de géographie, et de morale sous la IIIe République. Le projet de Pierre Adrian et Philibert Humm : « voyager avec ce petit éloge de la sobriété et de la prudence ; passer notre temps à le trahir ». Garder l’idée d’un voyage dans la France des régions, des monuments, des hommes, « à portée de la main », mais dans la France d’aujourd’hui. Les copains et la route plutôt que la Patrie, la maison et la famille. Et faire de ce voyage un « hymne à la promenade » plutôt qu’au travail ou à la morale civique… Bref, « on serait les Kerouac lorrains ».