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Les Livres

Au-dessus de l’Abysse, Conrad Aiken (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Gallimard

Au-dessus de l’Abysse (Blue Voyage), 453 pages, 7,95 € . Ecrivain(s): Conrad Aiken Edition: Gallimard

 

Une traversée. Dans la narration, une traversée de l’Atlantique en paquebot – New-York-Angleterre. Mais c’est à une tout autre traversée que le lecteur est convié par Aiken, celle des apparences, celle du langage, celle de l’extraordinaire aptitude des êtres à couvrir leur désespoir et leur solitude de propos logorrhéiques et vides. La traversée « Au-dessus de l’Abysse » est celle de l’infinie tristesse de la condition humaine, celle de l’infinie frontière intérieure de la littérature.

Dans un monde clos pendant huit jours, des gens qui ne se connaissent pas vont se rencontrer, parler, se retrouver au cœur des fonctions essentielles du langage : dire l’amour, la haine, les regrets, la peur. Dire soi. Conrad Aiken, grand poète et romancier, décortique l’âme humaine à travers les conversations. Et les gens se révèlent, nus, odieux souvent, malheureux toujours. Ils traversent l’Atlantique sur « les gouffres amers » de Baudelaire, métaphore d’une condition humaine juchée « au-dessus de l’Abysse ».

Archéophonies, Peter Gizzi (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Jeudi, 13 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Poésie, Editions José Corti

Archéophonies, mars 2019, trad. Stéphane Bouquet, 80 pages, 16 € . Ecrivain(s): Peter Gizzi Edition: Editions José Corti

 

« Archéophonies », comme un retour au pays des voix anciennes, des voix lointaines. Nous y sommes conduits par l’appel de « la vieille langue, / équipée de lances et de jambières / de boucliers brisés / et de voyelles martelées ; / un escalier montant / vers un miroir – regardez-la / gravir la vieille spirale, / sous les balafres écaillées / d’un ciel septentrional, / une rotonde bleue » [p.15]. « Je rends juste visite à cette voix » [p.11], nous dit le poète.

Là où se trouve la richesse poétique et langagière de Peter Gizzi, c’est que même si nous pouvons en avoir eu l’image à un moment précis, en aucun cas nous ne nous voyons remonter dans les étages austères d’un château moyenâgeux de la langue. Certes, la nostalgie conduit le poète en certains instants, mais il s’agit de la nostalgie de son propre passé, comme peuvent l’illustrer Bout d’emballage ou Instrument à vent.

Dissonances, revue pluridisciplinaire, #36, Eté 2019 (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 13 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Revues

Dissonances, revue pluridisciplinaire, #36, Eté 2019, 48 pages, 5 €

Le nouveau numéro de Dissonances fait suite à la précédente livraison, consacrée à la honte, et s’arrête sur le thème de la vérité qui, on le sait, a comme concept traversé toute l’histoire de la philosophie. En 2016, le vénérable dictionnaire d’Oxford, quant à lui, intégrait dans ses pages le terme de « Post-Vérité » à propos du contenu de l’information politique et ses nouvelles modalités bousculées par une approche émotionnelle des discours. La vérité a par ailleurs en français produit un grand nombre de constructions langagières comme le rappelle l’édito de Jean-Marc Flapp. On comprend dès lors tout l’intérêt de proposer à des auteurs et auteures de produire des textes sur le sujet d’autant que la fiction (dans des récits ou nouvelles) ou l’écriture poétique contribuent à interroger, à braver cette idée du Vrai.

La proposition graphique (comme à chaque numéro) d’Hélène Bautista joue sur la mise en forme plastique et chromatique de la vérité comme le montre sur la première de couverture l’image d’une allumette craquée, dont la flamme et le rayonnement lumineux en autant de petits points éclairent la noirceur du carré noir qui sert de cadre. La vérité comme lumière revient dans d’autres illustrations, au fil des pages. Elle est aussi veilleuse (aux deux sens du terme) de l’écrivain, et réverbère des rues (cf. portfolio).

Une île si tranquille, Jean-Pierre Lefebvre (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Jeudi, 13 Juin 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Une île si tranquille, Jean-Pierre Lefebvre, Héloïse d’Ormesson, mai 2019, 237 pages, 18 €

 

Une île espagnole. Un polar. Milieu des années 80.

À l’occasion de l’enterrement de son beau-père, un gendarme français revient, sans sa femme, dans l’île où il s’est marié. Ne pouvant repartir pour cause de tempête, il se trouve embarqué à aider ses collègues espagnols dans une enquête autour de la mort d’une femme.

Voici pour le cadre.

Une île, on le sait, est un microcosme. Elle vous ouvre sur l’horizon, laissant vos yeux libres d’aller, tandis que vos pas, eux, sont limités… Plus encore si la mer s’en mêle et qu’elle vous retient prisonnier – comme un livre peut le faire quand il plaît.

J’aime beaucoup les îles. Les livres aussi. Hélas, autant vous l’avouer, j’ai souffert avec celui-ci.

Des enchaînements souvent téléphonés, maladroits.

Le Tour de France, Christian Laborde (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 12 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Les éditions du Rocher

Le Tour de France, juin 2019, ill. Sonia Lopez, 384 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Les éditions du Rocher

 

Christian Laborde, l’écrivain gascon, est un passionné de vélo. On lui doit notamment un Dictionnaire Amoureux du Tour de France (Plon), et plus récemment Robic 47 (Ed. du Rocher). Il a reçu en 2015 la médaille du Tour de France pour l’ensemble de ses livres consacrés aux Géants de la route, des mains de Bernard Hinault, le quintuple vainqueur de la Grande Boucle.

Il s’agit d’un Tour de France aux mille entrées, où l’on croise Louis Aragon – le goût violent de vaincre la nature et son propre corps, l’exaltation de tous pour les meilleurs. René Fallet – Prince du comptoir, des syllabes et du braquet… Laurent Fignon – Il rayonne dans l’exploit, l’attaque, l’assaut, n’assiégeant que les plus hautes citadelles… Mais aussi Antoine Blondin – Le général de Gaulle est le président des Français onze mois sur douze. En juillet, c’est Goddet. Ou encore Lance Armstrong – L’on reproche souvent à Lance Armstrong d’être hautain. Il l’est. Hautain : doué pour les hauteurs. Et enfin – mais une fin toute provisoire – Nico Mattan – Le 13 juillet 2000, le Belge Nico Mattan fait son miel du col de Notre-Dame des Abeilles avant de laisser Marco Pantani-Korsakov interpréter Le vol du bourdon dans le Ventoux.