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Espagne

Cabaret Biarritz, José C. Vales

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 11 Juillet 2017. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Denoël

Cabaret Biarritz, mai 2017, trad. espagnol Margot Nguyen Béraud, 464 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): José C. Vales Edition: Denoël

 

« Ah, Biarritz ! Qui n’a point vécu cet âge d’or à Biarritz ne connaît ni la vie ni ses plaisirs. Telle que vous me voyez aujourd’hui, j’administre ce modeste salon de thé, ici, dans le sombre Paris, mais il fut un temps où dépendaient de moi les fastes et les splendeurs du Château basque… ou devrais-je dire… de la villa Belza », Odette (Elise Vsard, Gouvernante du Château basque, villa Belza).

Cabaret Biarritz est le roman d’un saisissement, celui d’une tragédie, la mort d’une jeune femme Aitzane Palefroi, durant l’été 1925, retrouvée noyée, nue, dans le Port des Pêcheurs de Biarritz. Un faits divers dirions-nous, un suicide pensent certains témoins, précédé de noyades (l’océan a parfois ses raisons) et suivi d’un autre suicide à l’arme à feu, cette fois lors de luxueuses fiançailles à l’hôtel du Palais. Cabaret Biarritz est un miroir, où scintillent les feux les plus troubles de la cité balnéaire basque et qu’un écrivain oublié tente d’éclairer.

Une Mère, Alejandro Palomas

Ecrit par Gilles Brancati , le Mercredi, 28 Juin 2017. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Une Mère, mars 2017, trad. espagnol Vanessa Capieu, 310 pages, 21 € . Ecrivain(s): Alejandro Palomas Edition: Le Cherche-Midi

 

C’est un voyage en émotions. Un mille-feuille. Chaque fois qu’une feuille se détache, un personnage se découvre un peu plus. Le principal, en fil rouge, est celui de la mère de deux filles et d’un garçon. Elle n’a plus pour famille que ses enfants et un frère quelque peu hâbleur. Une amie, aussi, qui lui sert tour à tour d’alibi ou de justification.

Le soir de la Saint-Sylvestre, ils sont tous réunis autour de la table familiale. Le couvert est dressé pour tous plus un autre, à une place qui reste vide. On apprendra pourquoi.

La mère pourrait paraître fantasque, mais en vérité elle détourne d’un revers de main (elle est assez maladroite) ou par un biais de langage tout ce qui pourrait contrarier l’équilibre de sa famille. Elle sait, comme une mère, les souffrances de ses enfants, leurs difficultés, plus celles qu’elle découvre ce soir-là, ce que jusqu’à présent on ne lui avait pas dit. Son devoir est de les aider à se restaurer, sans jamais tomber dans un méli-mélo dramatique, car le sujet s’y prête (et l’auteur a été très attentif à ce piège), sans jamais aller vers l’excès. Cette femme est attachante et touchante dans son efficace simplicité !

Le Puits, Ivan Repila (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 27 Juin 2017. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, 10/18

Le Puits, 106 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Iván Repila Edition: 10/18

 

 

Tout lecteur risque fort d’y tomber dans ce puits, tant il est fascinant. Ce petit livre par la taille, 106 pages tout juste, est un joyau littéraire qu’on n’est pas près d’oublier après lecture. Tout, le récit, la situation, la portée symbolique, s’installe pour longtemps dans nos mémoires.

Deux frères, deux jeunes garçons, sont au fond d’un puits, on ne sait comment au début de l’histoire. Le trou fait 7 mètres de haut, avec des parois lisses et friables, impossibles à escalader. On ne saura jamais leurs noms, c’est le Grand et le Petit. Avec des majuscules, pour que ça leur serve de prénoms. Peu à peu, au fil des jours d’enfermement à ciel ouvert, ils renoncent semble-t-il à espérer sortir, s’organisent pour survivre, apprennent à manger racines, vers de terre, toutes sortes de vermine que la boue veut bien leur offrir.

L’Amertume du triomphe, Ignacio Sánchez Mejías

Ecrit par Jean Durry , le Mardi, 30 Mai 2017. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Roman, Verdier

L’Amertume du triomphe, avril 2017, trad. espagnol Dominique Blanc, 96 pages, 13 € . Ecrivain(s): Ignacio Sánchez Mejías Edition: Verdier

 

Etonnant.

Voici que le torero mythifié par Federico Garcia Lorca – qui serait lui-même assassiné le 19 août 1936 par les milices franquistes – en son inoubliable et lancinant « Llanto – chant funèbre – por Ignacio Sánchez Mejías », s’incarne littéralement, plus vivant que jamais dans ces – ou plutôt ses – quelques pages.

Il s’agit ici en effet d’un début de roman, manuscrit déniché dans une malle de famille par Andrès Amoros lors des investigations préalables à sa propre biographie du matador publiée en 1998. Ce texte retrouvé, aux qualités réelles – nous y reviendrons –, révèle une facette des talents de celui dont la courte et belle préface de Jean-Michel Mariou retrace la trop brève existence et toute la personnalité. Encorné à Manzanares le 11 août 1934, « à cinq heures du soir » quand « la mort déposa ses œufs dans la blessure », il décèdera deux jours plus tard à Madrid des suites directes de cette gangrène gazeuse mal soignée.

Requiem pour un paysan espagnol suivi de Le Gué, Ramón Sender

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 03 Mai 2017. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Récits, Attila

Requiem pour un paysan espagnol suivi de Le Gué, trad. espagnol Jean-Paul Cortada (Requiem por un campesino español), et Jean-Pierre Ressot (El vado) . Ecrivain(s): Ramón Sender Edition: Attila

 

 

Les guerres ont toujours du mal à finir et leurs cicatrices sont souvent sur le point de se rouvrir. Peut-être pas tant celles des héros, pour autant qu’il y en ait, mais pour ceux qui les ont subies et supportées dans l’anonymat, dans l’ombre, qui peut être l’ombre des petites lâchetés et des trahisons malgré soi. C’est de cela que parlent les deux courts récits de Ramon Sender (1901-1982) rassemblés ici, Requiem pour un paysan espagnol et Le gué. Auteur prolifique qui quitta l’Espagne au lendemain de la guerre civile pour le Mexique, puis la Californie où il décèdera en laissant derrière lui une œuvre qui compte une soixantaine de romans, des essais et du théâtre. A ce jour, à peine une dizaine de titres sont traduits en France et on ne peut que le regretter à la lecture de ces deux courts mais puissants récits.