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Espagne

Les yeux fardés, Lluís Llach

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 19 Novembre 2016. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Les yeux fardés (Memòrias d’uns ulls pintats), octobre 2015, trad. catalan Serge Mestre, 314 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Lluís Llach Edition: Actes Sud

 

Même si vous n’êtes pas franchement « catalaniste », même si vous ne comprenez pas un traître mot de catalan, il n’est pas du tout impossible que le nom de Lluís Llach ne vous soit pas inconnu. Le chanteur fut en effet un haut symbole de la résistance à la dictature franquiste qui nourrissait une adversité particulièrement rancunière à l’égard de la Catalogne, de son histoire, de sa capitale et de sa langue.

Depuis quelques années, le chanteur, auteur et compositeur, a laissé la chanson de côté et a choisi de poursuivre son engagement artistique dans le champ de la littérature. Paru en Espagne en 2012, son premier roman, Les yeux fardés, nous parvient aujourd’hui dans une traduction de Serge Mestre. Un roman dont on aurait pu craindre qu’il soit un « coup éditorial » reposant sur la notoriété de son auteur. Mais non, il s’agit là d’un premier roman qui confirme un talent qui n’a pas grand-chose à envier à d’autres.

Parce que les choses peuvent être différentes…, Manuela Carmena

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 10 Novembre 2016. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions Indigène

Parce que les choses peuvent être différentes… (Por qué las cosas pueden ser diferentes), septembre 2016, trad. espagnol Delphine Vinck, 160 p. 14 € . Ecrivain(s): Manuela Carmena Edition: Editions Indigène

 

Il y a quelques mois, en mai 2015, pour être précis, Manuela Carmena enlevait la mairie de Madrid tenue par le Partido Popular depuis 1991, portée par une liste d’ouverture de gauche, Ahora Madrid, proche de Podemos. Une élection qui, concomitante de celle d’Ada Calau à la mairie de Barcelone, semblait marquer l’espoir d’une autre politique dans une Espagne épuisée par la crise, les scandales et la corruption de nombre de politiques. De cet engagement, de cette façon de penser et faire de la politique, ce court livre témoigne avec une sincérité, une énergie et une conviction stimulantes, voire communicatives, qui font du bien.

Juge qui a été amenée à occuper les plus hautes fonctions au sein de la justice espagnole, Manuela Carmena revendique d’abord la nécessité de la compétence lorsque l’on prétend gérer les affaires publiques et non l’attachement idéologique, ou plutôt partisan, l’appartenance et la fidélité à un appareil, voire à ses seuls dirigeants. L’entretien des amitiés (même intéressées) pouvant devenir la seule vraie compétence des candidat-e-s ainsi désigné-e-s.

Les muselés, Aro Saínz de la Maza

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 05 Novembre 2016. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Actes Noirs (Actes Sud)

Les muselés (El àngulo muerto), septembre 2016, trad. espagnol Serge Mestre, 368 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Aro Sáinz de la Maza Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

C’est avec une impatience mal dissimulée – mais pourquoi faudrait-il la dissimuler ? – que nous découvrons cette deuxième enquête de l’inspecteur Milo Malart dans une Barcelone toujours aussi inquiétante et fascinante. Le Bourreau de Gaudí, conte noir et baroque, nous avait fait découvrir la démesure de la métropole catalane sacrifiant dévotement ses enfants aux folies architecturales, au tourisme et au profit. Roman de démesure où un véritable art du crime, une esthétique de la mort impitoyablement cruelle et vengeresse, spectaculairement mise en scène, composait des tableaux aussi magiques que cauchemardesques. Accablés de chaleur nous l’avions suivi dans l’atmosphère étouffante de l’été barcelonais. Nous voilà aujourd’hui confronté au froid et à l’humidité qui peut aussi envahir la capitale catalane, celle que les cartes postales et les touristes oublient ou préfèrent ignorer. Une ville qui est aussi une métropole portuaire où plus qu’en d’autres temps la misère, les misères, ont leur place, même si elles se dérobent aux prestigieux monuments, aux débauches architecturales et mercantiles. Misère économique qui depuis quelques années, depuis 2008 au moins, ne cesse de mettre des familles à la rue, misère des politiques plus contaminés par la corruption que par la solidarité la plus élémentaire…

Baby spot, Isabel Alba

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 17 Octobre 2016. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, La Contre Allée

Baby spot, août 2016, trad. espagnol Michelle Ortuno , 93 pages, 13 € . Ecrivain(s): Isabel Alba Edition: La Contre Allée

 

Si vous avez aimé… Vous aimerez… On pourrait être tenté de présenter le premier roman d’Isabel Alba de cette façon. Un roman qui précède de huit années La véritable histoire de Matias Bran, que La Contre Allée nous a fait découvrir en 2014. Si ce Baby Spot montre déjà le talent de son auteur, le projet n’en est par contre pas le même. Ici la force du récit tient à sa brièveté autant qu’à son style, travaillé dans une certaine « maladresse », qui s’impose et que l’auteur maîtrise.

Tomás. 12 ans. Tomás vit dans un monde dont l’ordinaire est le chômage, la violence, le machisme basique et « naturel ». Un père inconnu… Mais bon, il s’en fait une raison !

Je m’appelle Tomás, j’ai douze ans et je ne sais pas qui est mon père. Mais après tout, c’est banal dans la vie d’un gamin, et d’ailleurs je crois que ça n’intéresse personne, même pas moi, et puis j’en ai vraiment marre de toujours entendre la même histoire.

J’ai été Johnny Thunders, Carlos Zanon

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 05 Juillet 2016. , dans Espagne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Asphalte éditions

J’ai été Johnny Thunders, mars 2016, trad. De l’espagnol Olivier Hamilton, 321 pages, 22 € . Ecrivain(s): Carlos Zanon Edition: Asphalte éditions

 

La soumission aux formules consacrées est une facilité qui ici, malgré tout, s’impose : n’est pas Johnny Thunders qui veut ! Carlos Zanon nous conte la trajectoire de Francis, « Mr. Frankie », dont la première analogie avec le héros new-yorkais est la musique, le rock. Mais qui se souvient de Johnny Thunders ?

Qui se souvient de ce guitariste né à New-York, qui rejoint le groupe qui deviendra le mythique New York Dolls ? Il quitte ce groupe pour fonder en 1975 les Heartbreakers avec le bassiste de Television. Il entame une carrière solo à partir de 1978. Il meurt en 1991 à la Nouvelle-Orléans. Il reste la musique dont l’album LAMF (like a mother fucker), emblématique du mouvement punk.

Francis a été à Barcelone un rocker adepte de cette musique et qui a connu son heure de gloire locale avec un ou deux albums. On le retrouve dans cette même ville quelque trente ans après, sans le sou, ventru, avec dans la tête des souvenirs et surtout la volonté de prendre un nouveau départ ; il cherche un travail régulier pour pouvoir voir un fils qu’il n’a pas beaucoup vu et aider financièrement à son éducation, d’autant qu’il doit passer devant un juge en raison d’une pension alimentaire qu’il n’a pas payée.