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La Une CED

Bertrand Russell, penser avec et au-delà des mathématiques - Épisode 6 (et dernier) : Cher Bertie

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Lundi, 04 Juillet 2016. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

 

Dans votre autobiographie où vous livrez aussi une partie de votre correspondance, j’ai découvert ce diminutif affectueux par lequel s’adressait à vous vos proches, Bertie, et je l’ai fait mien. Ce fut d’abord timidement, en mon for intérieur. C’est à présent pour le plus grand amusement de mon auditoire quand j’évoque devant lui vos pensées ou commente des pages de vos livres.

Je n’ai pourtant pas lu tous ces derniers et j’avoue que ce fut toujours en traduction. Je ne suis donc pas spécialiste de votre philosophie et mon esprit est bien incapable, ignorant des mathématiques, de pénétrer dans la logique de vos Principia Mathematica qui lui resteront à jamais mystérieux.

« Russellienne illégitime » s’indigneront les puristes.

Le présent sacré à propos de Tracé du vivant de Marie-Claire Bancquart

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 02 Juillet 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Tracé du vivant de Marie-Claire Bancquart, Arfuyen, 2016, 11€

 

Comme j’essayais d’aborder ce livre reçu il y a peu, j’ai cherché une manière originale de l’atteindre. Pour finir, j’ai agi tout simplement en considérant la couverture. Car ce Tracé du vivant s’ouvre sur un fac-similé d’une partition manuscrite d’Alain Bancquart, l’époux de la poétesse. J’étais ainsi déjà d’emblée en compagnie d’une écriture sobre et élégante. Mais, pas seulement, car cette lecture du recueil que publie Marie-Claire Bancquart dans la collection des Cahiers d’Arfuyen, cette année, recèle de grandes questions métaphysiques, essentiellement sur le temps et la mort. D’ailleurs ce goût de mort pousse à la sagesse ; là, l’écoulement du temps revient à observer le temps qui passe, heures, jours, années, saisons qui se reflètent et s’entremêlent au point de laisser le poème encore assez ouvert à la vie – comme l’y invite Levinas par exemple, au sujet de soi, d’un soi-même étant toujours ouvert, jusqu’à la blessure, jusqu’à autrui.

Les Cahiers de Tinbad, Littérature/Art, N°1 et 2 - entretien avec Guillaume Basquin

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 01 Juillet 2016. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Jacques Henric entre image et texte (Tinbad, 2015) ; (L)ivre de papier (Tinbad, 2016), Guillaume Basquin

 

Une revue, une maison d’édition, un éditeur et un auteur, Guillaume Basquin est un nom avec lequel il faut désormais compter. Point de crainte, il affiche haut et fort ses passions littéraires et artistiques sous la protection de Lautréamont, Jacques Vaché, Jacques Henric, Thomas Bernhard, Philippe Sollers – l’ombre rassurante de Tel Quel et de L’Infini plane sur la nouvelle revue – Jean-Luc Godard, Debord, et Ornette Coleman. Il a du souffle, sa revue et ses derniers opus le prouvent, nous nous en sommes saisis, et l’auteur s’est plié avec une grande attention au jeu de cette correspondance littéraire et électronique.

Pierre Pachet, Tlemcen, par Léon-Marc Levy

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 30 Juin 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Au coeur d’un souvenir lointain de ciel bleu foncé, je retrouve Pierre Pachet avec ses yeux, bleus aussi, comme il y en avait peu autour de nous à Tlemcen. Tlemcen, belle cité de l’ouest algérien, où Pierre venait – il devait avoir 22 ou 23 ans - effectuer son service militaire. Plutôt civil en fait, car comme de nombreux jeunes intellectuels français, il avait fait le choix d’enseigner « aux colonies ». Je fus ainsi l’un des tout premiers élèves de Pierre Pachet, qui comptait alors au nombre des plus jeunes agrégés de France.

Nous, les jeunes gars de 3ème B2 du lycée de la ville (curieusement appelé « lycée franco-musulman » faisait remarquer Pierre dans un entretien récent à la Cause Littéraire), nous n’avions jamais vu de professeur si jeune, si frêle, si posé. Il n’eut jamais à élever la voix pour établir son autorité sur nous ; l’assurance de son savoir, la force de sa culture, sa bienveillance souriante mais exigeante ont amplement suffi à prendre la main sur les 43 (!) élèves de la classe, des garçons pourtant solides et volontiers dissipés. Pierre avait un intérêt spontané pour ses élèves et établissait ainsi avec nous une sorte de complicité, presque de classe d’âge (nous n’avions après tout qu’une dizaine d’années d’écart).

Et si le réel était le masque du songe ?, Gilles Plazy, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 29 Juin 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Et si le réel était le masque du songe ?, Gilles Plazy, éd. La Sirène étoilée, avril 2016, 37 pages, 15 €

L’objectif inobjectif

« Venu tard à la photographie, je fus vite pris pour elle d’une passion compulsive, déclenchant tous azimuts en argentique et m’enfermant avec délices dans la chambre noire du tirage. Puis ce fut le temps digital, en abondance encore et dans l’ouverture de nouveaux possibles, me confirmant dans cette incertitude que l’évidence ne nous livre que la peau des choses » (Gilles Plazy)

Le premier à y penser fut – si j’en crois mon encyclopédie – un allemand nommé Johann Wilhelm Ritter, physicien de son état. Sa quête : comment tirer une image de la chambre noire ? Rendez-vous compte, c’était en 1801. Waterloo n’avait pas eu lieu. Baudelaire ne naîtrait que dans vingt ans. On ne parvint à rien, et à presque rien avec les suivants, les anglais Wedgwood et Humphry Davy. Puis, unissant leurs efforts, Louis Daguerre et Nicéphore Niepce firent la découverte décisive (1829), l’ionisation de la plaque de cuivre argenté (selon un procédé très complexe) et sa fixation, offrant une image parfaitement visible et proche de « la perfection picturale ».