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La Une CED

Carnets d’un fou, XLII - Juillet 2016, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 23 Août 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

« Pour comprendre la controverse, il faut comprendre la normalité.

La normalité, c’est répéter à l’envi les mots qu’il faut dire et entendre : tolérance, générosité, vivre-ensemble, liberté, les droits, lutte contre l’injustice, lutte contre les inégalités, etc.

La controverse, c’est interrompre le cours tranquille de ces mots.

Quand on est controversé, on est condamné mais on attend son procès, on est au purgatoire médiatique »

Cincinnatus, Dictionnaire de la Controverse, Ed. de Londres, 2016

 

« Marceline pense à prendre un amant dont le corps serait beau comme l’alcool, une espèce de bête de confiance »

Aragon, Le Libertinage

« Cher corps stupide »

Aragon, La Femme française, in Le Libertinage

Les poèmes sans fin - à propos de Ceux qui s’éloignent, de Serge Meurant

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 22 Août 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Ceux qui s’éloignent, de Serge Meurant, éd. Le Cormier, Bruxelles, 2016

J’ai choisi de titrer ma chronique sur le dernier livre de Serge Meurant, avec cette locution, « poèmes sans fin », car elle figure bien l’ensemble de mon point de vue. Au propre, ces poèmes ne finissent pas et ne sont pas ponctués de point finaux, mais par contre s’ouvrent sur un surcroît où le lecteur reste en suspens dans l’air au milieu de la phrase, juste en équilibre sur le dernier vers, et déjà penché sur le premier vers du poème suivant. D’ailleurs cette impression de quelque chose qui ne finit pas, s’accentue dans le vers du dernier poème du recueil qui laisse le lecteur aux prises avec des gestes nouveau-nés qui closent sans point final, qui ferment l’ouvrage sur un halètement – ou allaitement d’ailleurs.

Et encore, un « sans fin » au figuré. Car si j’ai bien compris le fond du livre, il s’agit pour le poète de dire quelques mots aux absents, à ceux qui se sont éloignés dans la mort, mais qui ne s’oublient pas. Ces disparus laissent une empreinte dans la mémoire du poète, et grâce à lui revivent une seconde vie, renaissent en un sens. Il ne s’agit plus dès lors que de décrire en quoi ce qui reste est susceptible de faire matière à la combustion d’une sorte de Phoenix. Où la mort n’est pas une fin, mais une frontière que le travail d’écrire transgresse et améliore. Poèmes pour autrui, pour un autre post-mortem.

Un cœur brûlé - à propos du livre de Magyd Cherfi, Ma part de Gaulois

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 19 Août 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, La rentrée littéraire

 

Magyd Cherfi, Ma part de Gaulois, Actes Sud, parution le 17 août 2016, 19,80 €

 

Canaille oserez-vous me mordre une autre fois

Retenez que je suis le page du Monarque

Vous roulez sous ma main comme un flot sous ma barque

Votre houle me gonfle, ô ma caille des bois

Ma caille emmitouflée, écrasée sous mes doigts.


La parade, Jean Genet

L’écriture comme expérience - à propos de Ecrit parlé de Philippe Jaffeux

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 18 Août 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

à propos de Ecrit parlé de Philippe Jaffeux, Passages d’encre, mai 2016, 37 pages, 5 €

 

En détournant légèrement les propos d’Allan Kaprow qui prônait Art as experience (de Dewey), je voudrais dire quelques mots sur le dernier livre de Philippe Jaffeux, Ecrit parlé. Mais comment qualifier l’ensemble de ses remarques sur la question d’écrire – sur sa propre interrogation – en une simple chronique qui ne peut envisager au mieux que de donner des pistes de réflexion ?

Ce que je peux dire cependant, c’est que la question d’écrire est pour lui une affaire réfléchie, et qui surgit au croisement de puissances contraires : vie/mort, oral/écrit, disparition du sujet/empreinte de l’écriture, dépersonnalisation/conscience de soi. Toutes ces ambiguïtés agissent sur les propos de l’auteur en son « continent intérieur inexploré ».

Je poursuis une aventure qui s’appuie sur des risques, des décalages ou des contrepoints afin d’insuffler un mouvement et un rythme à un bricolage plus ou moins créatif.

Akousmate, suis-je ?, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mercredi, 17 Août 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

« Ma petite-fille, demain, tu grandiras ! Belle et instruite tu seras ! Pendant que le temps gravera ses empreintes sur ta peau douce et luisante, tu prendras alors conscience que toi seule es maîtresse de ta destinée. De tes deux mains que j’ai embrassées, caressées, cajolées et bénies, tu te libèreras des chaînes millénaires ! Fière, lucide et rebelle, tu affranchiras ces femmes qui guettent le retour de Shah’Razade qui s’en allée vers des ailleurs cléments. Il y a de cela une éternité !

Kane ya makane !

Je me souviens encore de ce cri animal que le roi Shah’Riyât lança dans son palais lorsqu’au petit matin, il découvrit la disparition de celle qui avait aimanté son corps et humanisé son cœur ».

Ainsi parla ma grand-mère sur son lit de mort. Et avant de rendre l’âme, dans cette chambre imprégnée d’une forte odeur de fatalité, de sa main tremblante, elle me fit signe de m’approcher de son corps à moitié endolori. Et elle murmura à mon oreille :