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La Une CED

La maison fendue (5), par Sandrine Ferron-Veillard

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Samedi, 14 Mai 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles, Ecrits suivis

 

Nous avons tous la même couleur de sang. Même la planète a le sang rouge alors laissez-moi revivre et réveiller pour vous Utopia. Mon peuple. Les Aborigènes considèrent que le passé/le présent/le futur ne font/ne faisaient qu’un. Le Temps du Rêve. Où l’Univers à ses débuts tenait au creux de notre/Sa main. Le passé/le présent/le futur formait une seule cellule. Laissez-moi vous rappeler qu’il faudra rendre la Terre à Son propriétaire aussi propre que si nous devions restituer un lieu que nous aurions loué. Laissez-moi vous guider et je vous livrerai quelques-uns de nos secrets, ils sont des contes, ces temps où les arcs-en-ciel servaient de ponts au Créateur pour nous apporter des messages de paix.

Elle te raconte son village de Doo Town et doucement, elle sourit. Les arbres qui se tournent, qui dansent et se penchent pour toucher la lumière, ils frémissent lorsque nous les touchons. Les animaux qui pleurent, meurent à jamais exploités comme sont exploitées les mines jusqu’à épuisement. Les montagnes qui s’effondrent. Le monde en gros, les animaux en vrac.

A propos d'Enfilades, Nouvelles de François Marchand, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 11 Mai 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Enfilades, Nouvelles, François Marchand, éd. du Rocher, avril 2016, 159 pages, 15,90 €

 

« Il faut se méfier des idées. Souvent, on ne s’en aperçoit pas tout de suite, mais elles se révèlent mauvaises à l’usage »

François Marchand

 

Un recueil de six nouvelles – genre plutôt dédaigné par la critique installée –, toutes sous-tendues par une pensée détachée des conformismes de l’opinion, libre donc, s’encombrant peu des dogmes de la pensée correcte et calibrée de notre temps. On ne s’étonnera pas si avec un tel bagage, son auteur, un jeune homme qui n’a pas froid aux yeux, n’est pas celui qu’on célèbrera dans l’unanimité du rire. Il le mériterait mille fois, pourtant.

Les Lundis en Coulisse ou Lire le Théâtre, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 10 Mai 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Le lundi, les gens de théâtre font relâche ; ils peuvent ainsi appréhender autrement et ailleurs leur travail. Ainsi en 2002, Gislaine Drahy du Théâtre Narration à Lyon lance la belle idée des Lundis en Coulisse, reprise par François Rancillac au Théâtre de l’Aquarium (Cartoucherie de Vincennes), à Dijon et en Belgique.

Un lundi par mois donc, des comédiens, metteurs en scène se rencontrent pour une journée autour d’un hôte (auteur, éditeur, critique, membre d’un comité de lecture…) qui leur soumet un choix de pièces contemporaines qu’ils vont s’approprier en première lecture. Le protocole met en place selon les textes (distribués ou non distribués) un processus de lecture faisant correspondre comédiens et rôles ou voix multiples, parfois interchangeables, très présentes dans les écritures contemporaines. Ainsi les professionnels se rencontrent-ils hors de leur compagnie, se retrouvent, « s’expérimentent » autour d’œuvres d’une très grande diversité de forme et de propos.

Journal de lecture du Don Quichotte en la Pléiade (8) - Du simulacre à la fiction

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 07 Mai 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Au moment où il écrit cette « page » de journal, le journalier voit s’approcher le jour de la Sant Jordi, la fête catalane qui est aussi fête mondiale du livre et encore plus, l’anniversaire de la disparition de notre auteur, père de Sancho et de son maître. Voilà quatre siècles qu’ils tracent leur chemin dans nos imaginaires littéraires, devenant plus réels que bien des personnages réels que nous croisons au quotidien. Sans éclats, sans violence, ils se sont installés en nous, toujours prêts à nous répondre ou à nous surprendre au milieu de notre quotidien, de nos conversations ou de nos rêveries. Il peut parfois nous arriver de les oublier, de les perdre de vue dans le brouhaha et la noise qui trop souvent nous submergent, mais ils sont toujours là, ombres ou silhouettes qui ont l’éternelle patience de nous attendre, acceptant nos errances et nos hésitations, sans rien nous reprocher…

De fait, d’autres ces derniers temps sont parvenus à parler plus fort et à s’imposer, à s’interposer, éloignant le lecteur trop compulsif de leur pas et de leurs aventures. Mais comme ils sont de ceux qui ne disparaissent pas, nous savons les retrouver à peu de chose près à l’endroit où nos chemins se sont pour un temps séparés. Alors nous hâtons le pas sur les sentiers d’encre et de papier, impatients de les retrouver, et accordant à nouveau notre souffle de lecteur au rythme de leurs paroles, de leur chevauchée et de leurs aventures.

De plus en plumes -6- Epilogue, par Joëlle Petillot

Ecrit par Joelle Petillot , le Samedi, 07 Mai 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles, Ecrits suivis

 

A ce rythme, elle allait sûrement mourir là, devant la porte de la chambre numéro vingt-quatre. Sa tarte aux mûres dans une main, son sac dans l'autre, impossible de frapper sans mettre au moins un des deux chargements en équilibre précaire.  Elle serait minable, elle le savait,  Mais soigner son entrée n'en était pas moins vital.

Le cœur battant au point que ses oreilles sifflaient, Lise poussa la porte entr'ouverte d'une épaule intimidée, s'attendant à en prendre plein la gueule.
Une femme plus jeune qu'elle amarrée à son fauteuil, Elodie l'accueillit d'un regard qui l'eût réduite en cendres, sans ce léger éclat, ce pétillement inconnu tempérant les rasoirs qui flottaient dans la pièce.
- Ah, dit sobrement Elodie, voilà la salope. Ton oiseau a pas crevé tout de suite, je vois ?
- Il... n'a pas vécu très longtemps, répondit Lise, stupide. Elle ajouta, plus pour ne pas tomber que par nécessité informative: "Il est mort dans la main de Tournemine, je veux dire, le menuisier..." 
Quand on marche sur des sables mous, on ne peut que s'enfoncer. Elle ajouta comme si cela relevait du secret-défense: "Il aime mes gâteaux".