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Essais

Proust latino, Rubén Gallo (par Augustin Talbourdel)

Ecrit par Augustin Talbourdel , le Lundi, 25 Novembre 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Buchet-Chastel

Proust latino, Rubén Gallo, octobre 2019, 300 pages, 22 € Edition: Buchet-Chastel

 

« Un livre est un grand cimetière où sur la plupart des tombes on ne peut plus lire les noms effacés », écrit Proust dans Le Temps retrouvé. D’où « la vanité des études où on essaie de deviner de qui parle un auteur ». Pourtant, nombreux sont les lecteurs et critiques de la Recherche à avoir tenté, chacun leur tour, de mettre des noms sur des visages. Ce n’est pas l’intention de Rubén Gallo, du moins échappe-t-il à cet écueil en résolvant dès le début de son étude ce faux dilemme qui se pose, en réalité, pour chaque œuvre romanesque. « La vie et l’œuvre de Proust entretiennent la même relation que les carafes plongées dans la Vivonne décrites dans un célèbre passage du roman : la carafe contient l’eau mais est aussi contenue par la rivière. La vie et l’œuvre de Proust sont aussi contenantes et contenues ».

Étonnante fragilité, Virginie Megglé (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 21 Novembre 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Étonnante fragilité, Virginie Megglé, Éd. Eyrolles, octobre 2019, 144 pages, 16,90 €

 

Dans Étonnante fragilité, paru aux éditions Eyrolles, Virginie Megglé amorce son dernier essai par ce constat : « Dans une société où la réussite est le maître-mot, la fragilité inquiète. Souvent confondue avec la faiblesse… le mot même de fragilité semble nous mettre en danger ». En 1998, Alain Ehrenberg a déjà évoqué ce phénomène, de son point de vue de sociologue, dans un ouvrage au titre révélateur : La Fatigue d’être soi, Dépression et société. Il y développe ce que peut provoquer en chacun de nous « Ce culte de la performance » et quels sont les outils dont nous disposons pour nous y soumettre ou pour y résister.

Virginie Megglé va aborder ce sujet sur son terrain, celui de la psychanalyse. Nous portons tous en nous une fragilité originelle puisque la séparation du corps de la mère préside à notre existence. La condition humaine nous impose de nous confronter à cette réalité à laquelle nous ne pouvons pas échapper : nous sommes nés « fragiles », « dépendants », et nous avons un besoin vital d’être « accueilli » pour pouvoir faire face aux aléas de la vie. Toute notre vie est ainsi conditionnée par la façon dont nous allons assumer cet état de fait.

Journal secret (1941-1944), Curzio Malaparte (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 20 Novembre 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Italie, Quai Voltaire (La Table Ronde)

Journal secret (1941-1944), février 2019, trad. italien Stéphanie Laporte, 322 pages, 23,70 € . Ecrivain(s): Curzio Malaparte Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Œuvre inédite

Quel voyage !

Quel périple spatio-temporel, historico-géographique dans l’Europe en guerre ! Quelle bouleversante intrusion/incursion aussi, dans l’univers intime des faits et gestes quotidiens et dans la vision intérieure et secrète d’un écrivain journaliste correspondant de guerre, controversé, blâmé, interpellé, menacé d’emprisonnement, brièvement incarcéré pour sa proximité apparente avec les milieux fascistes italo-germaniques dont il ne partage toutefois nullement l’idéologie fangeuse !

Les notes, écrites au jour le jour, pourraient faire penser tantôt aux Choses vues de Victor Hugo par le style, la précision et l’expression sans fausse pudeur d’une vision personnelle, tantôt au journal de bord, sec, utilitaire, pressé et réglementaire d’un navigateur solitaire, et couvrent en deux parties deux périodes distinctes dans des lieux différents, la première s’étalant de la Bulgarie à la Laponie d’avril 1941 à juillet 1943, la deuxième se situant en Italie, principalement à Capri et à Naples de septembre 1943 à juin 1944.

Le Thème de notre temps, José Ortega y Gasset (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 20 Novembre 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Les Belles Lettres

Le Thème de notre temps, José Ortega y Gasset, Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque classique de la liberté, avril 2019, trad. espagnol, David Uzal, 166 pages, 21 € Edition: Les Belles Lettres

 

José Ortega y Gasset (1883-1955) possède la particularité à la fois étonnante et pas nécessairement enviable d’incarner à lui seul la philosophie en son pays, un grand pays, qui donna au monde des écrivains de tout premier ordre, mais – lui excepté – aucun philosophe important (les théologiens éminents qui fleurirent à Salamanque au XVIe siècle n’étant pas au sens strict des philosophes).

La renommée d’Ortega y Gasset tient avant tout à un titre, La Révolte des masses (1929), ouvrage à la fois daté et prophétique, daté parce que prophétique et qui, à l’heure du solipsisme collectif des réseaux « sociaux », n’a pas perdu sa pertinence. Les éditions Klincksieck avaient naguère entrepris la publication d’Œuvres complètes d’Ortega en français. L’entreprise n’est pas allée au bout. Il a fallu près d’un siècle pour que El tema de nuestro tempo soit traduit en français (le livre a paru en 1923).

Une voyante passe aux aveux, Entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, Valérie Fauchet (par Marjorie Rafécas Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 06 Novembre 2019. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Une voyante passe aux aveux, Entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, Valérie Fauchet, Editions Ipanema, octobre 2019, 233 pages, 17,90 €

Il existe, malheureusement, des dons que l’on subit. Certaines personnes possèdent en effet le don de « pré-voir ». Contrairement aux surdoués, les dons de voyance sont jugés douteux et sont ignorés par la science. Pourtant ces personnes « voyantes » n’ont pas décidé d’avoir ces « flashs », ils s’imposent à eux. Comment faire alors pour ne plus voir ?

Dans ce livre Une voyante passe aux aveux, le témoignage de Valérie Fauchet est troublant, sa vie ressemble à un roman fantastique. Pour donner du coffre à ses expériences, et prouver qu’elle n’a pas peur d’être titillée par l’exigence de preuves factuelles, l’auteure a eu la bonne idée d’être interviewée par une magistrate, Marie-Noëlle Dompé. La voyance au tribunal ? Oui, mais il ne s’agit pas pour autant d’un procès. Cette magistrate, aguerrie à l’impartialité, a joué le rôle de l’investigatrice bienveillante pour comprendre comment se manifeste cette méga intuition chez notre voyante peu commune. La voyance apparaît alors sous un autre jour, plutôt comme une hypersensibilité insoutenable. Comme une faille qui attire la lumière d’un flash.