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Les Trois Villes, Émile Zola, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade (par Gilles Banderier))

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 13 Novembre 2025. , dans En Vitrine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Les Trois Villes, Émile Zola, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », mars 2025, XLII + 1888 pages, 79 €.

 

Depuis bien des années déjà, on discute régulièrement du caractère opportun (ou non) et indispensable (ou non) de telle ou telle nouveauté venue étoffer le catalogue de la « Bibliothèque de la Pléiade ». Même préfacé par feu Marc Fumaroli, feu Jean d’Ormesson était-il plus important qu’Érasme, Milton, Leopardi, Thomas Mann ou Hermann Broch, tous absents dudit catalogue ? À qui observerait que le comité éditorial de la Pléiade est libre de publier qui il l’entend, on répondra que ce n’est pas tout à fait exact, car la Pléiade, imitée par des éditeurs étrangers (en Italie, Mondadori et Einaudi, qui a fait paraître sous le vêtement de la collection française des auteurs que celle-ci n’a pas publiés en France), a acquis le statut d’une collection semi-officielle, où l’on peut à bon droit s’attendre à trouver les plus grands auteurs étrangers, mais aussi et surtout les plus grands écrivains de ce qu’un critique anglais appelait « the third classic », après la Grèce et Rome : la littérature française.

Vies arides, Graciliano Ramos (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 08 Octobre 2025. , dans En Vitrine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman, Cette semaine

Vies arides, Graciliano Ramos (Vidas Secas, 1938), traduit du portugais (Brésil) par Mathieu Dosse, Chandeigne & Lima, 2025. 163 p.

 

Ce livre est sec comme une trique, comme un buisson desséché du Sertão. Rarement écriture n’a atteint un tel degré d’économie, une épure aussi proche de l’étisie, à l’image du territoire et des personnages qu’elle raconte. L’adjectif est rare, la fioriture absente, seule s’élève une voix simple, rauque, ravagée par la chaleur et la sécheresse. Un joyau noirci par un soleil létal. Un chant omineux sans consolation.

Étrangement, ce roman âpre fait penser à Essénine et sa Ravine, ode au désert glacial où vivent des malheureux paysans russes de la Taïga. On retrouve, dans la chaleur étouffante du Nordeste brésilien, la même Nature impitoyable qui frappe les hommes, les fait ployer, les écrase. On pense aussi, bien sûr, au chef-d’œuvre d’Euclides da Cunha, Hautes Terres, au prodigieux roman de João Guimarães Rosa, Diadorim et au magnifique Le Llano en flammes de Juan Rulfo.

Crime et Châtiment, Fiodor Dostoïevski (par Mona)

Ecrit par Mona , le Vendredi, 03 Octobre 2025. , dans En Vitrine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Roman, Actes Sud, Cette semaine

Crime et Châtiment, Fiodor Dostoïevski, traduit par André Markowicz, Editions Actes Sud . Ecrivain(s): Fédor Dostoïevski Edition: Actes Sud

 

Lire Crime et Châtiment aujourd’hui

 

Le sang qui coule de la hache de Raskolnikov préfigure « la mort de l’homme » et Dostoïevski apparaît prophète des totalitarismes à venir. Le héros (ou antihéros) de Crime et Châtiment, étudiant misanthrope aux « idées mal digérées », icône de la radicalité, offre une cruelle résonnance à notre époque qui voit l’essor des partis extrémistes, la remontée des intégrismes et la remise en cause de l’universalisme des Lumières. A rebours des utopies prométhéennes qui sonnent le glas de l’humanisme, ce grand roman exalte l’homme.

L’écrivain conte « une affaire fantastique, sombre, une affaire contemporaine, un cas de notre temps à nous, quand le cœur de l'homme s’est perdu dans le brouillard ».

Léviathan, Julien Green (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 01 Octobre 2025. , dans En Vitrine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche

Léviathan, Julien Green, Le Livre de Poche, 2005, 344 pages Edition: Le Livre de Poche

 

Le morne ennui de la Province il y a un siècle est le décor des romans de Julien Green. Dans une topographie qui semble figée dans l’éternité, la petite ville bourgeoise, ses placettes, ses arbres ordonnés en triangle, la morosité tranquille de ses jours sans fin, ses habitants enfoncés dans des rituels immuables, Green déroule des histoires terribles, qui frisent les limites des comportements humains. Déjà Adrienne Mesurat nous avait conduits vers ces frontières où la raison vacille, où l’horreur fait surface. Mais avec Léviathan, Green franchit toutes les limites du cauchemar et, dans un cauchemar, tout est effroi, lieux sinistres, personnages monstrueux, événements terrifiants.

La fascination de Julien Green pour la topographie se retrouve dans son regard sur cette petite ville de Province. Tout y est lignes et angles, tout y est droites et coins.

Paris de ma fenêtre – Colette (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Septembre 2025. , dans En Vitrine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Paris de ma fenêtre – Colette – Préface par Francis Carco – Postface par Gérald Duchemin – Huit illustrations par Sarah Elie Fréhel – Editions Le Chat Rouge – Collection Pourpre et Or - 22 euros – 304 p. – 17-06-25. . Ecrivain(s): Colette

 

« Oui, j’estime qu’il fallait que ce livre fût écrit – précisément par une femme – pour nous donner de Paris cette leçon de grandeur dans sa quotidienne et fière acceptation. Le miracle est que, sans forcer une seule fois la note, Colette soit parvenue à nous révéler dans de ferveur, de grâce, d’humour, de bon sens et de dignité. »

Francis Carco – 11 août 1944

« Colette excelle à se souvenir, à se raconter à hauteur de femme, à vocaliser sur sa joie de vivre, avec une luxuriance de forêt en pleine santé.

Sa prose alors devient magique. C’est littéral, elle nous ensorcelle. »

Gérald Duchemin – La paysanne de Paris.