Identification

Les Chroniques

Exhumation poétique, Andrée Vernay, par Germain Tramier

Ecrit par Germain Tramier , le Mardi, 23 Janvier 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

Andrée Vernay, Dernière terre, 1962, 60 pages

« Le triomphe ne sera jamais pour vous.

Faites un baluchon de vos rêves, et le jetant sur vos épaules, partez pour ne plus l’écouter…

Pensez à vous… Jetez-vous sur les grands chemins martelés du pas des multitudes…

J’irai, chantant pour vous, des mélodies robustes »

Andrée Vernay

 

Ce n’est pas une « revie » littéraire que je me propose de faire, mais une exhumation. Qui connaît encore Andrée Vernay, née à Lyon en 1914 et morte à Marrakech le 2 janvier 1942 ? Un phénomène (si ce n’est un lieu commun) n’a cessé de se vérifier au fil des générations, depuis Théophile de Viau ou certains préromantiques, jusqu’à la mort accidentelle de Geneviève Desrosiers dans les années 90 : de nombreux poètes sont morts jeunes, sans avoir le temps de parachever leur œuvre.

Michéa L’inactuel. Une critique de la civilisation libérale, Emmanuel Roux, Mathias Roux, par Christophe Gueppe

Ecrit par Christophe Gueppe , le Lundi, 22 Janvier 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

Michéa L’inactuel. Une critique de la civilisation libérale, Emmanuel Roux, Mathias Roux, Ed. Le Bord de l’eau, novembre 2017, 196 pages, 16 €

 

 

Le livre d’Emmanuel et Mathias Roux, consacré à l’œuvre de Jean-Claude Michéa, pourrait s’intituler « qui est Michéa ? ». Il s’agit en effet de restituer la véritable teneur de son travail, surtout face aux critiques qui en sont faites et qui le défigurent, comme en témoigne le dernier chapitre qui est consacré à la réception de son œuvre. Car il existe deux versants indissociables à l’entreprise de Michéa : l’un, proprement philosophique, qui consiste à établir les fondements de la société libérale, sous son double aspect politique et économique. Les deux premiers chapitres du livre des frères Roux y sont consacrés. L’autre est plus d’ordre polémique, et il fait l’objet des deux chapitres suivants chez ses commentateurs. Il consiste à retrouver dans le temps présent, et dans l’actualité politique la plus récente, la confirmation de cette implantation libérale dans notre culture. En conclusion de l’ouvrage, nous trouvons en effet ces phrases, à propos de l’élection présidentielle de mai 2017 en France :

Driss Chraïbi, un esprit libre et libertaire, par Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Jeudi, 18 Janvier 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Triste constat. En ce dixième anniversaire de la disparition de Driss Chraïbi, l’écrivain rebelle n’aura eu aucun hommage à la hauteur de son œuvre planétaire. Le Salon du Livre de Paris, où le Maroc était l’invité d’honneur, a été une belle opportunité historique, piteusement gâchée par l’incompétence des organisateurs. Quelques colloques universitaires, marqués par leur élitiste confidentialité, au lieu d’amender cette pensée vivante, de fertiliser ses possibles inexplorés, de la propulser dans son devenir fécondateur, l’ont fossilisée dans la nébulosité des sempiternelles casuistiques. L’irrécupérable intelligence bute toujours sur l’indigente fanfaronnade culturelle. Je m’attendais, dans son propre pays, à une célébration institutionnelle qui l’aurait définitivement consacré comme inamovible bannière des lettres marocaines, comme inextinguible chandelle pour les générations futures. J’escomptais une initiative audacieuse d’édition de ses œuvres complètes enrichissant pour toujours les bibliothèques référentielles. Ses livres régénérateurs de la langue matricielle et de la littérature diverselle demeurent largement méconnus dans leur argile première. S’estompent encore une fois dans l’ambiante équivocité les inaltérables lumières.

Le journal de MCDem (5), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 18 Janvier 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Vendredi 24 novembre

La transformation de l’activité lectorale en expérience auditive, Guillaume Basquin, fondateur des Éditions Tinbad avec Christelle Mercier, en a signalé la mesure déterminante dans l’appréciation d’une écriture. La parole littéraire en général, la parole poétique en particulier, se donnent à entendre via le canal auriculaire et l’on imagine que tout lecteur doué de l’oreille dite absolue possède le sésame pour un plaisir inégalable. Ceci pour Quignard, ceci pour Basquin. Tous deux d’ailleurs aiment à écouter la musique baroque, dans laquelle les termes s’entrechoquent, où chaque note se révèle nécessaire, avenante. Sans doute y trouvent-ils cette tonicité, cette finesse spirituelle qu’une musique par ailleurs perçue comme plus remuante, comme plus dynamisante/grisante, n’apporte peut-être pas autant qu’elle, en réalité.

« Pour bien écrire, il faut avoir l’oreille musicale, savoir écouter et s’écouter chanter, même en silence », écrit Guillaume Basquin. « L’œil écoute » – l’expression claudélienne constitue davantage une évidence qu’une figure de style.

Sacré profane !, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 17 Janvier 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Dans une société islamisée où la culture d’ouverture, l’art de vivre ensemble et le respect de l’autre sont absents, l’homme est violent, voire agressif. Et cette bestialité de l’homme, dans une société pareille, est perçue comme symbole de la défense de l’honneur. Et le viol des droits de l’homme par l’homme est vu comme un courage. Une virilité chevaleresque ! L’Histoire est plus solide que le sacré. Le temporel est plus éternel que le sacré. Au commencement, le sacré musulman fut le Livre le Coran. Il était écrit à la main en se servant d’un calame taillé du roseau, trempé dans l’encre traditionnelle, s’maq. Transcrit sur la peau de chèvres ou de vaches, sur des parchemins ou sur des tablettes. Puis, un jour, le stylo Waterman américain est survenu, c’était en 1883 suivi du Bic français. Et les gardiens du temple, les fuqaha, n’ont pas tardé à interdire l’utilisation de cette chose impie pour écrire la Parole d’Allah ! Écrire le Coran à l’aide d’un stylo Waterman ou Bic est un acte de pollution religieuse. Une atteinte au sacré. Mais le stylo impie a résisté, les écrivains des versets sacrés se sont pliés. Et l’écriture a changé et la ligne d’interdits a reculé ! Un tabou est tombé.