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Chroniques régulières

Une poésie du lien - à propos de deux livres des éditions du Lavoir St-Martin 

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 06 Septembre 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

à propos de deux livres des éditions du Lavoir St-Martin :

D’ors et de ciel, Pascale Anglès, mai 2016, 55 pages, 15 €

Chemin de feu, Bernard Grasset et Glef Roch, 2013, 87 pages, 20 €

 

C’est lors d’une soirée et d’un récital de poésie dans la résidence d’été de l’éditrice du Lavoir S-Martin, que j’ai rencontré la poétesse Pascale Anglès, laquelle m’a offert son recueil paru en mai dernier. Par la même occasion, Bernard Grasset m’a lui aussi offert un recueil de textes poétiques sur la peinture de Glef Roch. Ainsi, je suis reparti dans la chaude nuit limousine, avec ces deux livres qui m’ont frappé tout autant par leur adresse que par la qualité des textes. Et comme tout cela revient au mérite de Marie-Noëlle Chabrerie, l’éditrice de ces deux ouvrages, j’ai décidé de rassembler ces deux lectures car elles présentaient toutes les deux un terme commun, le lien, une poésie du lien.

Le livre pluriel - à propos de Une petite fenêtre d’or de Mireille Gansel

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 02 Septembre 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Une petite fenêtre d’or, Mireille Gansel, éd. La Coopérative, septembre 2016, 160 pages, 19 €

 

Pour résumer mon impression, diverse et variée, au sujet de la Petite fenêtre d’or que Mireille Gansel publie aux éditions La Coopérative, je rassemblerais ces divers faisceaux de lecture par une formule : l’art du fragment, le fragment des arts. En effet, nous sommes en présence d’un livre, d’un feuilletage, d’un étagement, un patchwork où s’arc-boutent les villes traversées, les langues parlées ou traduites, les livres et les personnes vivantes ou disparues mais souvent aimées. On peut ouvrir cette petite fenêtre qui donne sur l’univers de Mireille Gansel, pour y découvrir une femme de lettres qui fréquente les poètes et sait en tirer une expérience. Ainsi, sur le fond d’une quête d’identité et sous le rapport de la relation au prochain, on vit, à l’aune de l’écrivaine, un véritable compagnonnage avec autrui – l’accueil fait à l’Autre –, en compagnie d’une langue classique tirant parfois vers l’expérimental – grâce aux contacts avec les poètes peut-être ?

Harem du sultan : entre Orhan Pamuk et les nouveaux ottomans, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 30 Août 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Nous Algériens, écrivains, historiens, chercheurs universitaires et même simples citoyens, nous traînons en nous, en héritage intellectuel, un complexe envers une vérité historique, qui est la colonisation turco-ottomane de l'Algérie (1515-1830). Dès qu'il s'agit d'évoquer le rapport colonisé-colonisateur pendant la période turco-ottomane dans notre pays, une crispation intellectuelle prend le dessus.

Il faut le dire, le dire clairement à nos élèves, à nos étudiants et à nos lecteurs que ce qui est appelé dans nos manuels scolaires, dans nos thèses universitaires, dans nos débats "présence ottomane en Algérie", était bel et bien "une colonisation".

Notre pays est passé d'une colonisation turco-ottomane à une autre, française. L'Algérie a vécu deux épreuves historiques consécutives : le mal de la colonisation orientale et celui de la colonisation occidentale. Notre peuple a goûté aux deux recettes ! Shawarma et Omelette !

« Théâtrale ! » A l’occasion de la création de Lady First de Sedef Ecer, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 29 Août 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

A l’occasion de la création de Lady First de Sedef Ecer, le 3 août 2016 au Théâtre du Peuple à Bussang, dans une mise en scène de Vincent Goethals

 

Lorsque l’on pénètre dans le théâtre des Pottecher, à Bussang, l’on est surpris par cette curieuse et puissante odeur de bois et d’humidité, de chalet ancien, dans ce village vosgien. Le spectateur prend place sur de longs bancs de bois, un peu comme ceux des églises paysannes anciennes. De grands lustres de fer forgé sont suspendus au plafond. On mange avant le spectacle sur la pelouse. Les habitués tiennent dans leurs bras des coussins qui rendront plus confortable la représentation. Un théâtre plus chaleureux, « pour l’humanité et pour l’art », un théâtre où tout au long de l’année se côtoient amateurs et professionnels.

Un bel endroit pour créer la pièce de Sedef Ecer. Le terme « création » prend ici tout son sens : la genèse du texte, sa première vérité scénique dans la connivence de l’auteure et du metteur en scène ont lieu là, à la lisière de la forêt.

Je ne suis pas islamophobe, je suis libre, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mercredi, 24 Août 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

Trêve. Le sujet est aujourd’hui une explication et un remerciement. D’abord il me faut expliquer pourquoi je choisis de me reposer. Et ma raison première est ma fatigue. Ecrire c’est s’exposer, comme a dit un collègue, mais c’est aussi s’user. Il y a en Algérie une passion qui use, tue parfois, fatigue ou pousse à l’exil immobile (rester chez soi, dans sa peau), ou à l’exil qui rame (partir ailleurs).

Nous sommes passionnés par le vide en nous, mais aussi par notre sort. Cela nous mène à des violences qui ont parfois l’apparence d’une folle affection ou d’une exécution sommaire par un peloton de désœuvrés. Ou à des procès permanents de « traîtrise » du bout des lèvres. Les verdicts des Algériens sur eux-mêmes ont la force des radicalités. Et, durant des années de métier, j’ai subi cette passion. J’ai fini par incarner, sans le vouloir, les contradictions de l’esprit algérien, ses affects, passions et aveuglements. Palestine, religion, femme, sexe, liberté, France, etc.

J’ai parlé, parce que libre, de ces sujets parce qu’ils m’interrogeaient et pesaient sur ma vie. Cela a provoqué des enthousiasmes et des détestations. Je l’ai accepté jusqu’au point de rupture ou l’on vous traite de harki et de vendu ou de sioniste.