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Chroniques régulières

Une étude noétique - à propos de Pascal et Rouault, de Bernard Grasset

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 03 Octobre 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

Pascal et Rouault, de Bernard Grasset, éd. Ovadia, mai 2016, 20 €

 

Avant d’en venir au propos que m’a inspiré le dernier livre de Bernard Grasset, je préciserai que ma connaissance de Pascal est sujette à beaucoup d’imperfections et de lacunes, car je n’ai pu lire l’ensemble des fragments des Pensées que de façon discontinue, ce qui fait que le principe profond de ce livre m’a parfois échappé. Pour ce qui concerne Georges Rouault, j’ai un meilleur point de vue car sa peinture fait partie de mon répertoire d’images. Il n’en va pas de même de sa poésie, dont j’ignorais l’existence. Je dis cela de manière à décrire mon chemin de lecture, même fautif.

Cependant, cette lecture de Bernard Grasset a été un moment important dans ma vie de lecteur, car j’ai reconnu dans les œuvres respectives du philosophe et du peintre une valeur transcendantale. En effet, pour le lecteur de la Bible, et particulièrement de la traduction dirigée par Lemaistre de Sacy, le contenu métaphysique des œuvres est très visible. Cela ouvre sur des questions d’une grande importance pour les créateurs. Et déceler ici ou là dans la peinture religieuse de Rouault, ou dans la pensée scientifique de Pascal, les traces de l’influence biblique, est de toute première importance.

Pourquoi Onfray est-il inéluctablement fasciste ?, par Léon-Marc Levy

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 29 Septembre 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED, Côté Philo

 

 

Revenir sur Onfray peut ressembler ici à une forme d’acharnement. Cependant, sa médiatisation outrancière, son évolution visible depuis quelques années et accélérée ces derniers mois, sa position d’imposture quand il prétend à la philosophie me semblent des raisons suffisantes pour souligner l’ornière conceptuelle dans laquelle ce bateleur des idées simples se meut.

Onfray est inéluctablement fasciste.

 

1) En raison d’une lecture de Nietzsche très mal digérée.

L’angoisse du mouton d’Ibrahim, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 27 Septembre 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

La mort d’un ami vous transforme en flaques neurasthéniques pendant des jours et des semaines. Tu sais, c’est presque pareil à chaque fois que je perds quelqu’un : je n’arrive pas à pardonner la mort à la mort. A côté de la vie, elle a cet air d’une honteuse insulte. Une petite traîtrise de marche manquante sur l’escalier de l’ascension. Elle n’a rien de la clôture d’un destin et tout d’un acte de pickpocket sournois. Ce que je déteste d’abord dans la mort, c’est qu’elle laisse cette chose derrière elle pour nous insulter tous : le cadavre. Qui n’est ni le corps de celui qu’on a perdu, ni la vie, ni la preuve de son trépas, ni son meilleur souvenir, ni la preuve de sa finitude. Tout juste un pourrissement. Et là, à chaque fois, je me dis que c’est vraiment une insulte : il n’y a rien de commun entre le feu instable et superbement inexplicable de la conscience de chacun et ce tas mou du cadavre, occasion des processions inutiles. Je me dis qu’il y a arnaque et que les hommes sont chacun si miraculeux qu’ils ne doivent pas mourir comme ça, en vrac, mollement, dans l’immobilité et la décomposition des liquides en débandade. Je me dis aussi que la mort devrait être plus noble dans son esthétique, qu’elle doit choisir ses poisons et ses épilogues. Un homme doit s’effacer comme une scène, s’éparpiller comme un livre, se voir offrir un escalier vers le ciel qu’il ira grimper avec des gestes d’au revoir, ou s’éteindre en s’évaporant comme une eau propre, mais pas s’affaler comme ça, pourrir, s’affaisser et finir en tas.

L’homme noir dans l’imaginaire musulman, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 20 Septembre 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Dans l’imaginaire musulman, le Noir est équivalent à l’esclave.

Les musulmans, à travers leur Histoire, étaient et ils le sont toujours, proie à la culture ségrégationniste et chauvine envers les Noirs ! Ce sentiment d’esclavagisme trouve ses racines chez les califes, les fkihs, les poètes et les petites gens… Cette culture est toujours vivante, transmise de génération en génération. Les chroniqueurs et les historiens musulmans, toutes sensibilités politiques ou religieuses confondues, ont rapporté des faits de califes et rois musulmans marqués par une conduite honteuse envers leurs sujets noirs africains. Cette gent humaine se vendait et s’achetait comme du bétail partout dans la terre d’islam (je n’évoque pas ici l’Histoire occidentale ou chrétienne, c’est une autre histoire envers la traite noire).

Dans la langue arabe, on trouve un riche lexique qui désigne les différentes catégories d’esclaves noirs : abd, mamlouk, khadim, ama, jariya, raqiq, ghoulam, zinj… Cette culture trouve sa place dans l’imaginaire populaire comme dans les réflexions d’élites musulmanes.

Dissoudre la femme : l’entreprise morbide du contre-nu, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Jeudi, 15 Septembre 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Techniques du contre-nu. L’armée islamique de l’Irak et du Sham est objet de fascination. Comme le retour d’un vieux dieu sanguinaire, dans le sang des hommes. Daech tue, détruit, efface, nivelle et apporte le désert partout, avec la harangue et la mort. Dans le dos du monde « arabe » qui regarde la Palestine qui regarde les morts qui regardent, à leur tour, les vivants. Daech poursuit, délivre ses premiers passeports, organise des mariages collectifs ou des lapidations de femmes, invite à des jeux, coupe des têtes et des mains et édite des modes. Ainsi, sa dernière directive céleste : l’habit de la femme. Bien sûr. Car le corps de cette malheureuse est source du Mal, du vide, du néant. Comment réussir le contre-nu parfait ? Comment effacer la femme, ses traces, contours, voix, rires, courbes, ombres, yeux et prénoms ? Etrange courant de fond : il va de la Turquie où un ministre aux yeux perfides a déclaré que le rire des femmes est indécent, à Daech qui vient de publier son Daech-fashion : la femme doit porter une robe ample, noire, qui ne laisse pas deviner, en dessous, ni le corps, ni la courbe, ni les autres vêtements. Cette robe doit être sombre, volante pour mieux effacer la femme, de couleur noire donc, invisible ou seulement comme une tache. La femme doit aussi cacher sa bouche, son menton, ses lèvres et même ses yeux. Elle ne peut rire, ni sortir dans la rue sans un accompagnateur parent ou époux.