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Chroniques régulières

Le roman battra-t-il le livre religieux ?

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 24 Octobre 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

Souffles... (In "Liberté")

 

Pourquoi est-ce que le lecteur algérien se réconcilie, de plus en plus, avec le roman ? Un nouveau vent souffle dans le ciel des amies et des amis des lettres.

Appuyé sur les restes de quelques traditions de la classe moyenne, le roman algérien en langue française a un certain lectorat. Ainsi, dans le milieu de ce groupe socioculturel, même modeste, le roman constitue une sorte d’attente littéraire, une curiosité intellectuelle. Mais ce qui est nouveau et remarquable, ces derniers temps, c’est ce bon accueil réservé au roman algérien de langue arabe. Cette lecture arabophone montante d’un côté, s’est vue suivie d’une chute de la lecture du livre religieux propagandiste de l’autre côté. Sociologiquement parlant ce comportement livresque est un phénomène historique. La vérité est dans le roman. La vérité littéraire est philosophique, si vérité y existe. Si la vérité mensongère du roman est libératrice pour l’imaginaire, la vérité historique est proportionnelle et moralisante. Parce que le livre historique proposé à nos lecteurs, dans nos écoles et dans nos universités, n’est que le miroir renvoyant l’image de l’idéologie dominante du système depuis cinquante ans, les Algériens se libèrent dans le roman. Se réfugient, de plus en plus, dans le bon roman.

La Mère Michel a lu (12) - L'an dernier à Jérusalem de Myriam Sâr

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 11 Octobre 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

 

« La Mère Michel n’a jamais perdu son chat. Elle le tient attaché, ne le lâche pas de l’œil. Le félin est un livre, il n’a pas d’âge. D’hier, d’aujourd’hui, de toujours, il miaule derrière la porte ».

 

L’An dernier à Jérusalem

par Myriam Sâr / Sarah Vajda

160 pages

Prix : 16 €

Le Nobel et le scribouillard

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Octobre 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Il arrive que l’Académie suédoise ait de très belles idées. Il y a quelques années elle nobélisa Mario Vargas-Llosa.

Jamais aucun prix littéraire ne m’aura fait bondir de joie comme celui attribué à Mario Vargas-Llosa. A la fois parce qu’il est dans le cercle très fermé de mes écrivains préférés depuis une quarantaine d’années et que je considère « Tante Julia et le scribouillard » comme un des plus grands livres jamais écrits dans l’histoire de la littérature. Et je ne suis pas loin d’en penser autant de « La ville et les chiens », de « la Guerre de la fin du monde » et de « Qui a tué Palomino Molero ? ».

Ma première rencontre avec Le grand Vargas-Llosa est attachée à jamais à un souvenir personnel profond : un ami, professeur d’espagnol dans le même lycée que moi du temps qui me semble déjà lointain où j’enseignais les Lettres, un grand oiseau au grand cœur qui s’appelait Francis (adiós Francis, descansa en el cielo) et qui dévorait la littérature hispanique m’a dit un jour : « Comment peux-tu porter aux nues le « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez (qui était alors LE livre !) alors que je parie que tu n’as même pas encore lu un Vargas-Llosa ? » Et c’était vrai, je n’avais jamais entendu même ce nom. Alors Francis m’a passé « La Ville et les chiens » et le virus s’est installé en moi, pour toujours.

Carnets d'un fou - XVII, Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 11 Septembre 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Le 8 septembre 2012


Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité.


« Examinez les esprits qui réussissent à nous intriguer : loin de faire la part des choses, ils défendent des positions insoutenables. S’ils sont vivants, c’est grâce à leur côté borné, à la passion de leurs sophismes : les concessions qu’ils ont faites à la « raison » nous déçoivent et nous agacent. La sagesse est néfaste au génie ; mortelle au talent ».

E.M.Cioran

Dérives sur un bien vacant

Ecrit par Kamel Daoud , le Dimanche, 29 Juillet 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

« Cher Antoine. Ou Claude. Ou Alex. Nicolas. Ou Astérix. Ou De Gaulle. J’ai longtemps hésité à t’écrire et cette longue lettre traîne depuis des années dans ma tête comme un cerf-volant épuisé et rabattu entre les parenthèses de deux vents. Comme ces écrivains scrupuleux et obsédés par l’exactitude qui naissent dans ton pays pour en inventorier les nuances, j’en écris souvent des feuillets entiers, virtuellement, avant de les froisser et de continuer ma vie, sans songer à Toi. D’abord, parce que je répugnais à l’effort et ensuite, parce que j’ai lentement compris que cet effort n’était pas une fainéantise qui devait me culpabiliser, mais une raison tout à fait objective : certes nous parlons tous deux le français, mais nous ne partageons pas la même langue. Ou peut-être que nous la partageons, mais pas équitablement : A toi, on t’a donné la langue, la terre qui va avec, une bonne partie de l’Histoire et beaucoup de livres pour le prouver.

A moi, il est échu une langue ni morte ni vivante, ravagée par des trous insonores, des approximations, des particularismes insulaires et une grande dose de solitude due au piège de l’Histoire dont vous avez pris les archives en nous laissant les cimetières.