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Chroniques régulières

Le traître de sa mère !

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 14 Mai 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

Mais par un jour, j’ai constaté que la langue de Yemma n’est pas tout le ciel d’Allah ! Le transistor radio allumé, diffusant le journal d’informations et autres choses obscures ! j’écoutais, et je ne comprenais rien ! Mon frère aîné, le nez dans un livre, m’a poussé vers une autre envie d’évasion. Jeté dans une école, j’ai appris une autre chose. Une autre langue, que ma mère ne comprenait point ! Ne déchiffrait rien. Dans mes cahiers, mes livres, je me sens tout seul ! Sans ma mère ! Je commence une évasion dont ma mère n’est pas l’actrice, ni l’observatrice, ni la contrôleuse ! Malika, elle aussi s’éloigne !

J’avance d’un pas dans la langue des cahiers, la langue arabe classique, pour reculer de deux dans la langue de ma mère. Je perds l’écoute ! Je perds le conte ! Je perds ma mère ! Je perds Malika ! Je lisais les livres dans une langue étrange pour moi et étrangère à ma mère !

La route des épices :

Puis, un jour, un autre jour, le nez dans les Mouallakat (la poésie antéislamique) ou diwan El-Mutanabbi, mon père pointa à ma tête, sur un ton impérial, m’adressa l’expression suivante : arrête cet arabe. Il ne te servira à rien.

Les Ailes du Désir de Wim Wenders

Ecrit par Sophie Galabru , le Mardi, 07 Mai 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED, Côté écrans

 

Les Ailes du Désir, film de Wim Wenders sorti en 1987 est comme le conte de l'humanité de son enfance à sa vieillesse, de sa naissance à sa mort. Le monde des hommes y apparaît sous la forme d'un grand recueil polyphonique de pensées, perçues et recueillies par  l'oeil attentif de deux anges, Damiel et Cassiel. Ces anges écoutent ou plutôt sont les témoins des pensées secrètes, intérieures des hommes qui passent. Mais cette humanité, sous l'oeil de Wender n'est que juxtaposition de solitudes. Le monde résonne comme une grande interférence, une cacophonie des monologues. Vision étrange et étrangement réaliste du monde. Choisir Berlin n'est pas un hasard. C'est Berlin avant la chute de son mur, Berlin mélancolique et dévastée, Berlin qui sort tout juste de la guerre et du nazisme. Si le nazisme était haine de l'autre homme, on voit ici que Berlin, en négatif de son passé,  est le creuset de l'humanité.

 

Une vieille. Un enfant. Un fils qui pense à sa mère décédée. Une femme qui emménage. Un homme quitté. Derrières la multitude de pensées, et d'individus que nous croisons, Wenders réussit à donner une sorte de cohérence. A travers les infinis singuliers, se dessine l'universel humain, comme on l'entend dans le poème composé par P.Handke.

Hemingway à Taourirt Mimoun

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 22 Avril 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

In "Souffles"

 

Je l’ai vu, l’écrivain. De mes propres yeux, je l’ai vu, l’écrivain du siècle ! Ce que je vous raconte ne relève pas de l’imagination, ni d’hallucination ! Cette semaine, de vrai, au village Taourirt Mimoun, j’ai vu Ernest Hemingway ! Je ne suis pas frappé par un Djinn, ni hanté par le diable. Et je suis sûr et certain que cet écrivain est né le 21 juillet 1899 à Oak Park dans l’Illinois aux Etats-Unis et mort le 2 juillet 1961 à Ketchum (Idaho). Mais moi, je l’ai vu, ces jours-ci, d’abord à Béjaïa, comme partir sur les traces d’Ibn Khaldun. Puis Hemingway soudain a pris « la route des olives » vers la grande Kabylie. Dans les pays des Berbères, il n’y a ni petite ni grande ! Ils ont tous la même taille, celle de l’olivier ou celle de la liberté, c’est kifkif !

Carnets d'un fou - XXI par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 11 Avril 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

 

Le 4 avril 2013

 

Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité

 

« Il faut se hâter de rire avant d’être heureux sans quoi nous risquerions de mourir sans avoir ri ».

L.-F. Céline, Lettres, à Simone Saintu, le 7 juillet [1916]

Nos écrivains ont peur d'écrire leurs autobiographies

Ecrit par Amin Zaoui , le Jeudi, 07 Mars 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Souffles

 

Pourquoi est-ce que les écrivains algériens, maghrébins et arabes n’ont pas le courage d’écrire leurs autobiographies ? Pourquoi n’osent-ils pas écrire leurs miroirs ? N’osent-ils pas se regarder en face, fouiller dans la mémoire sans la trahir ? Ecrire son autobiographie, une autobiographie digne de cette appellation, exige un risque intellectuel et culturel exceptionnel.

Dans notre culture marquée par le poids du communautaire où l’auto, le moi, le un, l’individu ou l’individuel est banni ou mal-vu, l’écriture de l’autobiographie devient un défi ! Une provocation ! Y-a-t-il parmi ceux qui se prétendent écrivains et producteurs de sens et de la beauté quelqu’un qui a osé commettre un livre à l’image des confessions de Jean-Jacques Rousseau ? Pourquoi est-ce que les maîtres de la littérature maghrébine et arabe n’ont pas écrit leurs autobiographies ? Ni Moufdi Zakariya, ni Mohamed Dib, ni Kateb Yacine, ni Malek Haddad, ni Abdelhamid Benhadouga, ni Mouloud Mammeri, ni Mouloud Feraoun… aucun d’eux ne s’est aventuré dans les chemins labyrinthiques de son autobiographie.