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Chroniques régulières

La mère Michel a lu (16) - Robert Walser, Lettres de 1897 à 1949

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 08 Juillet 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

La Mère Michel n’a jamais perdu son chat. Elle le tient attaché, ne le lâche pas de l’œil. Le félin est un livre, il n’a pas d’âge. D’hier, d’aujourd’hui, de toujours, il miaule derrière la porte.

 

Robert Walser, Lettres de 1897 à 1949

Choix et présentation par Marion Graf et Peter Utz. Précédé de « Robert Walser et sa fringale épistolaire » de Peter Utz, Éditions Zoé, 11 rue des Moraines, CH-1227, Carouge-Genève, 2012, Couverture Silvia Francia, 465 pp. (prix non indiqué / cf. www.editionszoe.ch)

 

Le poète en personne

 

« Écrire des lettres au monde entier. Au monde entier ! »

Robert Walser, à Flora Ackeret.

Ekphrasis 5 - Collection of poems

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 06 Juillet 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

En lisant Petites fadaises à la fenêtre, Hervé Bougel, 2004, La Chambre d’échos

 

Le 21 juin 2013, je reçois dans la caisse en bois qui me sert de boîte aux lettres une grande enveloppe au dos cartonné, dans laquelle se trouve une enveloppe plus petite en papier kraft sans aucune annotation. Un petit livre blanc, mince.

Petites fadaises à la fenêtre

Keepsake sans gravures, journal poétique. Un recueil pour se recueillir en silence, tout dedans.

Fadaises : « Cet auteur a rempli son livre de mille fadaises » Furetière.

Il avait dans son carnet préparatoire écrit « observations ». Biffure noire. Fadaises des vies quotidiennes. Joli mot méchant et modeste.

Derrida, El Maâri, Baudelaire, Abou Nouas et les autres

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 24 Juin 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

In "Souffles" (Liberté)

 

Pourquoi la modernité dans la littérature arabe a-t-elle échoué ou tardé ? Pourquoi, après presque un siècle depuis la publication du roman autobiographique Les Jours de Taha Hussein – ce roman a été publié en 1929 traduit en français et préfacé par André Gide –, le courage littéraire a-t-il régressé dans le monde littéraire arabe ? La bonne littérature a reculé ? La raison s’est éclipsée ? La critique s’est marginalisée ? On va droit, de plus en plus, dans le mur, vers l’abîme ou dans l’obscurité. Les intellectuels arabes ont raté leur rendez-vous avec la modernité, tout simplement, parce qu’ils ont coupé, d’un côté, avec leur patrimoine osé et rationnel, et de l’autre côté, faute de la traduction, avec les richesses de la pensée humaine. Les écrivains arabes, à l’image du lecteur arabe, même quand ils sont occupés par la littérature universelle se trouveront face à des écrits faussement traduits.

Partagez la littérature, le sel et l'eau

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 11 Juin 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

"Souffles" (in Liberté, Alger)

 

Nous sommes le peuple du partage. Le partage est l’essence, et le sens de la vie. On se partage le pays, son soleil, ses langues et son histoire. Du moins ce qu’il devrait être, ce qu’il fallait être ! Pour vivre ensemble, mais en différence, en multiplicité, en pluralité et en diversité, il faut que le partage soit une culture et un comportement. Afin que le partage prenne son goût, il faut accepter l’autre. S’accepter en présence de l’autre. On partage les souffles du corps, son feu et sa cendre, avec celle qu’on aime, afin de voir la vie autrement, belle et élevée. Les jours coulent dans le miel et dans la flamme. On partage le bonheur, même si le bonheur n’est qu’illusion, avec ceux frappés par le malheur. On partage le malheur, même si le malheur est une réalité, afin de vérifier la patience des autres, et la nôtre aussi. On partage le plaisir d’écrire avec le lecteur, afin de déguster la magie du mot et le spiritisme du verbe. Sans le partage, il n’existera ni l’envie de l’écriture, ni celle de la lecture.

De la métaphysique pour reposer du politique

Ecrit par Kamel Daoud , le Vendredi, 17 Mai 2013. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

… Ce qui me bouleverse ce n’est pas ma mort : elle est mienne. Ce qui me chavire, me donne le vertige, me remplit d’extase et abîme ma pensée c’est ma naissance. Ma venue au monde. Comment cet immense vide qui me précède a fini par se concentrer dans l’infinie probabilité du hasard et l’extrême précision de la nécessité, pour m’engendrer moi, mes pensées, mon identité ? Qu’est-ce qui a obligé le vide à se remplir par ma présence. En quoi suis-je une nécessité et comment un être que rien n’attend finit par venir au monde comme une personne que rien ne remplace ?

Ce n’est pas ma tombe qui me fascine, mais le vide auquel je m’adosse. Le grand cosmos qui précède mon prénom est plus inquiétant et plus inexplicable que la pierre tombale qui va seulement essayer d’un peu me retenir.

Ce n’est pas la disparition qui est un drame, mais la naissance. Que je retourne au vide n’est que pente naturelle, mais que je remplace le vide par ma personne voilà le grand mystère, la formidable inquiétude qui devrait tous nous faire tourner la tête vers les commencements et occuper notre réflexion.